Interpellation sur la nouvelle école secondaire d’enseignement général sur le campus du CERIA et l’intégration de l’Institut Paulus au sein de la COCOF

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Fadila LAANAN, Ministre-Présidente du Collège de la Commission communautaire française, en charge du Budget, de l’Enseignement, du Transport scolaire, de l’Accueil de l’enfance, du Sport et de la Culture

concernant la nouvelle école secondaire d’enseignement général sur le campus du CERIA et l’intégration de l’Institut Paulus au sein de la COCOF

[Interpellation principale de Monsieur Azzouzi]

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- À l’automne dernier, vous nous annonciez la création d’une école secondaire d’enseignement général sous l’égide de la Commission communautaire française, située sur le campus du Centre d’enseignement et de recherches des industries alimentaires et chimiques (CERIA).

Vous venez de communiquer sur les résultats d’une étude commandée sur ce projet, notamment concernant l’implantation et le calendrier d’ouverture de ce futur établissement. Il est fait état de plusieurs bâtiments dont l’un qui se trouvera, si j’ai bien compris, à l’angle du ring et du canal, destiné à accueillir les élèves de première et deuxième années. Ce bâtiment devrait avoir une capacité d’accueil de 600 élèves. Quant au second bâtiment, pour les autres années scolaires, il pourra lui aussi accueillir 600 jeunes.

Le calendrier annoncé, s’il a le mérite d’être ambitieux, semble s’étaler sur la longueur puisque – dans le meilleur des cas – il est fait état de l’accueil des 150 premiers élèves en 2018, et de 900 élèves au bout de six années, en 2022 si je prends cette année 2016 comme point de départ. Pouvez-vous clarifier la façon dont vous allez planifier et organiser concrètement l’accueil des élèves au cours de ces années ?

À l’endroit envisagé pour cette future implantation se trouvent une salle de sport et un terrain de football. Pouvez-vous nous éclairer sur le futur de cette salle ? Vous annoncez que le terrain de foot sera relocalisé à son emplacement historique et que les équipements sportifs seront localisés dans une infrastructure spécifique. Qu’en est-il dès lors de l’avenir de la salle sportive actuelle, récente puisqu’elle a été inaugurée en juin 2000 et que son revêtement a été rénové l’an dernier ?

Le campus du CERIA est encore inachevé et n’est que partiellement intégré dans la ville. Prévoyez-vous d’autres aménagements lui permettant d’entrer franchement dans un tissu urbain en plein essor ? Quelle est votre vision à ce propos ?

Enfin, la proximité avec le canal paraît une bonne idée ayant pour effet de relier le site du CERIA à cette voie d’eau, qui représente un facteur de développement fondamental pour notre Région.

Il faut d’ailleurs souligner qu’aujourd’hui, le CERIA tourne en quelque sorte le dos au canal. Pouvez-vous me confirmer cet objectif et, le cas échéant, me préciser les modalités de cette interaction renforcée avec la zone du canal en général et avec le canal en particulier ?

[Intervention de Madame Maison]

Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Selon les données analysées par la facilitatrice école, 7.700 nouvelles places doivent être créées dans l’enseignement secondaire en Région bruxelloise sur la période 2015-2020. Les zones où la tension démographique est particulièrement forte se situent dans les communes du nord-ouest de la Région, en ce compris la commune d’Anderlecht.

Face aux besoins des Bruxellois et conformément à l’accord de majorité, j’ai pour objectif de créer 1.500 nouvelles places, dont 900 dans l’enseignement secondaire général, 200 grâce à la reprise de l’Institut Pierre Paulus de Saint-Gilles et 400 dans l’enseignement spécialisé.

Afin de déterminer le lieu d’implantation des infrastructures destinées à accueillir les 900 nouveaux élèves dans l’enseignement secondaire, j’ai lancé, avec l’Agence de développement territorial pour la Région de Bruxelles-Capitale (ADT) et en collaboration avec le maître-architecte de la Région bruxelloise, une étude sur les possibilités de densification du campus du CERIA.

