Interpellation concernant les concertations avec les autorités de la périphérie bruxelloise en matière de mobilité.

INTERPELLATION DE M. GAËTAN VAN GOIDSENHOVEN À MME BRIGITTE GROUWELS, MINISTRE DU GOUVERNEMENT DE LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE, CHARGÉE DES TRAVAUX PUBLICS ET DES TRANSPORTS,

concernant « les concertations avec les autorités de la périphérie bruxelloise en matière de mobilité ».

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Circuler à Bruxelles en voiture ou en camionnette est un véritable enfer, plus particulièrement encore depuis le début de l’automne ! Il ne se passe pas un jour de la semaine sans que de simples déplacements vers le centre-ville n’aient pour conséquence d’importantes pertes de temps pour les conducteurs. Au nom d’une part très importante de la population, je souhaite attirer votre attention sur cette situation intolérable.

Les récents articles du quotidien Le Soir, basés sur des déplacements chronométrés à Bruxelles, démontrent que l’usage de la voiture coûte beaucoup plus de temps que le recours à d’autres modes de déplacements comme le scooter, le métro ou les transports en commun. Plus préoccupant encore, cette enquête indique également que les voyages en voiture vers et dans Bruxelles prennent bien plus de temps aujourd’hui qu’il y a à peine quelques années. Voilà qui devrait évidemment réjouir ceux qui stigmatisent les 85% de nos concitoyens qui possèdent une voiture. Honte à nous !

(Colloques)

Cependant, Mme la ministre, vous savez que bon nombre de personnes ne peuvent ou ne souhaitent pas renoncer à la voiture, la camionnette ou au véhicule de livraison. Dans ce contexte qui s’impose aux décideurs, je rappelle que notre Région est en interaction perpétuelle avec sa périphérie. Or, la définition de politiques de mobilité efficaces ne peut s’élaborer qu’en étroite collaboration avec les autres acteurs publics actifs dans, mais aussi autour de Bruxelles.

À cet égard, de nombreux observateurs bruxellois semblent regretter certains aménagements réalisés pour fluidifier la circulation automobile en périphérie alors que d’autres, en Région de Bruxelles-Capitale, n’auraient pour unique ambition que d’empêcher le passage de ces mêmes voitures. Voilà une situation bien belge !

Je souhaiterais être davantage informé sur les contacts officiels que vous nouez avec les instances actives en périphérie de la Région de Bruxelles-Capitale en matière de mobilité. Organisez-vous des réunions de travail avec les échevins des communes périphériques en charge de la mobilité et/ou des travaux publics, en vue de rendre cohérents les aménagements urbains programmés tant en Région de Bruxelles-Capitale que dans ces communes ?

Selon des informations de première main, puisque recueillies auprès de décideurs de certaines de ces communes périphériques, il n’existerait aucun contact entre vous et les membres des collèges de nos communes voisines. Je ne doute pas un instant que vous aurez une autre lecture du dossier. Aussi, pourriez-vous m’indiquer clairement à quelles dates furent organisées ces dernières concertations avec ces pouvoirs locaux ? Quel en fut l’ordre du jour ?

Concernant à présent vos contacts avec la Région flamande, qu’en est-il de vos contacts avec votre collègue du gouvernement flamand en charge de la mobilité ? Je vous demande tout aussi précisément à quelle date furent organisées ces dernières concertations avec votre homologue et quel fut l’ordre du jour principal ?

Enfin, je souhaiterais être plus amplement informé au sujet de vos contacts officiels avec la province du Brabant flamand qui gère certaines voiries en bordure de la Région de Bruxelles-Capitale.

Nous assistons de plus en plus à un véritable choc des cultures entre la Flandre qui réfléchit à améliorer la circulation des véhicules, notamment par l’élargissement du ring, et Bruxelles qui semble vouloir exclure de ses frontières un maximum de véhicules.

Notons que nos amis flamands veillent aussi à faciliter les déplacements et les livraisons dans les différents zonings installés aux portes de Bruxelles et qui sont très créateurs d’emplois, ce qui constitue un défi dans notre Région.

Dans ce climat très concurrentiel, je relève, sauf si vous pouvez me démontrer le contraire, que nos politiques de mobilité ne visent bien souvent qu’à diminuer l’espace dévolu aux voitures et véhicules de livraison par des aménagements parfois fantaisistes.

Je souhaite plus de lucidité et de clairvoyance dans ce climat économique très concurrentiel entre les Régions.

Je souhaite enfin que le droit aux déplacements et la défense de ce qui reste de l’économie bruxelloise soient bien mieux pris en considération lorsqu’il s’agira d’organiser l’indispensable concertation entre Bruxelles et sa périphérie en matière de mobilité.

[Intervention de M. Philippe Close]

[Intervention de M. Aziz Albishari]

Mme Brigitte Grouwels, ministre.- Je suis assez d’accord avec l’approche de M. Close : il est important que les Régions travaillent ensemble dans toutes les matières, mais surtout en mobilité. Cela n’a pas de sens de se tourner le dos. Nous devons régler les problèmes ensemble et créer ces situations win-win dont nous avons déjà parlé ici.

