La Journée internationale de la Francophonie

Interpellation de Monsieur Van Goidsenhoven, adressée à Madame Laanan, Ministre-Présidente en charge de la Culture

Objet : les activités dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie

 

Madame la Ministre-Présidente,

Le 20 mars, comme chacun le sait, est la date connue de tous pour célébrer la Journée internationale de la Francophonie. Plus qu’une Journée internationale, ce moment est celui d’une opportunité supplémentaire de nous rappeler la somme des valeurs, des aspirations et des lignes de défense que partagent près de 84 Etats et Gouvernements.

Vous connaissez mon attachement à ce lien qui nous unit et rassemble maintenant près de 274 millions de locuteurs à travers le monde. Pourtant, la défense de la langue française, si elle est un socle commun à tous ceux qui entrent dans la Francophonie, n’est pas le seul leitmotiv qui structure les actions de l’organisation. Démocratie, droits de l’homme, défense de l’Environnement, Jeunesse, Sports et Culture ; tous ces fondements via lesquels les membres d’une nation se lient bien au-delà d’une langue qu’ils auraient en partage.

Ernst Renan nous rappelait, dans son discours intitulé « Qu’est-ce que la Nation ? », que les nations sont aussi bâties sur des Etats mais qu’elles reposent avant toute chose sur la volonté commune de ses membres de vivre ensemble et qu’elles supposent l’adhésion volontaire des peuples à un même idéal. C’est exactement ce que représente la Francophonie pour les Etats membres et citoyens qui en font partie et c’est, je pense, un idéal et un objectif dont la Commission communautaire française se veut également être la défenderesse.

Je souhaiterais que nous abordions une autre thématique avec laquelle j’ai eu plusieurs fois à cœur de mettre au goût du jour par le passé. Il s’agit de celle relative aux collaborations entre la Commission communautaire française et l’OIF et, plus concrètement, l’implication de la COCOF – voire son intégration – dans les réseaux de la Francophonie. Quelles sont-elles et quelles sont les pistes fructueuses que vous privilégiez pour le futur ? Il y a, bien évidemment, la participation de la COCOF au sein de la Francophonie sous le prisme de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pourtant, quelles sont les collaborations directes qu’entretiennent la COCOF et l’OIF ? Bruxelles a évidemment un rôle à jouer sur l’échiquier de la Francophonie internationale ; quelles en sont donc les modalités de mise en œuvre que vous avez déployées ?

L’an dernier, vous nous faisiez part des 14 accords de coopération bilatérale conclus par le Collège de la COCOF avec des pays appartenant majoritairement à la Francophonie. Sur le plan de la coopération multilatérale, vous nous rappeliez la volonté de créer, en partenariat avec l’OIF et en y impliquant l’Institut Gryzon, un incubateur au Togo et Côte d’Ivoire sur la chocolaterie. Un autre projet, porté cette-fois par Mmes Jodogne et Fremault, visait à renforcer les liens avec des associations issues de pays de la Francophonie qui sont actives dans les domaines de la Santé, de la Cohésion sociale, de la Culture et du Sport. Enfin, il avait par ailleurs été question de soutenir le réseau francophone dédié à l’égalité hommes-femmes. Où en sont ces projets ? Quelles en sont les avancées et avez-vous d’autres pistes de collaboration à nous annoncer ?

Madame la Ministre-Présidente, l’approche de la journée du 20 mars est justement le moment que je choisis pour répéter à quel point il est primordial que la COCOF se saisisse de l’importance que revêt la Francophonie ; pour notre institution et pour le rayonnement de Bruxelles à l’international ainsi que pour le million de Bruxellois francophones qui y vivent.

Notre institution est en effet en charge du bien-être du million de francophones bruxellois qui réside à Bruxelles. Ce bien-être se doit bien sûr de passer par la culture et la langue que nous véhiculons. Pourtant, là où j’y vois une déclaration de principe de la COCOF, je m’étonne du peu d’activités organisées dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie, et en particulier dans les thématiques culturelles.

Ainsi, le site spécialement consacré au 20 mars de la Francophonie[1] informe la quantité et la nature des événements organisés de par le monde, par pays, relatifs à cette occasion. C’est donc en consultation de ce site que j’ai appris que, s’agissant de la Belgique, deux événements à peine sont organisés dans ce cadre. Chose surprenante, aucune de ces activités n’est prévue pour la journée ni soirée du 20 mars.

Dès lors, nous apprenons qu’un événement aura lieu le soir du 16 mars, à Bruxelles, pour la tenue du spectacle de théâtre Fugato Labile pour Camille Claudel, organisé par l’Institut culturel roumain. Le second événement se tiendra à Anvers, le lundi 27 mars, et consistera en un entretien littéraire avec Jean-Marie Rouart de l’Académie française.

Madame la Ministre-Présidente, entendez mon propos et comprenez mon étonnement lorsque je constate que deux événements seulement – dont un à Anvers ! – sont inscrits sur la plateforme officielle de la Francophonie pour la Belgique alors qu’un pays comme le Vietnam en compte 3, que la France en compte 9, et que l’Afrique du Nord et Moyen-Orient compte 3 événements tels qu’un festival du film (le Francofilm) qui s’étalera sur plus de 10 jours, un salon du livre sur 5 jours et enfin des conférences et débats qui s’enchaineront pendant deux jours.

Faut-il rappeler les contributions budgétaires des Belges francophones dans l’institution qui est celle de la Francophonie ? Pourquoi ne retrouvons-nous pas cet intérêt dans la promotion des activités sur notre territoire ?

L’an passé, le site officiel du 20 mars répertoriait pas moins de 16 événements en Belgique consacrés à la Journée internationale de la Francophonie, dont 4 étaient organisés par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pourquoi un tel écart entre notre dynamisme de l’an dernier et l’apathie de cette année ? Est-ce une question de budgets ? Peut-être… mais que dire alors des pays du Nord de l’Afrique et du Moyen-Orient qui, pourtant, comptabilisent plus d’événements que nous avec des budgets autrement plus restreints que les nôtres ?

Certes, il faut être honnête. C’est à l’organisateur de l’événement de s’inscrire sur le site officiel du 20mars.francophonie.org et plusieurs rencontres – autres que celle de Bruxelles et d’Anvers – seront probablement organisées sans qu’elles ne soient rendues visibles sur ce site. Alors que ces événements gagneraient en visibilité, qu’est-ce qui est concrètement mis en œuvre au niveau de la COCOF pour qu’elle se saisisse de l’outil de rayonnement culturel qu’est celui de la Francophonie ?

Enfin, je terminerai ici mon intervention en espérant que ce manque d’activités ne soit effectivement pas le reflet de notre intérêt vis-à-vis de la Francophonie et que tout sera mis en œuvre pour donner un meilleur rayonnement à nos activités dans le cadre de la journée internationale de la Francophonie de 2018.

[1] www.20mars.fracophonie.org

 

Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN
Député et chef de groupe MR au Parlement francophone bruxellois