Interpellation concernant le Musée d’art moderne à la Porte de Ninove.

INTERPELLATION DE M. GAËTAN VAN GOIDSENHOVEN À M. RUDI VERVOORT, MINISTRE-PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT DE LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE, CHARGÉ DES POUVOIRS LOCAUX, DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE, DES MONUMENTS ET SITES, DE LA PROPRETÉ PUBLIQUE ET DE LA COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT,

concernant « le Musée d’art moderne à la porte de Ninove ».

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Lors de la dernière rentrée parlementaire, je vous ai interpellé au sujet du développement du plan du canal. Nous avons évoqué le dossier du futur musée d’art moderne et contemporain en Région de Bruxelles-Capitale. À l’époque, vous me signifiiez qu’il s’agissait d’un dossier compliqué.

Si la décision politique « ferme et définitive de créer un musée d’art moderne et contemporain » a été prise en Région bruxelloise lors du conclave d’Ostende, les 24 et 25 mai derniers, on ne peut pas dire que depuis lors, beaucoup d’informations nous soient parvenues à ce sujet. La zone du canal, et plus particulièrement la Porte de Ninove, ont été évoquées comme lieu d’implantation privilégié. Travaille-t-on toujours dans cette perspective ? Le calendrier et le lieu d’implantation de ce musée ont une grande importance.

Où en sont les discussions sur le mode de gestion de ce futur musée ?

Je souhaiterais également aborder avec vous les questions de calendrier, de financement et des synergies à exploiter.

Ce dossier est régional et non communautaire, comme me l’a confirmé le ministre de la Culture de la Commission communautaire française (Cocof). Il n’empêche qu’une bonne collaboration entre vous est à souhaiter. De même qu’avec les autres ministres de la Culture et le pouvoir fédéral. Qu’en est-il de ces avancées collaboratives ?

Pourriez-vous également m’informer des discussions sur la gestion du futur musée ? Les différents ministres de la Culture compétents et le pouvoir fédéral doivent, je suppose, être étroitement liés aux choix des collections.

Pouvez-vous enfin nous dire s’il s’agira d’un musée d’art moderne ou d’art contemporain, et quelles collections vous avez décidé d’y présenter ?

Peu d’informations filtrent et le projet semble avancer très lentement. Mon inquiétude est grandissante car j’imagine que s’il y avait eu de bonnes nouvelles à annoncer, vous n’auriez pas hésité à le faire.

Lors des débats, nous avions abordé la question architecturale : il s’agissait de poser un geste architectural majeur pour « faire de ce musée un symbole de notre Région ».

En mai dernier, il avait été annoncé que nous serions fixés sur l’implantation du musée à l’été 2013. Aujourd’hui, nous n’en savons toujours pas plus.

Des quartiers de notre Région, et notamment le quartier du canal, attendent des signaux clairs quant à leur développement. Les amateurs d’art ont exprimé leurs attentes comme leurs inquiétudes, car les annonces parfois discordantes ont eu tendance à effriter leur confiance. J’espère que la situation sera rapidement clarifiée, dans l’intérêt des quartiers concernés, de la culture et de l’attractivité de notre Région.

J’espère également que les quinze à vingt ans évoqués par certains pour l’ouverture du futur musée ne seront pas la seule perspective que les Bruxellois auront pour disposer d’un musée aussi important pour le développement de la zone du canal et de l’économie créative de toute notre Région.

J’espère également que l’ensemble des forces vives préoccupées et intéressées par les questions culturelles auront à cœur d’apporter une réponse et un horizon palpable et raisonnable dans cette matière, certes symbolique mais extrêmement importante pour le rayonnement et l’attractivité culturelle de notre Région.

