Interpellation concernant l’implication de la STIB dans l’acheminement des supporters qui assistent aux rencontres de football en Région de Bruxelles-Capitale.

INTERPELLATION DE M. GAËTAN VAN GOIDSENHOVEN À MME BRIGITTE GROUWELS, MINISTRE DU GOUVERNEMENT DE LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE, CHARGÉE DES TRAVAUX PUBLICS ET DES TRANSPORTS,

concernant « l’implication de la STIB dans l’acheminement des supporters qui assistent aux rencontres de football en Région de Bruxelles-Capitale ».

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Mme la ministre, je souhaite vous interpeller à propos des politiques du gouvernement et de la STIB en matière de transport des spectateurs des rencontres de football. Vous le savez, notre Région a la chance de pouvoir compter, sur son territoire, le stade qui accueille toutes les rencontres de l’équipe nationale de football, mais aussi divers clubs qui drainent un public parfois nombreux. L’un de ces stades, que je connais bien, accueille d’ailleurs le club phare de notre championnat national et plus de 20.000 personnes lors de toutes ses rencontres.

Selon mon analyse, la présence de ces stades en milieu fortement urbanisé implique qu’il est opportun de favoriser au maximum les déplacements des supporters autrement qu’en voitures particulières. J’ai le sentiment que l’immense majorité des supporters essaient de rejoindre ces stades avec leur voiture particulière. Ils envahissent alors les quartiers environnants. Ce phénomène engendre d’importantes nuisances pour les riverains, vu le déséquilibre entre l’offre de stationnement et les voitures présentes lors des matches.

Pour tenter de remédier à ces problèmes, les communes mettent parfois en œuvre un plan de stationnement visant à privilégier les riverains. Cependant, en écho à ces règles particulières de stationnement, on constate alors un report des problèmes vers d’autres quartiers un peu plus éloignés des stades. En clair, on ne résout nullement les problèmes dans leur globalité.

Dès lors une gestion optimale des flux de supporters passe, selon moi, par une collaboration très active avec les sociétés de transport en commun, dont la STIB évidemment. Celle-ci est-elle partenaire du football ? En effet, depuis plusieurs années, on évoque régulièrement l’émergence de tels partenariats entre les clubs et la STIB. L’heure me semble largement venue de faire le point avec vous en particulier au sujet des réalisations concrètes.

Je souhaite avant tout vous entendre à propos des éventuels projets très concrets menés par la STIB lors de ces rencontres de football. Quels sont-ils ? Quels stades sont concernés ? Je songe en priorité à ceux qui accueillent des équipes de football évoluant dans des divisions supérieures. Partant de la mise en œuvre de ces projets très concrets, pourriez-vous nous faire connaître la mesure de leur impact sur la pression automobile dans les quartiers jouxtant les stades ?

Concernant les questions en lien avec la sécurité, inhérentes aux déplacements de nombreux supporters lors des matchs, il m’est régulièrement revenu que la STIB n’était pas très enthousiaste à l’idée de nouer des collaborations avec les dirigeants des équipes de football, notamment par crainte de dégradations du matériel par les supporters. La société De Lijn semble bien plus ouverte sur le sujet.

Toujours à propos de la sécurité, le transport de supporters de football, dont l’acheminement peut être séparé en s’inspirant des dispositions de la loi sur le football, engendre-t-il réellement des dégâts aux rames de métro, aux bus ou aux trams ? Quelle est votre opinion sur la question ? La STIB doit-elle tout entreprendre ou non pour participer au désengorgement des quartiers concernés par la présence d’un stade de football ?

Pour illustrer le manque de volonté de transporter les supporters, il m’est également revenu que la STIB demanderait aux supporters et aux clubs une participation financière jugée faramineuse. Qu’en est-il réellement ?

À titre d’exemple, l’Union royale belge des sociétés de football association (URBSFA) doit-elle intervenir financièrement lorsqu’elle organise un match des Diables Rouges et que les rames sont renforcées sur les lignes qui desservent le stade Roi Baudouin ?

Existe-t-il des conventions qui lient la STIB, la Région et les gestionnaires des clubs ? Si oui, qu’en est-il plus particulièrement des incidences financières.

Pour conclure, je formule le souhait que le gouvernement se saisisse sans délai de cet important dossier. Lorsqu’on analyse la mobilité dans divers stades européens, on constate avant tout combien les sociétés de transports en commun sont mobilisées pour acheminer les supporters entre les parkings de dissuasion, parfois situés assez loin, et les stades. Ceci participe à mieux intégrer ces stades dans leur environnement immédiat, à la plus grande satisfaction des habitants mais également celle des supporters.

Je souhaite qu’au travers de vos réponses, vous puissiez clairement m’affirmer que vous vous inscrivez dans cette dynamique de collaboration et que vous confirmiez que les supporters de football sont les bienvenus sur les lignes de la STIB.

Mme Brigitte Grouwels, ministre.– La problématique de mobilité d’infrastructures relative aux stades Roi Baudouin et Constant Vandenstock relève de l’article 14 du contrat de gestion actuel conclu entre la STIB et la Région de Bruxelles-Capitale.

Il y est convenu que :

– la STIB agisse de façon pro-active à l’encontre des organisateurs de grands événements ;

– la STIB aide ces organisateurs dans l’élaboration de leurs plans de déplacement ;

– la STIB évalue les coûts de renfort d’offre nécessaire ainsi que les recettes que l’événement générera.

En cas de balance négative entre les coûts et les recettes, la STIB négocie un accord commercial avec les organisateurs de l’événement payant afin d’obtenir une prise en charge, par ces derniers, du coût généré.

