Interpellation sur l’éventuelle implantation de Télé-Bruxelles à la cité des Médias de Reyers

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Fadila LAANAN, Ministre-Présidente du Collège de la Commission communautaire française, en charge du Budget, de l’Enseignement, du Transport scolaire, de l’Accueil de l’enfance, du Sport et de la Culture

concernant l’éventuelle implantation de Télé-Bruxelles à la cité des Médias de Reyers

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Télé Bruxelles est la chaîne d’information bruxelloise francophone bien connue du grand public. Son fonctionnement quotidien et le volume de ses productions propres dépendent en très large partie des subventions octroyées par la Commission communautaire française.

Demain, au travers du projet de quartier Reyers, Télé Bruxelles pourrait devenir l’un des piliers du futur pôle médiatique régional. Il y a là une réelle occasion de travailler encore davantage en synergie avec les autres entités médias qui seront présentes sur le site.

La question du déménagement de Télé Bruxelles n’est pas neuve. Probablement à l’étroit dans ses bureaux et studios de la rue Gabrielle Petit à Molenbeek, la chaîne a déposé un dossier de candidature pour la programmation 2014-2020 du Fonds européen de développement régional (Feder). Le projet vise, selon mes informations, la relocalisation de Télé Bruxelles dans le pôle média bruxellois. Il consiste donc en une demande de subsides pour l’installation de la chaîne dans le périmètre du site Reyers. Concrètement, des montants Feder supérieurs à 3 millions d’euros semblent avoir été accordés.

Cette opération de relocalisation aura bel et bien un coût humain et matériel. À cet égard, je souhaite que vous nous rappeliez non seulement les montants totaux envisagés, mais aussi ceux qui seraient pris en charge par le Feder et par les pouvoirs publics subsidiants de Télé Bruxelles, dont la Commission communautaire française.

L’administration de la Commission communautaire française est-elle mêlée à ce vaste et ambitieux projet ? Un groupe de travail est-il constitué en son sein sous l’égide de votre cabinet ?

J’en viens à l’implantation physique de Télé Bruxelles sur le site Reyers.

Quels sont les besoins de la chaîne en superficie ? Combien de mètres carrés seront-ils réservés au(x) studio(s) de la chaîne ?

Des synergies techniques sont-elles d’ores et déjà prévues avec la RTBF pour partager certains studios ?

Les locaux de Télé Bruxelles seront-ils intégrés dans un vaste immeuble occupé en grande partie par la RTBF ? Au contraire, le Collège estime-t-il nécessaire que Télé Bruxelles s’implante dans un bâtiment qui lui serait réservé ?

Ces questions ayant des conséquences sur la visibilité et l’indépendance éditoriale de notre chaîne francophone bruxelloise, il me paraît utile que le Collège se positionne sans ambiguïté quant à ses préférences stratégiques.

Évidemment, la réflexion urbanistique au sujet de ce que sera concrètement ce nouveau quartier Reyers relève des compétences de la Région. L’Agence de développement territorial pour la Région de Bruxelles-Capitale (ADT) pilote l’affaire et ses agents ont pu déjà inventorier divers terrains disponibles ainsi que des immeubles vides pouvant être réaffectés selon les besoins de nouveaux occupants. Cependant, et j’insiste sur ce point, vu les enjeux stratégiques pour notre chaîne d’information, la Commission communautaire française ne peut pas être absente de ces débats au sujet de l’avenir de ce média dont elle assume une partie notable du financement. Or, pour l’heure, on entend s’exprimer uniquement les acteurs régionaux.

Quelles sont les priorités du Collège ? Où se situe la zone d’implantation idéale pour Télé Bruxelles ? Jusqu’à quel point l’intégration avec la RTBF doit-elle être envisagée ? Quelle est la stratégie globale qui doit pouvoir s’exprimer au travers de cette nouvelle localisation ? Voilà autant de questions essentielles au sujet desquelles il me semble urgent d’entendre le Collège.

Par ailleurs, je profite de ma prise de parole pour souligner que ce nouveau pôle média devrait être aussi selon nous un vaste lieu de formation professionnelle aux métiers de la communication dont les supports ne font qu’évoluer. Voilà là aussi un enjeu important qui m’amène à penser que le Collège de la Commission communautaire française ferait bien, dans le cadre du chantier du déménagement de Télé Bruxelles, de participer à la construction d’un projet intégrant ce volet formation. Notre chaîne francophone peut et doit être demain un meilleur outil de formation grandeur nature. Voilà qui contribuera à augmenter à la fois son rôle social, mais aussi sa notoriété.

Enfin, il semblerait que le calendrier soit assez serré. Les prochains mois seront sans doute cruciaux. Pouvez-vous m’éclairer à ce sujet ?

[Intervention de M. du Bus de Warnaffe]

Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Vous me demandez tout d’abord si je suis au courant de l’existence d’un tel projet. Je vous répondrai par l’affirmative : l’ensemble du Collège est en réalité informé de cet enjeu de législature, puisque nous y avons fait explicitement référence dans l’accord de majorité 2014-2019 de la Commission communautaire française.

