Interpellation concernant l’augmentation de la fréquentation en 2012 des usagers sur le réseau de la STIB.

INTERPELLATION DE M. GAËTAN VAN GOIDSENHOVEN À MME BRIGITTE GROUWELS, MINISTRE DU GOUVERNEMENT DE LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE, CHARGÉE DES TRAVAUX PUBLICS ET DES TRANSPORTS,

concernant « l’augmentation de la fréquentation en 2012 des usagers sur le réseau de la STIB ».

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- L’année 2012 s’est révélée être un bon cru pour la STIB en ce qui concerne la fréquentation sur le réseau, lequel a enregistré un accroissement du nombre de déplacements de 5,76% par rapport à l’année 2011. On enregistre ainsi 348,8 millions de voyages en 2012, ce qui permet d’entrevoir une fréquentation en 2016 de l’ordre de 400 millions de déplacements.

Cette belle progression du nombre de déplacements sur le réseau de la STIB ne peut laisser indifférent, car il faut pouvoir faire face à cet accroissement de la demande et donc adapter l’offre en conséquence.

La première question qui se pose est celle des moyens à mettre en œuvre à brève échéance afin de rencontrer la demande. Dans quelle mesure le réseau actuel peut-il faire face à cette demande en progression ? Comment expliquer la hausse de fréquentation de 5,76% en 2012 par rapport à 2011, alors que le réseau n’a guère connu d’extension ni de création de lignes ?

Nous sommes impatients de prendre connaissance du futur contrat de gestion qui a pris plus d’un an de retard, pour découvrir les propositions concrètes pour mieux rencontrer la demande dans les prochaines années.

Nous aimerions savoir comment s’est répartie cette augmentation de fréquentation sur le réseau de la STIB en 2012. Les récentes extensions – fort symboliques par ailleurs – de lignes de trams remontent à mars 2011 pour la ligne 94, et à fin août 2011 pour la ligne 62. Ce ne sont certes pas ces deux mini-tronçons qui ont contribué à l’augmentation de la fréquentation enregistrée en 2012.

On relève qu’en certains points du réseau, notamment entre la place Rogier et le quartier du Midi, les trams sont souvent plus que bondés. Les usagers doivent dès lors laisser passer un ou deux trams avant de pouvoir trouver une place.

Comme l’année 2012 n’a vu aucune création ni extension de ligne, on peut en déduire que le taux d’occupation moyen des véhicules a augmenté. Quels sont les constats de la STIB à cet égard ? La STIB envisage-t-elle de mettre davantage de véhicules en circulation sur les lignes les plus fréquentées ? Dans quelle mesure n’est-il pas nécessaire de rétablir certaines liaisons ou d’envisager de nouvelles connexions sur un réseau qui affiche une saturation en certains points ?

Ces chiffres et les projections qui sont faites pour 2016 appellent des actions rapides tant à court qu’à moyen terme. On est surpris de ne pas avoir de signaux clairs d’une prise de conscience de la nécessité de mesures concrètes.

Pourquoi la décision relative au métro sur l’axe nord-midi traîne-t-elle ? Quelles sont les mesures concrètes d’abandon de certaines ruptures de charge, d’extension de lignes existantes prévues pour répondre de façon efficace aux attentes d’une clientèle de plus en plus importante et confrontée chaque jour davantage à une absence de confort ?

L’augmentation de fréquentation observée en 2012 sur le réseau de la STIB se répartit-elle de façon homogène sur l’ensemble du réseau ? Dans la négative, quels sont les axes qui ont connu le taux d’accroissement le plus élevé ?

Faut-il déduire de l’accroissement de fréquentation que le taux d’occupation a augmenté dans les véhicules et n’arrive-t-on pas, dans certains, cas à une saturation entraînant inévitablement des arrêts prolongés et donc une diminution de la vitesse commerciale ?

Ne conviendrait-il pas enfin de repenser certaines lignes du réseau afin d’étoffer une offre plus que jamais nécessaire ? 

[Intervention de Mme Céline Delforge]

[Intervention de M. Emir Kir]

Mme Brigitte Grouwels, ministre.- En 2012, les chiffres de fréquentation du réseau de la STIB ont effectivement progressé de 5,76%, ce qui représente 19 millions de voyages supplémentaires par rapport à 2011. Ce résultat confirme la tendance à la hausse que l’on observe depuis 1999. Au cours des dix dernières années, la STIB a en effet enregistré une augmentation de 70% du nombre de voyages.