La première partie de cette étude, qui vise à élaborer des scénarios de localisation pour la nouvelle école, est achevée. Elle a permis d’identifier le meilleur endroit d’implantation sur le campus. L’école sera construite sur la zone située à l’angle du canal et du ring. Ce lieu a été choisi car il offre le plus d’avantages en termes urbanistiques et pédagogiques. Il s’agit d’un espace stratégique, à proximité immédiate du canal, jusqu’à présent coupé du reste du campus.

Implanter les nouveaux bâtiments scolaires à cet endroit permet de structurer le site dans son ensemble. Cela permet d’en reconfigurer une partie peu exploitée et d’améliorer la qualité architecturale du bâti par la relocalisation des équipements sportifs, entre autres. À l’échelle du site, cela permet de créer un véritable pôle sportif et des espaces de convivialité tels qu’un foyer étudiant.

Bien entendu, la délocalisation du complexe sportif actuel n’aura lieu qu’une fois le nouveau centre construit.

D’un point de vue pédagogique, il s’agit aussi d’une localisation propice à l’accueil des plus jeunes élèves. J’aurais dû apporter un schéma pour que vous visualisiez les plans…

Nous vous ferons parvenir le document Powerpoint pour que vous disposiez des découpes et des images. Cela vous permettra de mieux visualiser le projet (annexes 1 à 3 de présent compte rendu).

La configuration des bâtiments se prête particulièrement bien à l’évolution du paysage de l’enseignement de la Commission communautaire française que je souhaite développer. Les premières et deuxièmes années secondaires de la Commission communautaire française seront désormais organisées en un degré d’observation autonome (DOA).

La plus-value d’un DOA n’est plus à démontrer. Il permet une orientation positive des élèves au terme de la deuxième année de l’enseignement secondaire. Il contribue également à valoriser l’enseignement qualifiant, car l’élève qui s’y inscrit en a fait réellement le choix. Concrètement, à l’issue des deux premières années qui constituent le tronc commun à tous les étudiants, l’élève pourra s’orienter soit vers de l’enseignement général, soit vers du qualifiant, du technique ou du professionnel. Il s’agit ainsi d’un véritable choix à poser, tant pour l’élève que pour ses parents.

Pour en revenir à la construction des nouvelles infrastructures pour la nouvelle école, il s’agit en réalité d’un véritable projet de développement du campus qui comprend :

– un bâtiment de 600 places destiné aux élèves de 1ère et 2ème années du secondaire ;

– un bâtiment incluant un nouveau hall omnisports qui pourrait également accueillir d’autres fonctions collectives de type culturel ou pédagogique, comme une bibliothèque ;

– un bâtiment de 600 places pour les 3ème, 4ème, 5ème et 6ème années ;

– un nouvel édifice qui remplacera le bâtiment 16.

Les premiers élèves seront accueillis dès septembre 2018 dans une structure intermédiaire. Théoriquement, ils pourront intégrer les nouveaux locaux dès septembre 2020.

Dès 2018, nous accueillerons donc les premiers élèves dans des bâtiments modulaires, afin de répondre à l’explosion démographique de Bruxelles et d’offrir aux élèves un enseignement en pédagogie active.

Dès 2018, 150 nouvelles places seront ouvertes chaque année. Au bout de six ans, soit en 2023, 900 nouvelles places auront été créées. De manière tout à fait classique, l’ouverture des places se fera progressivement, au fur et à mesure de la progression des cohortes d’élèves.

Pendant toute la durée du chantier, les bâtiments existant dans cette zone, c’est-à-dire le hall omnisports et le bâtiment 16 où sont logés les instituts Gryson et Lambion, pourront poursuivre leurs activités sans discontinuité.

Le terrain de football sera relocalisé à son emplacement historique, à proximité de la future École supérieure des arts du cirque (ESAC), le plus tôt possible.

Comme vous aurez pu le constater, l’enseignement de la Commission communautaire française est appelé à évoluer rapidement. Avec la création des trois degrés d’enseignement secondaire général et la reprise de l’Institut Pierre Paulus, de son centre d’éducation et de formation en alternance (CEFA) et de son dispositif d’accueil et de scolarisation des élèves primo-arrivants (Daspa), la Commission communautaire française disposera de tous les types d’enseignement, ce qui est nouveau :

– spécialisé : maternel, primaire, secondaire ;

– ordinaire : secondaire général, technique et professionnel ;

– supérieur : Haute école Lucia de Brouckère et École supérieure des arts du cirque ;

– de promotion sociale. La construction du degré d’observation autonome (DOA) et du bâtiment destiné aux deuxième et troisième degrés répond à un double objectif : apporter une réponse aux besoins de places dans l’enseignement secondaire, en diminuant la pression dans l’ouest de la Région, et diversifier l’offre d’enseignement de la Commission communautaire française.