Il y est d’ailleurs précisé qu’il conviendra d’aider progressivement Télé Bruxelles (TLB) à se déployer comme une véritable télévision publique d’envergure régionale et qu’en vue du déménagement de la chaîne sur le site Reyers à l’horizon 2020, les fonds Feder seront d’ores et déjà négociés cette année.

Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, en tant que comité de sélection du programme Feder 2014-2020, a en effet approuvé, fin juin, la réservation des crédits disponibles au profit des projets retenus. Il a ainsi confié à la cellule Feder la mission de préparer les conventions liées à ces projets ainsi que toutes les démarches techniques nécessaires.

C’est dans ce contexte que le projet relatif au déménagement de TLB a été retenu à raison d’un montant de 3.481.145 euros. Ce montant consiste effectivement à relocaliser la télévision régionale TLB au sein de la zone Reyers. Le projet vise à inscrire notre chaîne dans la cité des médias, laquelle rassemblera différents acteurs du secteur audiovisuel et médiatique.

L’intérêt pour TLB est évidemment de favoriser les synergies en termes d’exploitation des ressources et de constitution de nouveaux projets.

Des partenariats sont noués avec l’Agence de développement territorial pour la Région de Bruxelles-Capitale (ADT) pour déterminer la meilleure implantation, avec citydev.brussels pour concrétiser l’installation nouvelle de TLB et, enfin, avec Bruxelles Formation afin de mettre la nouvelle infrastructure à disposition de formations aux métiers de l’audiovisuel.

La relocalisation de TLB est donc un enjeu important pour le gouvernement francophone, d’autant plus si le projet est situé dans le pôle média Reyers.

En effet, on dénombre beaucoup de points forts dans ce choix, par exemple le fait que ce projet est en lien avec la logique du pôle Reyers. De plus, son objectif est de créer un pôle qui regroupe l’ensemble des acteurs média publics et privés, ce qui apportera une valeur ajoutée incontestable à la filière média. Cette filière est, en effet, prioritaire en matière de stratégie de développement pour Bruxelles.

Vous me demandez si je dispose d’informations plus précises quant au calendrier de la prise de décision formelle d’un déménagement de TLB vers ce pôle média.

Le comité d’accompagnement de TLB, chargé du respect et du suivi de son contrat de gestion, s’est réuni le 26 juin dernier et a, à cette occasion, abordé la question du déménagement de la chaîne vers le pôle Reyers en termes de rétroplanning.

Différents scénarios sont envisagés, qui vont de la rénovation du bâtiment existant à l’intégration éventuelle de Télé Bruxelles dans la zone RTBF, en passant par l’acquisition du terrain. Ces différentes options doivent toutes être étudiées et négociées, de manière telle que le conseil d’administration puisse prendre une décision éclairée d’ici la fin de l’année. L’objectif est de pouvoir signer l’acte de disposition au printemps 2016.

Vous m’interrogez aussi sur l’estimation des besoins techniques et sur les fonctions qui pourraient être mutualisées entre les différents médias présents.

L’impact budgétaire pour la Commission communautaire française n’est pas encore estimé. Ce n’est que lorsque nous disposerons de l’ensemble des éléments techniques, logistiques, juridiques et financiers propres à cette nouvelle implantation, et à la forme qu’elle prendra concrètement, que nous pourrons analyser cette question avec le ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale.

Le Collège est bien entendu représenté au sein d’un groupe de travail destiné à accompagner ce projet de Cité des médias. L’ensemble du Collège est représenté au sein du comité d’accompagnement de Télé Bruxelles, lequel est chargé notamment du suivi de ce projet spécifique.

Enfin, concernant l’hypothèse d’un rapprochement entre Télé Bruxelles et la RTBF, je peux vous assurer que j’ai toute confiance dans la capacité de Télé Bruxelles à défendre elle-même ses intérêts, parmi lesquels figure en bonne place le maintien de son indépendance et de son autonomie. J’y suis très attachée et je suis persuadée qu’il en ira ainsi.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- J’ai essayé de prendre note des différents éléments qui ont été rapidement survolés. Selon les informations dont je dispose, il semblerait qu’il faille néanmoins prendre position assez rapidement sur le sort de l’implantation de Télé Bruxelles. J’ai cru entendre parler du mois de septembre. Cette relocalisation au sein de la zone Reyers ne semble pas formellement décidée, d’après mes informations. En effet, différents scénarios sont encore à l’étude, dont le réaménagement des bâtiments actuels.

On nous dit qu’on en saura davantage entre la fin de l’année et le printemps 2016. C’est un dossier important. L’avenir et le redéploiement de cette chaîne d’importance régionale constituent un élément de premier ordre pour l’ensemble des Bruxellois francophones et bien entendu un élément qui semble aussi important dans le cadre du développement de cette Cité des médias au boulevard Reyers.

J’encourage le gouvernement à suivre avec beaucoup d’implication ce dossier. Je crois que nous sommes à la croisée des chemins pour Télé Bruxelles. Il serait évidemment dommage que les choix les plus pertinents ne soient pas effectués pour permettre à la chaîne de trouver la meilleure implantation possible au sein de cette Cité des médias qui devrait voir le jour et qui est, je le souligne, l’un des projets phares du développement de notre Région.

 

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CR n°19 (2014-2015), Juillet 2015, pp. 21-23