Question d’actualité concernant la rencontre de membres du gouvernement avec un architecte de renommée internationale et collaboration éventuelle pour de nouveaux projets

Question d’actualité de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Monsieur Rudi VERVOORT, Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des Pouvoirs locaux, du Développement territorial, de la Politique de la Ville, des Monuments et Sites, des Affaires étudiantes, du Tourisme, de la Fonction publique, de la Recherche scientifique et de la Propreté publique

concernant la rencontre de membres du gouvernement avec un architecte de renommée internationale et collaboration éventuelle pour de nouveaux projets.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Cette semaine, la presse a fait écho d’une rencontre dédiée à l’architecture, qui vous a réuni avec le bourgmestre de Bruxelles et M. Smet autour d’un grand architecte : Rem Koolhaas.

Il a été question de l’architecture à Bruxelles durant cette entrevue. Peut-être pourriez-vous nous en dire davantage au sujet de ses conclusions ? Avez-vous ébauché une collaboration avec ce grand monsieur de l’architecture ? Avez-vous comme ambition de nouer des liens avec des architectes de réputation internationale ?

J’ai également pris connaissance du fait que vous déploriez, avec M. Smet, la banalité d’un certain nombre de projets architecturaux qui marquent l’image de Bruxelles ces dernières années. Le bourgmestre de la Ville de Bruxelles critiquait d’ailleurs étonnamment des projets qu’il a lui-même soutenus.

À l’heure actuelle, quels sont les outils vous permettant d’éviter cette banalité des formes architecturales dans notre Région ? Le recours à des concours internationaux d’architecture est-il une réponse valable pour améliorer la qualité formelle des projets architecturaux bruxellois ?

Le fait que vous vous soyez réunis à trois avec le bourgmestre de la Ville de Bruxelles indique-t-il que cette ambition architecturale est essentiellement le fait de la Ville de Bruxelles ? Votre volonté est-elle aussi de faire montre d’une qualité architecturale dans l’ensemble des dix-neuf communes ?

Même si cela fut dit sur le ton de l’humour, j’ai été interloqué par le titre de l’article : « Bruxelles est trop importante pour la laisser aux Bruxellois. » Au-delà de vos contacts avec les pontes de l’architecture, avez-vous la volonté de convoquer de jeunes architectes belges et bruxellois, de manière à ce qu’ils participent à cette réforme et cette amélioration formelle des projets architecturaux ?

Enfin, pourriez-vous nous toucher quelques mots du processus de sélection du nouveau maître-architecte, qui devrait être désigné prochainement ? Pourrais-je également vous entendre au sujet de la formulation de grands gestes architecturaux que vous aimez tant rappeler ? Quels sont-ils, dans le cadre de cette législature et pour les quelques années à venir ? Quelles seront vos initiatives en la matière ? Quels projets inscrivez-vous dans cette formulation de grands gestes architecturaux et comptez-vous soutenir, afin d’aider à changer l’image et la qualité architecturale de notre Région ?

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- La question de M. Van Goidsenhoven a le mérite d’être posée. Bruxelles manque actuellement de l’architecture iconique dont doit disposer une capitale. Ce type d’architecture porte une image qui va au-delà de l’affectation du bâtiment lui-même, son enveloppe marque le territoire. On connaît dans toutes les métropoles des bâtiments de ce type, dont l’attractivité s’étend à l’échelon international.

Il faut être au milieu du gué et ne pas toujours se dire que l’herbe est plus verte ailleurs. Rencontrer des architectes de réputation internationale est toujours intéressant, car ils nourrissent votre réflexion d’une vision qui va au-delà du bâtiment et de l’architecture, sur la ville, la vie, la citoyenneté. C’est très enrichissant pour un responsable politique, car ce n’est pas en restant confiné dans 161km² qu’on aura une vision plus universelle ou transversale. Cela permet aussi à ces architectes, évidemment, de vous dire combien ils aiment Bruxelles et combien ils voudraient pouvoir y travailler…

L’architecte que vous citez, par exemple, a créé partout dans le monde, mais n’a aucune réalisation dans notre capitale. Il est candidat à la réalisation d’un bâtiment dans le pôle de développement du site Reyers, puisqu’il fait partie du dernier carré des candidats retenus pour le futur bâtiment de la VRT sur le site. Cela montre le niveau de qualité du concours qui a été lancé.

Cela dit, je ne préjuge évidemment pas du bureau d’architecture qui sera désigné. Il faut savoir cependant que ces grands bureaux d’architecture travaillent toujours en collaboration avec des architectes bruxellois. Plusieurs bureaux participent à chaque fois parce qu’ils ont besoin d’une assise régionale pour mener à bien leurs projets.

Les architectes bruxellois ne sont donc pas tenus à l’écart. Et nous y sommes également attentifs, car nous avons aussi besoin de nos architectes régionaux, qui ont une véritable connaissance des besoins, de la réalité sociologique de Bruxelles et de la réglementation. Tout ceci explique que ces grands bureaux apportent l’élément positif qui fait parfois défaut et c’est d’ailleurs l’objectif poursuivi. De surcroît, nous procédons par concours. La transparence est donc la règle dans les choix qui sont opérés et le goût particulier pour tel ou tel bureau n’intervient en aucune manière.

Par ailleurs, on peut évidemment en penser ce que l’on veut, mais la collaboration d’architectes comme Chemetov, Portzanparc, Klouche, Hadit, Nouvel et maintenant Koolhaas, est un gage de qualité. Ce sont des architectes de renommée internationale, qui apportent une vision que nous n’avons pas, car nous sommes toujours le nez dans le guidon, et cela vaut aussi pour nos architectes.

Il y a donc un équilibre à trouver, mais, comme je l’ai dit en commission, je reste persuadé qu’il reste de la place, à Bruxelles, pour des bâtiments iconiques. Nous avons vraiment besoin de développer, à travers cette architecture, une image qui nous porte au-delà des frontières bruxelloises et des frontières de ce pays. Il faut vraiment que Bruxelles se place sur la carte internationale.

Je vous rassure donc : il va de soi que l’intérêt de la Région ne s’arrête pas aux frontières de l’une ou l’autre commune. Mais il faut néanmoins reconnaître un intérêt particulier pour la mise en valeur du centre. On l’a dit en évoquant le Plan canal, cette zone mérite un traitement particulier qui contribue à la rendre plus attractive.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Je remercie le ministre-président pour sa réponse. Comme le président l’a dit, cette discussion déborde le cadre des questions d’actualité. Dès lors, je vous propose d’ores et déjà de saisir la commission ad hoc. Un débat portant sur ces questions très intéressantes pourrait y être organisé, car elles méritent davantage que des réunions, certes très utiles, mais tenues à bureau fermé.

Pour retrouver le débat dans son intégralité, veuillez cliquer ici.
CRI (2014-2015) n°10, Novembre 2014, pp. 46-50