Il s’agit d’un projet ambitieux, qui ne pourra aboutir qu’avec la collaboration de toutes les parties concernées. Cette collaboration a déjà été initiée dans le cadre de l’étude précitée puisque de nombreux acteurs et partenaires ont été sollicités à l’occasion du comité technique accompagnant l’étude, dont, notamment :

– le cabinet du ministre-président de la Région ;

– la commune d’Anderlecht en présence des échevins Cumps et Van Goidsenhoven, pour l’urbanisme ;

– la Vlaamse Gemeenschapscommissie avec laquelle le campus est partagé ;

– la Région bruxelloise, via les services de la Mobilité et de l’Environnement ;

– l’Agence de développement territorial pour la Région de Bruxelles-Capitale (ADT) ;

– la Commission royale des monuments et des sites (CRMS) ;

– l’administration de la Commission communautaire française.

Je continuerai à solliciter et consulter toutes ces personnes, car le développement du campus nécessite des concertations et des accords avec de nombreux services.

Madame Maison, vous manifestez un peu trop d’impatience par rapport au programme de pédagogie active. Aujourd’hui, les athénées de la Ville de Bruxelles Marguerite Yourcenar et Charles Janssens sont des exemples intéressants d’écoles dont la pédagogie active donne des résultats.

Les études réalisées en la matière montrent qu’il s’agit d’un enseignement permettant de réduire à néant les discriminations et de tirer vers le haut l’ensemble des élèves, même s’ils sont issus de milieux fragilisés ou difficiles. Nous pourrons bientôt entrer dans le détail du programme mais, de manière générale et théorique, nous savons d’ores et déjà que ce type d’enseignement permet d’assurer une plus grande égalité.

Pour réaliser cette nouvelle école, j’ai par ailleurs noué des partenariats, notamment avec ma collègue Céline Fremault pour la construction d’un mur antibruit le long du ring. Celui-ci permettra de réduire drastiquement les nuisances sonores pour les usagers du campus, mais également pour les riverains.

La mobilité sur le campus et autour de celui-ci est aussi une composante à ne pas négliger. J’ai donc prévu d’autres partenariats avec mon collègue Pascal Smet. La création d’un parking, l’ouverture d’une nouvelle entrée avec des aménagements de voirie, la réfection des voiries extérieures ou le retrait des rails de tram qui ne sont plus utilisés depuis des années sont autant d’exemples qui montrent combien ce projet nécessite des collaborations et le soutien de tous les partenaires.

Enfin, un contrat de quartier de la zone du campus serait souhaitable pour développer des interactions entre le quartier et le campus, lesquelles sont devenues quasi inexistantes au fil du temps. 

Tous ces aménagements, liés aux fonctions transversales, permettraient au campus de retrouver sa place dans le tissu urbain environnant, tout en apportant du bien-être et du mieux vivre ensemble à ses usagers, au bénéfice de tous.

[Réplique de Monsieur Azzouzi]

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).– J’ai pris bonne note des éléments que vous nous avez apportés. La dimension urbanistique de l’implantation nous semble satisfaisante. Je n’ai donc pas de commentaires à formuler à ce propos. Je partage votre vision.

Cependant, concernant les moyens très réduits dont dispose la Commission communautaire française, vous avez annoncé, à terme, la délocalisation et la relocalisation de l’actuel hall omnisports qui ne sera donc pas purement et simplement démantelé.

Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Le hall omnisports sera en effet délocalisé. S’agissant d’une infrastructure dont la qualité a été considérée comme peu pertinente par le bureau d’études qui s’est chargé de l’analyser, nous allons faire en sorte de construire un bâtiment d’une plus grande qualité architecturale.

 

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CR n°31 (2015-2016), Mars 2016, pp. 22-25