Dans l’accord de gouvernement fédéral, il est prévu de créer une sorte de « communauté métropolitaine » au sein de laquelle on pourrait collaborer pour trouver des solutions à toutes sortes de problèmes, dont ceux de de mobilité.

La transmission d’informations est le point de départ de toute action. Pour aller dans ce sens, depuis le début de cette législature, j’essaye de créer des contacts avec la Région flamande, parce qu’elle est toute proche. La Région wallonne n’est pas éloignée non plus, et je voudrais aller dans le sens d’une coopération entre les trois Régions.

M. Goidsenhoven, une concertation a lieu avec les communes de la périphérie dans le cadre des plans communaux de mobilité. En général, Bruxelles Mobilité est invité aux comités d’accompagnement des plans de mobilité des communes voisines. Dans la plupart des cas, les communes de la périphérie ne sont pas conviées aux comités d’accompagnement des plans communaux de mobilité (PCM) des communes bruxelloises. Néanmoins, les bureaux d’études engagés lors de travaux concrets consultent toujours ces communes en tenant compte de leurs choix. Il est donc normal que ces communes ne me voient pas : elles sont consultées par les bureaux d’études.

En ce qui concerne les projets réalisés sur les routes régionales qui ont des répercussions en dehors de la Région, le chef de projet consulte toujours les communes limitrophes concernées.

Je tiens ici à préciser qu’il n’existe plus de voiries provinciales en Flandre. Le Brabant flamand n’est donc pas un partenaire en ce qui concerne les projets sur les voiries régionales. Dans d’autres secteurs, bien.

Dans le cadre de l’accord de principe entre la Région flamande et la Région de BruxellesCapitale, des concertations sont menées régulièrement. Plusieurs groupes de travail ont été créés depuis le début de cette législature, afin de structurer cette concertation autour de différents thèmes.

Ainsi, l’offre extrarégionale en transports en commun fait l’objet de concertations régulières et des études sont menées sur les moyens d’améliorer l’intégration des tarifs. Dans le groupe de travail chargé de la voirie, qui s’est réuni la dernière fois le 26 octobre 2011, les discussions ont trait aux projets sur les voiries régionales.

À titre d’exemple, l’ordre du jour de la dernière réunion mentionnait les points suivants : l’évolution du schéma directeur de Schaerbeek-Formation et, plus précisément, le raccordement de l’éventuelle nouvelle route de l’Industrie au boulevard de la Woluwe ; une liaison plus directe entre la sortie 17 du Ring et le tronçon du boulevard de l’Humanité situé sur le territoire de la Région flamande mais dont la gestion incombe à la Région de Bruxelles-Capitale, et la concertation sur l’harmonisation des travaux prévus.

Le groupe de travail chargé de la gestion dynamique de la circulation, qui s’est également réuni le 26 octobre, a traité les points suivants : la situation du projet de gestion dynamique de la circulation sur le ring et aux alentours de celui-ci ainsi que les itinéraires alternatifs en cas de calamité.

D’autre part, la province du Brabant flamand joue un rôle assez primordial dans le cadre du groupe de travail chargé du vélo : elle a désigné un fonctionnaire qui préside ce groupe de travail ce qui n’empêche pas la Région de Bruxelles-Capitale de participer aux discussions. À titre d’exemple, ce groupe de travail se penche sur le lancement d’une étude portant sur le RER vélo.

Ces exemples servent à illustrer les discussions très concrètes qui nous réunissent régulièrement. 

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Je ne me livrerai pas à une guerre des chiffres, d’autant que ce n’était nullement le but de mon interpellation qui visait à mettre en lumière des approches risquant de se distancier l’une de l’autre et de produire des conséquences sur la mobilité et en termes économiques.

Lors d’une commission à laquelle vous participiez, nous avons longuement parlé du développement de grands centres commerciaux ; il ne m’a pas semblé qu’ils étaient totalement coupés de toute accessibilité automobile. Voilà qui montre que celle-ci reste une composante de la réalité économique et d’une certaine forme de pragmatisme avec laquelle il faut composer en ces temps d’hyperconcurrence oppressant notre îlot bruxellois.

Vous avez discuté de relations avec des communes de la périphérie et vous dites que les bureaux d’études les consultent. En cas de projet dans les communes de la périphérie, sommes-nous identiquement consultés ?

Ensuite, vous nous avez dépeint un panorama idyllique en matière de collaboration. J’en suis étonné. Si vous nous certifiez que vos rapports avec vos collègues, principalement du nord du pays, se passent parfaitement, j’imagine qu’à l’avenir, nous ne connaitrons plus de situations aberrantes comme celles développées dans les médias ces derniers mois : coupure d’une avenue et autres joyeusetés du genre.

Je vous fais confiance. Il vous appartient de dialoguer avec vos collègues.

 

Pour retrouver l’intégralité des discussions, veuillez cliquer ici.
CRI COM (2011-2012) n° 23, Décembre 2011, pp. 39-47