Interpellation concernant les retards et les surcoûts en lien avec le réaménagement de la place Rogier

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à M. Pascal SMET, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des Travaux publics et des Transports,

concernant les retards et les surcoûts en lien avec le réaménagement de la place Rogier.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Un article de presse du mois de décembre dernier se faisait l’écho de diverses informations relatives aux travaux de réaménagement de la place Rogier.

En plus de retards importants qui ont mené à des reports successifs – pas moins de trois années de retard jusqu’à présent – de la fin des chantiers de la place Rogier, nous apprenons que d’importants surcoûts ont été engendrés à l’occasion desdits travaux.

Tout d’abord, pourriez-vous confirmer les échéances relatives à la fin des travaux, tant attendue ? Au mois de mai dernier, vous évoquiez votre énervement quant à ces retards, que vous jugiez inadmissibles. Néanmoins, vous affirmiez que la fin des travaux semblait annoncée pour le printemps 2016, en fonction des conditions climatiques. Quelle est la date effective de fin des travaux ?

Ensuite, pouvez-vous confirmer le chiffre du budget total du réaménagement complet de cette place ? La somme avancée de 42.348.982 euros – soit un surcoût de 13 millions d’euros au regard des 29 millions d’euros prévus en 2010 – est-elle correcte ? Pourriez-vous nous détailler la répartition des principaux postes budgétaires et des éventuels surcoûts qu’ils auront engendrés ? Quelles raisons peuvent-elles être avancées pour justifier une évolution aussi significative quant au coût de cette infrastructure ?

Enfin, pouvez-vous nous informer du coût relatif à l’auvent métallique de 60m de diamètre qui surplombe une partie de la place Rogier ? Le chiffre de 7.500.000 euros avancé par la presse est-il exact ? Quelles raisons justifient l’investissement d’une somme aussi considérable sur ce seul élément du projet de réaménagement de la place Rogier ? 

M. Pascal Smet, ministre.- La première estimation du montant des travaux du projet Rogier date de la phase du concours remporté par l’association momentanée XDGA-NEY-Boydens en 2006, soit il y a dix ans. Un tel délai en dit long sur notre Région. Je n’ose pas trop raconter à l’étranger qu’il nous faut dix ans pour réaménager une place…

L’estimation était alors de 15,5 millions d’euros hors TVA. Ce montant tenait essentiellement compte de la partie purement architecturale et urbanistique du projet.

En 2010, l’estimation du montant des travaux a été sensiblement modifiée par l’ajout des éléments suivants :

– modification des fondations et adaptation de la structure du métro pour la réalisation de l’auvent ;

– rénovation importante de l’étanchéité du tunnel de métro, de la station Rogier et du parking Rogier. Il est heureux que nous ayons revu l’étanchéité. À l’avenir, les problèmes d’étanchéité des tunnels de métro ou autoroutiers nous causeront beaucoup de soucis ;

– rénovation et adaptation techniques spéciales de la station ;

– placement des ascenseurs et des escalators ;

– déplacement d’impétrants ;

– expropriation de l’espace de l’atrium de la commune de Saint-Josse (environ 3 millions d’euros).

Le projet a également évolué avec le permis d’urbanisme et à la suite d’ajouts.

Les études techniques ont également permis de mieux définir l’ensemble du projet.

Une actualisation de l’estimation du bureau d’étude et des différents services de Bruxelles Mobilité donnait un montant de l’ordre de 33 à 34 millions d’euros TVAC pour les travaux.

Beliris a aussi engagé un montant de cinq millions d’euros. Les montants sont élevés. Il s’agit d’un chantier compliqué, avec l’une des stations de métro les plus fréquentées de la Région et le souhait d’un geste architectural fort.

On peut estimer le coût des travaux à environ 39 millions d’euros, ce montant n’étant pas définitif. Comparé à ce qui avait été déterminé en 2010, nous sommes à cinq millions d’euros supplémentaires. Il faut être prudent lorsqu’on compare, puisque l’objet du chantier a été considérablement élargi depuis 2006. La plus grande partie de ce montant est à la charge de la Région. Beliris prend en charge une petite partie, tout comme la commune de Saint-Josse.

