Interpellation concernant le réaménagement de la chaussée de Ninove

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à M. Pascal SMET, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des Travaux publics et des Transports,

concernant le réaménagement de la chaussée de Ninove.

 M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Pour l’heure, dans le contexte des travaux de la Porte de Ninove qui mobilisent aussi les moyens de Beliris, des travaux d’ampleur sont menés notamment à l’amorce de la chaussée de Ninove. La requalification de la chaussée entre le canal et la gare de l’Ouest sera assez rapidement une réalité et nous pouvons nous en réjouir.

Dans le prolongement de cette impulsion, il semble tout à fait logique que la Région poursuive sans délai ses efforts sur le tracé de la chaussée de Ninove, notamment dans le tronçon situé entre la gare de l’Ouest et le boulevard Louis Mettewie. L’état général de cette voirie est peu enviable. Cet endroit ne compte aucune piste cyclable continue, il est abîmé, spatialement compliqué, mal organisé, et la taille des voiries varie de 17 à 23 mètres. En plus, la largeur, à certains endroits, incite les automobilistes à des vitesses excessives, ce que dénoncent beaucoup de riverains et d’usagers de ce qui est aussi un tronçon commercial de proximité.

Dans ce contexte, outre la rénovation de la voirie, le placement éventuel d’une piste cyclable peut être vu positivement. Cependant, il y aurait lieu de s’interroger quant aux éventuelles conséquences d’un tel dispositif sur l’offre de places de stationnement des deux côtés de cette chaussée en cas de choix d’une piste séparée de la voirie. Le gouvernement a-t-il, par principe, l’ambition de porter le moins possible atteinte aux places de stationnement existantes au travers de ses projets en faveur des cyclistes sur la chaussée de Ninove ? 

Plus fondamentalement, je rappelle qu’il s’agit là d’une porte d’entrée de la Région. Cette situation de fait n’est d’ailleurs pas reprise comme telle dans le projet de Plan régional de développement durable (PRDD) de la majorité, ce que l’on peut regretter. J’ose espérer que cela ne témoigne pas d’un manque d’intérêt pour la zone ni d’une mauvaise prise en compte des enjeux.

Des efforts doivent être consentis pour faire de la chaussée de Ninove, jusqu’au ring, un boulevard urbain qui n’exclue aucun mode de déplacement. Dès lors et en premier lieu, le projet de parking de dissuasion dont nous soutenons pleinement la philosophie générale devrait idéalement se réaliser au-delà de la frontière régionale.

M. le ministre, êtes-vous de cet avis ?

Avez-vous noué des contacts avec le gouvernement flamand en ce sens et, le cas échéant, avec quels résultats ?

Les travaux envisagés devraient être très ambitieux pour ce qui regarde la mobilité, et dépasser le simple tracé d’une piste cyclable. Ils pourraient fournir l’occasion d’intégrer une ligne de tram reliant enfin, par la chaussée de Ninove, la gare de l’Ouest au Westland Shopping Center, situé boulevard Sylvain Dupuis. La chaussée de Ninove et le boulevard Maria Groeninckx-De May ont des gabarits suffisants pour permettre la cohabitation d’un tram, de pistes cyclables et de voies de circulation automobile.

Un avant-projet allant dans ce sens existait à la STIB voici quelques années. Je regrette amèrement que cette « tramification » ne soit pas mentionnée dans le projet de PRDD. J’espère qu’il s’agit d’un simple oubli car j’appelle ce projet de mes vœux. Y êtes-vous favorable et, dans l’affirmative, quelles actions comptez-vous prendre pour le concrétiser dans des délais raisonnables ? Veillerez-vous à faire modifier le projet de PRDD en ce sens ? Un groupe de travail sera-t-il instauré auquel les pouvoirs locaux concernés seraient associés ?

Si telle est votre attitude, vous aurez sans nul doute l’appui des autorités locales. En effet, l’une des mesures contenues dans le plan communal de développement (PCD) d’Anderlecht prévoit d’inciter « la mise en place d’un transport en commun afin de renforcer les liens métropolitains entre les communes situées à l’ouest de la Région. Cette ligne de tram pourrait ainsi se prolonger et relier la commune de Forest via le boulevard Paepsem dans un sens, et la commune de Molenbeek, via le boulevard Mettewie, de l’autre. Cet itinéraire, qui croise les lignes de tram à créer de la chaussée de Ninove et du boulevard Industriel, permet ainsi de tisser un réseau de déplacement performant, notamment à l’attention des navetteurs, qui délaissent leur voiture dans les parkings de transit ».

Voilà, M. le ministre, qui ouvre le dossier à des horizons qui dépassent le strict champ des frontières communales anderlechtoises, ce qui élargit notablement le nombre de nos concitoyens qui pourraient, à terme, en bénéficier.

Quel est donc l’état de la réflexion en cours au sein de votre cabinet sur ces projets de réaménagement urbain et quels sont les différentes balises du dossier en matière de délais ? Par exemple, quand pouvons-nous espérer qu’il fasse l’objet d’un appel à projets et d’une officialisation de la part de la Région ?

Des collectifs citoyens, des comités de quartier ou les riverains seront-ils contactés pour analyser et anticiper conjointement tous les différents arbitrages dont il faudra tenir compte ?

Par ailleurs, Bruxelles Mobilité gère aujourd’hui un nombre important de projets prioritaires, comme celui des tunnels. Quelles sont les ressources humaines dont dispose Bruxelles Mobilité pour être le maître d’ouvrages de telles envergures ? Quels sont les moyens disponibles et nécessaires pour rendre ce projet réalisable ?

J’aimerais vous entendre, Monsieur le ministre, à propos de ces enjeux de mobilité fondamentaux pour l’ouest de la Région.