[Intervention de M. Yaron Pesztat]

[Intervention de Mme Jacqueline Rousseaux]

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- La Région s’intéresse à l’avenir de cette zone de manière transversale. Nous avons déjà pu apprécier le travail de l’architecte désigné par le gouvernement, Alexandre Chemetoff, dans le cadre du Plan directeur pour la zone du canal de la Région de Bruxelles-Capitale (Plan canal). Je suis en faveur de gestes architecturaux forts qui exigeront de l’audace et des changements de mentalité radicaux chez certains, car la zone du canal autorise ce type de développements.

À constater ce que les voies d’eau représentent dans d’autres grandes villes d’Europe, l’on comprend le formidable potentiel que constitue le canal. Un long travail reste à mener avec Alexandre Chemetoff. Je reviendrai avec lui sur des éléments concrets de ce Plan canal.

Le musée d’art moderne pourrait s’inscrire dans cette zone. Le projet d’un tel musée est bien réel, car les collections existent. Il ne manque qu’un lieu pour son implantation. Les représentants du secteur muséal – fondations, monde associatif, musées royaux, collections – se rencontrent régulièrement. L’idée qui a prévalu jusqu’en mai était de créer ce musée près du Cinquantenaire.

Même si le gouvernement bruxellois n’est pas compétent en la matière, il a la maîtrise de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. Il peut donc exprimer son souhait de privilégier une zone donnée. Or, il nous a semblé qu’une infrastructure culturelle de renommée internationale pouvait être intégrée au développement de la zone du canal.

Je vais vous décevoir, mais je n’ai pas de réponse définitive quant à la localisation du musée. J’entends beaucoup parler de la Porte de Ninove, mais aussi d’autres sites. Nous travaillons à trouver une solution qui rentre dans le cadre de la décision d’Ostende et nous devrions y arriver dans les semaines qui viennent.

Pour l’instant, je suis encore tenu par le devoir de réserve, mais ce n’était pas un effet d’annonce : on parle bien d’un équipement à vocation internationale du côté du canal. C’est une zone qui a un potentiel de développement extraordinaire, pour peu qu’il y ait une révolution dans les pensées.

En revanche, dans les discussions actuelles, l’idée est d’installer à la Porte de Ninove, outre du logement privé, moyen ou social, des équipements, pour créer une mixité de fonctions. Plusieurs idées circulent à ce sujet et le dossier fait son chemin au sein du gouvernement.

Ce ne sera donc pas un monstre du Loch Ness !

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Merci d’avoir donné l’espoir à tout un chacun de voir apparaître cette créature architecturale à proximité des flots troubles du canal, mais je suis néanmoins déçu de devoir m’en contenter, car cette question est importante à double titre.

En faisant une annonce, vous suscitez l’attente légitime d’une réponse précise, surtout quand on patiente depuis plusieurs mois… Mais vous laissez entendre que nous y verrons plus clair dans quelques semaines. Soit.

Dès l’on arrêtera des décisions fondamentales pour la zone du canal, il faudra identifier un terrain pour le musée, sous peine de ne pouvoir l’insérer dans la zone une fois les dispositions prises.

Si ce musée se développe comme le font de nombreuses infrastructures, le processus pourrait prendre énormément de temps. Or, son implantation doit s’harmoniser avec les développements alentours. Le musée pourrait représenter un projet locomotive majeur ou, à l’inverse, compte tenu du temps qu’implique le processus, paralyser une zone en la laissant en chantier pendant très longtemps.

J’espère donc que vous nous fournirez rapidement des éclaircissements, tout au moins au sujet de l’implantation. De nombreux grands dossiers comme celui de la gare de Bruxelles-Midi en témoignent : les gestes architecturaux sont une bonne chose, mais faire évoluer une zone nécessite également que l’on arrête un certain nombre d’orientations afin de ne pas entrer dans une longue période d’incertitudes qui entraîne davantage de questionnements qu’elle n’en dissipe.

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Je le ferai. Et j’estime par ailleurs que susciter l’attente est parfois positif.

 

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CRI COM (2013-2014) n° 58, Février 2014, pp. 7-13