L’auvent n’est pas la cause principale de l’augmentation de treize millions d’euros du budget initial. Il est par contre vrai que l’auvent entraîne d’autres travaux nécessaires, notamment au niveau des fondations. La place Rogier est une grande cavité dont le pourtour constitue les fondations. Il faut veiller à ne pas faire une mauvaise manipulation au risque de voir s’effondrer l’ensemble de la place dans un puits. L’un des meilleurs ingénieurs-architectes européens voire mondiaux, Ney & Partners, a supervisé ces travaux.

Pour le retard lors de l’exécution de l’auvent, l’entrepreneur a donné une justification pour la prolongation du délai d’étude de la période d’août 2013 à septembre 2014. Celle-ci est en cours d’analyse par l’administration.

Je propose de vous communiquer les chiffres définitifs relatifs au montant des travaux à la fin du chantier. Continuer à fournir des chiffres intermédiaires ne servirait à rien.

La fin du chantier est toujours prévue pour mai ou juin 2016. Si tout va bien, les travaux proprement dits sur la place seront terminés fin janvier, début février 2016. La couverture et l’équipement du pied de l’auvent, où s’installera de l’horeca, devront encore être mis en place ; les finitions suivront. Certains points doivent encore être examinés, comme la question de la dalle pour les bus.

La place Rogier est l’une des rares places vraiment « urbaines » de la Région, au sens large du terme. Même si elle est importante, la place Flagey est plutôt interquartiers. La place Rogier a un potentiel différent, ne serait-ce que parce qu’elle est bordée d’hôtels internationaux : Sheraton, Hilton, Crowne Plaza… Sans compter la présence de Belfius, de City 2, l’entrée de la rue Neuve…

Cela méritait un geste architectural important, car cette place était catastrophique pour l’image de Bruxelles, comme le rond-point Robert Schuman l’est encore aujourd’hui. On peut débattre de l’utilité de cet auvent, mais on trouve des structures semblables dans nombre d’autres villes, avec un impact bien plus considérable que celui-ci. En attendant, même si le chantier n’est pas terminé, les touristes prennent déjà des photos !

L’illumination pour les fêtes de fin d’année était très bien réussie. À l’avenir, l’auvent sera illuminé de façon permanente d’une lumière très blanche, depuis le puits. Cela donnera de l’allure à notre ville-région.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Certes, il ne faut peut-être pas comparer les chiffres de 2006 à ceux de 2016. Cependant, n’a-t-on pas évalué trop légèrement un chantier que vous-même qualifiez de complexe ? Quelle est la part de Beliris dans ce coût ?

Le surcoût de l’auvent, que vous avez tenté de justifier, n’aurait pas fait l’unanimité au sein du gouvernement. Ainsi, l’article susmentionné précise que, « selon une source proche du gouvernement bruxellois, il s’agit d’une lubie du ministre des Travaux publics, Pascal Smet ». Cette source anonyme aurait ajouté : « Contrairement à la rénovation de la station de métro et de la place en surface, cet auvent n’était pas une nécessité. Par exemple, des œuvres d’art moins onéreuses auraient pu être installées à la place ». Cet investissement est-il une lubie, comme d’aucuns le prétendent ?

M. Pascal Smet, ministre.- Non. Nous n’en avons d’ailleurs pas parlé au sein du gouvernement. De plus, que peut-on qualifier de source proche ? Je pourrais, moi aussi, affirmer qu' »une source proche du gouvernement trouve ce projet génial pour le rayonnement de notre ville-région. C’est la meilleure chose qui soit arrivée ces vingt dernières années ».

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Combien cet auvent a-t-il coûté ?

M. Pascal Smet, ministre.- Quelque cinq millions d’euros. Estimez-vous qu’il s’agit d’une lubie ?

Pour retrouver le texte dans son intégralité, cliquez ici.
CRI n°42 (2015-2016), Janvier 2016, p.11-15