M. Pascal Smet, ministre.- Pour commencer, une étude est en cours au niveau de la Région flamande pour évaluer le potentiel de développement du Park and Ride (P+R) dans la proche périphérie de Bruxelles, côté ouest également. La Région bruxelloise est associée au suivi de cette étude. Il est évident que de tels parkings de dissuasion n’ont de sens que si des transports publics adéquats les relient au réseau urbain des transports en commun.

Le potentiel, c’est-à-dire l’analyse coût-bénéfice, d’une ligne de tram sur l’axe dont vous parlez ou via le boulevard Maechtens a été étudié en 2008. J’avais commandé l’étude à l’époque. Le potentiel de la ligne transrégionale vers Ninove a également été étudié par la société De Lijn et par Bruxelles Mobilité. Cette liaison n’a finalement pas été reprise dans les projets du Réseau Brabant de De Lijn (Brabantnet) en phase 1. Il fallait en effet s’assurer que la ligne que nous voulions créer trouve son prolongement en Flandre, or ce n’est pas le cas. C’est un premier obstacle.

D’autres analyses sont en cours dans le cadre de l’élaboration d’une vision du développement du réseau ferré urbain qui sera intégrée dans le futur Plan régional de mobilité. Celles-ci permettront de prioriser les axes de transport public à renforcer sur la base d’analyses objectivées. Cela ne signifie pas que nous allons attendre ces résultats pour déterminer si nous voulons une ligne de tram ou non.

Le projet de réaménagement de la chaussée de Ninove est en cours d’étude au sein de Bruxelles Mobilité qui s’est, il est vrai, vu entre-temps imposer une série d’autres priorités imprévues. L’objectif de cette étude est d’améliorer la qualité de cette chaussée, très pauvre sur un long tronçon.

Pour le traitement du dossier, nous avons choisi de diviser la chaussée de Ninove en deux tronçons : le plus large qui comprend bon nombre de commerces et va du ring au carrefour avec le boulevard Mettewie, et le plus étroit allant de ce même carrefour à la gare de Bruxelles-Ouest.

Différents profils sont envisagés et varieront avec la largeur de la chaussée. Cependant, ils favoriseront toujours le confort et la sécurité de tous les usagers et non plus uniquement ceux des automobilistes. Le but est d’arriver à une vision intégrée pour ces deux tronçons.

Deux chefs de projet sont chargés de l’étude de ces deux tronçons, et des comités d’accompagnement vont réunir les différents acteurs concernés : zone de police, commune, services d’urgence, sociétés de transports en commun, etc. Un projet sera présenté au comité d’accompagnement, et les avis et remarques seront entendus, de même que l’opinion de la population.

Ne pouvant m’avancer sur le calendrier de la délivrance du permis, j’ai demandé s’il n’était pas envisageable de prendre des initiatives de marquage plus rapides dans les deux tronçons et ma proposition est à l’étude.

Trois études sont donc en cours : sur les court, moyen et long termes.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Si j’ai bien compris les nombreuses informations que vous nous avez communiquées, vous travaillez activement à plusieurs projets à court, moyen et long termes avec Bruxelles Mobilité pour l’un ou l’autre tronçon de la chaussée de Ninove. Ceci exclut pour l’instant la tramification, conditionnée à une révision du Brabant flamand. Confirmez-vous que l’option de la tramification n’a pas été reprise dans le PRDD ?

M. Pascal Smet, ministre.- Nous allons établir un plan ferroviaire bruxellois, incluant le métro et le tram, dans le cadre du Plan régional de mobilité. Tout n’est pas repris dans le PRDD ! Les études en cours nous permettront de trancher au sujet de cette tramification. Je ne l’exclus pas mais, mais cela demandera du courage, car installer une ligne de tram dans la zone implique de supprimer beaucoup de stationnement.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Disposer d’une vision stratégique permet d’anticiper. Tout n’est pas simple, certes, mais cette voirie est primordiale pour Bruxelles, et notamment l’ouest de notre Région. S’il y a des décisions difficiles à prendre, il est intéressant de pouvoir y réfléchir avec les parties prenantes, les habitants, les commerçants… Ce qui serait dérangeant, c’est qu’à avancer à trop petits pas, on en oublie la finalité globale. Le mieux est souvent l’ennemi du bien, et certaines options peuvent en fermer d’autres à long terme.

M. Pascal Smet, ministre.- Nous n’allons pas choisir des options qui ferment les portes. Celle d’installer une ligne de tram n’est pas abandonnée aujourd’hui. La question a bien été tranchée dans le plan pluriannuel d’investissement de la STIB pour les neuf ans à venir : nous n’avons pas prévu de tram. Mais cela peut toujours se faire en cas de révision du plan de la STIB.

Je rappelle les deux obstacles potentiels au projet : la question du Park and Ride analysée en Flandre et celle du prolongement du tram sur le territoire flamand. Si la ligne n’est pas prolongée, il faut au moins, sur le territoire flamand, un grand Park and Ride pour que la ligne de tram bruxelloise ne s’arrête pas quelque part au milieu de la chaussée de Ninove sans parking de transit ni connexion avec la Flandre.

Le Westland Shopping Center est, certes, important, mais il faut observer d’où viennent les gens qui le fréquentent. C’est l’analyse des chiffres qui nous permettra de trancher à ce niveau-là.

Cela dit, n’oubliez pas que le plan ferroviaire est prévu pour 2018-2019. Nous ne prendrons jamais d’option de réaménagement temporaire qui pourrait exclure l’arrivée du train.

Enfin, je rappelle qu’il faut tenir compte de la suppression de places de stationnement induite par l’installation d’une ligne de tram.

 

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CRI COM (2016-2017) n° 78, Mars 2017, pp. 27-32