Le succès remporté par les transports publics à Bruxelles s’explique par de multiples facteurs. L’explosion de la fréquentation est due en partie aux efforts importants que la STIB a fournis afin d’offrir à ses voyageurs un transport public moderne et confortable : achat de nouveaux véhicules, augmentation des fréquences, extension du réseau, amélioration des correspondances et de l’information en temps réel, pour ne citer que quelques exemples.

Des facteurs externes à l’entreprise comme l’augmentation de la congestion automobile, la hausse des prix du carburant, la croissance démographique et la crise économique ont également joué un rôle. Enfin, de plus en plus de Bruxellois sont conscients de l’impact environnemental majeur du transport public à Bruxelles.

Mme Delforge, je ne sais pas si ce sont les cyclistes qui ont délaissé leur bicyclette ou les automobilistes, leur voiture. Il n’y a pas encore eu d’enquête à ce sujet.

M. Van Goidsenhoven mentionne des prévisions de fréquentation de l’ordre de 400 millions en 2016. J’ajoute que nous devrions même atteindre 550 millions de voyages en 2025. Il est clair qu’une telle hausse de fréquentation nécessite d’intensifier les efforts d’investissements.

C’est pourquoi, outre les efforts réguliers d’amélioration de l’offre qu’elle consent, la STIB développe des projets de grande envergure comme l’automatisation des lignes 1 et 5 du métro.

J’en viens aux questions précises de M. Van Goidsenhoven. Il est vrai que l’actuelle augmentation de la fréquentation ne se répartit pas de manière égale sur l’ensemble des lignes du réseau, en raison, notamment, de la densité démographique des différents quartiers de la capitale, d’une part, et des effets de l’amélioration de l’offre sur certaines lignes, de l’autre.

C’est précisément à la suite des améliorations de l’offre sur la branche Stockel de la ligne 1 du métro et sur les lignes de tram 7 et 25 de la Grande ceinture que ces axes du réseau ont vu leur fréquentation fortement augmenter.

Pour rappel, la nouvelle ligne 7, née en 2011 de la fusion des lignes 23 et 24, relie Vanderkindere au Heysel, complètement en site protégé de la circulation automobile. Elle est, par ailleurs, exploitée exclusivement grâce à des T4000, trams de très grande capacité. La ligne 7 porte désormais le label « Chrono » qui désigne les lignes rapides, régulières, ponctuelles et confortables.

En outre, la généralisation progressive des T3000 sur la ligne 25 a également permis d’augmenter la capacité des véhicules sur la Grande ceinture.

Quant au réseau de métro, la mesure phare de 2012 reste sans conteste l’amélioration des fréquences sur l’axe est-ouest, avec un métro toutes les 2 minutes 30 en heure de pointe sur le tronc commun des lignes 1 (Stockel-Gare de l’Ouest) et 5 (Herrmann-Debroux-Érasme).

Pour répondre à la forte demande de fréquentation sur l’axe est-ouest du métro, la STIB prévoit, dans les années à venir, d’automatiser les lignes 1 et 5. Elle entend également poursuivre le renforcement des fréquences de passage et des capacités unitaires sur l’axe de tram de la Grande ceinture.

La ligne desservant l’aéroport (ligne 12) a également connu une augmentation de fréquentation supérieure à la moyenne du réseau, ce qui peut notamment être mis en relation avec l’augmentation du tarif de la SNCB sur la desserte entre Bruxelles et l’aéroport. Cette augmentation est due à la soi-disant « redevance Diabolo ».

En 2012, la STIB a poursuivi ses efforts d’augmentation de la capacité de son réseau, notamment grâce à la mise en service de trams de nouvelle génération à grande capacité (180 à 250 places), en remplacement d’anciens modèles plus petits. Cette modernisation de la flotte se poursuivra en 2013 et en 2014.

Le 18 février dernier, la STIB a également augmenté les fréquences de passage sur une trentaine de lignes du réseau de surface, essentiellement durant les heures creuses et le samedi après-midi, en raison de la pleine utilisation du parc durant les heures de pointe.