Des discussions sont en cours avec le sporting club d’Anderlecht pour le stade Constant Vandenstock et avec l’Union belge de football, Live Nation et Golazo pour le stade Roi Baudouin. À l’heure actuelle, aucune convention n’a pu être finalisée même si chaque interlocuteur s’est vu remettre une proposition de partenariat concrète par la STIB en vue de mettre en place une offre gagnant-gagnant, qui permet à ces derniers de prendre en charge les surcoûts générés par leur événement tout en leur apportant un bénéfice en termes de valeur ajoutée (inclusion de la mobilité dans le ticketing) ou d’image (communication).

La STIB a donc fait une proposition à ces clubs mais, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de réponse. Il faut être deux pour conclure un accord.

Les plans de déplacements et les dispositifs mis sur pied varient considérablement, non pas en fonction du lieu, mais bien en fonction de la typologie de l’événement qui s’y déroule :

– concentration des arrivées et des départs ;

– heure de fin (week-end, soirée, hors des plages d’exploitation) ;

– socio-démographie et part modale. Certains publics sont de plus gros utilisateurs des services par rapport à d’autres (âge, origine, état civil…) ;

– comportement: un public familial ne nécessite pas le même type d’accompagnement que celui exigé pour un public de supporters par exemple.

Dans le cas spécifique des matchs de football, le fait qu’il faille tenir compte à chaque fois de deux publics à cloisonner implique des dispositifs de mobilité encore plus spécifiques et une collaboration en temps réel avec les forces de l’ordre qui peuvent aboutir à une perte de recettes pour la STIB.

Le volet sécuritaire est sans doute un des plus importants lorsqu’il s’agit de définir le dispositif à mettre en place. En effet, les flux de visiteurs pris en charge par la police lorsqu’ils sont en surface, doivent être pris en charge par les équipes de la STIB dès que ceux-ci arrivent dans ses installations.

Les risques sont réels et nécessitent, outre une coordination plus qu’étroite entre les équipes de la STIB et celles de la police, que du personnel soit posté tout le long du parcours des visiteurs dans les installations afin de prévenir tout risque et d’intervenir en cas de problème.

Les problèmes peuvent être de différentes natures : altercations entre personnes, risques de compression, de chute, ou de dégradation des infrastructures…

Les coûts des événements footballistiques sont non négligeables. Les exploitants du RSCA se sont vu communiquer une offre permettant de couvrir les coûts tout en offrant la mobilité aux supporters du Sporting, à concurrence d’un maximum de 7.000 personnes par match à 600.000 euros par an.

Une telle offre représente un coût de 1,13 euro par spectateur par match et permet à l’organisateur de mettre en place une véritable solution de mobilité au service de ses clients, mais aussi au service de l’environnement urbain dans lequel il évolue.

Aujourd’hui, lors d’événements footballistiques, les coûts occasionnés par les renforts et l’encadrement de ces événements sont pris en charge par la STIB, faute d’accord avec les interlocuteurs. Ces coûts sont loin d’être couverts par des recettes additionnelles. En conclusion, il existe une réelle volonté au sein de la STIB de veiller à la mobilité et la sécurité des participants, en collaboration avec les organisateurs des événements sportifs.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- La réponse de la ministre ne me rassure pas. Cela fait trois ans que la perspective d’un accord s’éloigne peu à peu. Pourtant, nous avons rencontré des représentants de la STIB qui semblaient y être favorables, avant de changer d’avis. Pour d’autres manifestations, les accords sont plus faciles à dégager.

Je constate une réelle frilosité en termes d’accueil des supporters. Or, il pose un réel problème. J’entends la fierté de certains d’accueillir de grands événements et de grandes équipes sur notre territoire, mais faute de solution, nous devrons peut-être y renoncer. La Région ne cesse de répéter qu’elle veut soutenir le football sur son territoire mais, en l’espèce, elle fait preuve d’un réel attentisme. L’acheminement des supporters est fondamental tant pour les équipes que pour les riverains des stades.

Il ressort de tous mes contacts que rien n’est fait pour dégager une solution, qu’un blocage a été décrété. Au titre de ministre d’un gouvernement qui a exprimé toute sa sympathie, l’année passée encore, pour le club que vous avez évoqué, il serait bon que vous sortiez d’un jeu contre-productif qui ne permet pas aux communes de faire leur travail, ni aux supporters d’utiliser une solution alternative, ni d’améliorer la mobilité dans notre Région.

Il serait bon que vous vous saisissiez de ce dossier. Des réponses diplomatiques, voire hypocrites, ont débouché sur un blocage complet. Cela remet en question la tenue de grands événements sportifs en Région bruxelloise. Il ne faudra pas s’étonner de leur disparition. Votre réponse n’augure rien de bon.

Mme Brigitte Grouwels, ministre.- Je suis moins pessimiste que M. Van Goidsenhoven. Je constate que la STIB conclut bel et bien des accords avec d’autres organisateurs d’événements importants, avec des salles culturelles, etc. Dans le cas du stade d’Anderlecht, il serait peut-être utile que la commune nous apporte son soutien face à une attitude du club anderlechtois pas toujours positive lors des négociations.

C’est facile de laisser reposer sur la STIB toutes les charges supplémentaires. Il faut pourtant se réjouir que des supporters empruntent les transports publics pour aller au stade. Une meilleure organisation ne peut être que positive pour les riverains du stade d’Anderlecht. Puisque c’est aussi le souhait de la commune, nous devrions collaborer dans ce dossier.

 

Pour retrouver l’intégralité des discussions, veuillez cliquer ici.
CRI COM (2012-2013) n° 52, Février 2013, pp. 48-54