Les heures de pointe du matin et du soir ont également été prolongées sur plusieurs lignes. Ces mesures contribuent à accroître la capacité globale du réseau.

Néanmoins, vous avez raison de souligner que la croissance de la fréquentation est, en de nombreux endroits, supérieure à celle de l’offre de transport et que, dès lors, le taux d’occupation moyen augmente sur un certain nombre de lignes, avec tout ce que cela implique comme désagréments (saturation, inconfort pour les voyageurs et accroissement du temps d’immobilisation aux arrêts).

C’est pourquoi la STIB va bientôt procéder à une nouvelle augmentation de la flotte de bus, qui lui permettra de mettre davantage de bus articulés en service.

Consciente des enjeux démographiques et urbanistiques, la STIB envisage également de revoir l’organisation du réseau de bus dans les années à venir, afin de répondre au mieux à ces défis.

Par ailleurs, la STIB élabore actuellement plusieurs autres projets d’envergure, dont plusieurs extensions du réseau de tram (comme la ligne de tram 9 ou la tramification de la ligne d’autobus 71), l’automatisation de l’axe est-ouest du métro et le prolongement de l’axe nord-sud (mise en œuvre du métro vers Schaerbeek).

Ces projets de grande amplitude ont pour buts d’augmenter l’offre et de la rendre plus confortable pour les usagers.

Mme Delforge a abordé la problématique des chauffeurs qui n’arrivent pas à temps sur le lieu de départ de leur feuille de route. Je dois creuser la question. Est-ce un problème réel, récurrent, occasionnel ou exceptionnel ? Je répondrai à cette question précise après investigation.

M. Kir se demande si les cartes Mobib sont déjà utilisées pour relever des informations quant aux lignes et aux tronçons exigeant une augmentation de l’offre. Ces cartes seront certainement utiles quand les stations de métro seront toutes équipées de portiques d’accès. Aujourd’hui, la structure « ouverte » de certaines stations entraîne que les informations reprises sur ces cartes ne sont pas encore assez fiables pour servir d’outil d’évaluation.

Pour les bus et les trams, la situation est plus difficile, car beaucoup de gens montent encore à bord sans utiliser leur carte Mobib. Je sais que vous avez des propositions concrètes pour obliger davantage les usagers à monter à l’avant des véhicules afin de s’assurer qu’ils utilisent la carte Mobib. Ce problème est étudié au sein de la STIB, mais la difficulté persiste. La carte Mobib n’est actuellement pas suffisamment fiable pour constituer le paramètre de mesure qui permette d’adapter les fréquences. 

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Vous vous voulez rassurante, mais le public augmente. Vous nous avez dressé un simple catalogue de toutes les raisons qui amènent un nombre de plus en plus croissant de Bruxellois à utiliser les transports en commun. Manifestement, il n’y a pas de réflexion ou d’étude plus pointue à ce sujet.

La pression démographique ou l’encombrement figurent bien parmi les facteurs évidents de cette augmentation significative, mais nous aurions intérêt à y voir un peu plus clair, surtout si l’on persiste à enregistrer ce rythme de croissance.

Vous avez parlé de 550 millions pour 2025. En fonction de quoi ? D’extrapolations ? J’imagine que vous vous basez sur des données un peu plus précises…

Pour le reste, vous avez indiqué qu’il y avait un métro toutes les deux minutes trente sur les lignes 1 et 5, l’axe est-ouest. Vous avez parlé de l’automatisation qui serait un élément d’amélioration, mais celle-ci ne sera pas réalisée avant 2018, ce qui nous laisse cinq ans. En attendant, que peut-on espérer ?

Vous nous dites également que, durant les heures de pointe, il y a une pleine utilisation du parc. Cela signifie-t-il qu’il n’est pas possible, dans l’état actuel du réseau, d’augmenter l’offre en heure de pointe ?

Enfin, nous l’avons déjà évoqué lors d’autres commissions, l’information en temps réel n’est toujours pas disponible sur l’ensemble du réseau. À de multiples arrêts, on lit encore « temps théorique ». Il serait opportun que cette technologie puisse réellement être maîtrisée, dans le respect des nombreux voyageurs qui se pressent dans les lignes de notre société régionale de transports en commun.

 

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CRI COM (2012-2013) n° 55, Février 2013, pp. 20-28