Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Fadila LAANAN, Ministre-Présidente du Collège de la Commission communautaire française, en charge du Budget, de l’Enseignement, du Transport scolaire, de l’Accueil de l’enfance, du Sport et de la Culture
concernant le suivi du plan culture et différents éléments de la politique culturelle de la COCOF
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Je souhaiterais faire le point sur l’avancement de vos travaux en matière de politique culturelle. À l’automne dernier, alors que mes collègues et moi vous interpellions à ce sujet, vous aviez fait état d’avancées, concernant notamment la cartographie de l’offre culturelle qui est, comme vous le dites vous-même, une question récurrente.
Ce projet, indiquiez-vous, est d’ores et déjà sur les rails puisqu’à la Région, vous avez chargé l’Agence de développement territorial pour la Région de Bruxelles-Capitale (ADT) de réaliser cette cartographie de l’offre bruxelloise. Parmi les missions qui lui ont été confiées, l’ADT doit donc classer les équipements culturels en différentes catégories, des arts de la scène et du spectacle aux cinémas subventionnés, en passant par les centres culturels ou artistiques.
Pouvez-vous nous indiquer l’état d’avancement de ce travail effectué par l’ADT ? Vous nous annonciez une finalisation de cette cartographie au printemps 2016. Le moment est venu d’en connaître les détails.
Parmi les objectifs que le gouvernement francophone bruxellois s’était fixés figure également la mise en œuvre des droits culturels, impliquant la participation de tous les Bruxellois, ainsi que la promotion de la diversité culturelle, afin que celle-ci reflète au mieux la diversité de nos quartiers. Vous avez donc décidé, afin d’opérationnaliser cet objectif, de lancer des appels à projets à l’adresse des opérateurs culturels, des maisons de quartier, des associations et des opérateurs de cohésion sociale.
Pourriez-vous nous dresser un premier bilan de ces initiatives ? Combien de projets ont-ils été rentrés ? Quels sont les axes principalement choisis par les associations qui ont répondu à cet appel à projets ? Étant donné que l’opérateur devait faire aboutir son projet entre le 1er octobre 2015 et le 31 mars 2016, pourriez-vous nous donner quelques exemples de projets choisis ? Avez-vous pu évaluer les résultats de ces projets en termes de succès, d’audience, de visites, etc., afin de pouvoir en objectiver l’utilité ?
Par ailleurs, et toujours concernant la culture, le 13 janvier dernier s’est tenu, sous votre présidence, le premier gouvernement thématique de la Commission communautaire française. Consacrée essentiellement aux thèmes du sport et de la culture, cette réunion, qui devrait donc régulièrement se répéter, a pour ambition d’insuffler une nouvelle dynamique à notre institution, mais aussi de lui donner un éclairage nouveau. Pourtant, à bien relire le document qui a été publié, je ne trouve nulle part mentionné le Plan culture. Comment expliquez-vous l’absence de cet élément capital au menu d’un gouvernement thématique voué à cette question ?
[Intervention de Madame Emmery]
[Intervention de Madame Persoons]
Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Fin 2014, l’Agence de développement territorial pour la Région de Bruxelles-Capitale (ADT) a effectivement été chargée d’élaborer un monitoring des équipements culturels. Cet outil de gestion et d’analyse territorial sera, en réalité, bien plus qu’une cartographie, puisqu’il contiendra non seulement les adresses des équipements répertoriés, mais également des informations sur les activités qui y ont lieu, les capacités des salles, les utilisateurs, etc.
Ces informations permettront d’analyser de manière suivie l’offre en équipements culturels et socioculturels, cela en lien avec les besoins territoriaux de la population. Un monitoring de cette ampleur s’élabore, comme vous vous en doutez, de manière collaborative et itérative.
À titre de comparaison, dans un secteur dont les partenaires et les critères sont clairement identifiables, l’ADT a créé le « monitoring de l’offre scolaire » en cinq ans et a trouvé à ce jour son rythme de croisière auprès de la Facilitatrice école. La réussite d’un tel projet nécessite en effet de nombreux partenariats, notamment avec le secteur culturel et les divers niveaux de pouvoir compétents.
Au cours de l’année 2015, l’ADT a développé sa base de travail : une typologie/nomenclature des équipements culturels qui est, à ce jour, portée par tous les partenaires institutionnels ou associatifs. Ce fut un travail relativement complexe, vu les différences de sémantique entre les nomenclatures francophone et néerlandophone. Une fois la typologie définie et partagée, il fallait élaborer une méthode de travail permettant de rendre permanente et fiable la collecte de données au sein de cette typologie. L’ADT a, pour cette raison, collaboré avec visit.brussels, qui gère depuis de nombreuses années la base de données « agenda. brussels ».
Une note commune a été transmise le 26 juin 2015 au cabinet du ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale, qui exerce la tutelle sur les deux structures. Elle décrit la méthodologie définie : les données sur les équipements sont collectées auprès des gestionnaires par le biais d’un questionnaire en ligne et sont intégrées dans « agenda. brussels ».
Cette façon de travailler, peu coûteuse en termes de développement, devrait garantir l’efficacité et la durabilité du monitoring.
À la suite d’une décision du gouvernement régional datant de décembre 2015, visit.brussels a pu engager, fin février, un développeur pour faire évoluer l’outil agenda.brussels dans le sens voulu pour créer le monitoring des équipements culturels.
L’ADT est en train d’inventorier les équipements qui doivent être intégrés dans le monitoring. Une vérification se fait actuellement avec les partenaires communautaires et communaux. Le questionnaire sera réalisé par le développeur dans les semaines à venir et envoyé aux gestionnaires fin août, pour que le taux de réponse soit le plus élevé possible.
L’ADT s’attend à pouvoir exécuter les premières analyses d’ici fin 2016. Il va de soi que les données inscrites dans le monitoring seront à la disposition des institutions et des structures qui participent à sa création.
Vous m’interrogez par ailleurs sur le bilan de l’appel à projets que mon gouvernement a approuvé le 7 mai 2015 et qui s’adressait aux opérateurs culturels, éducatifs, sociaux, aux maisons de quartier, associations et opérateurs socioculturels, et aux opérateurs de la cohésion sociale et de la prévention souhaitant s’inscrire de manière active dans la mise en œuvre du Plan culturel.
Quelque 72 projets ont été introduits dans ce cadre. Ils ont été examinés par un comité de sélection indépendant, qui a retenu 20 projets issus d’asbl : Alerte Urbaine, Arthé Articulation théâtrale, Centre communautaire laïque juif – David Susskind, Centre culturel de Jette, Centre culturel La Vénerie, Centre culturel Wolubilis, Compagnie Espèces de…, Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté, la Maison Bis’Art Bizarre, la Maison des enfants de Saint-Gilles, et j’en passe.
L’évaluation de ces différents projets, qui représente une étape importante, est prévue pour le mois d’août, date de remise des différents rapports d’activité.
M. Van Goidsenhoven me questionne enfin sur la raison pour laquelle le terme « Plan culture » ne figure pas dans le document relatif au gouvernement thématique consacré à la culture du 13 janvier dernier. En réalité, il ne s’agit que d’une pure raison de forme, qui s’explique par le fait que ce gouvernement thématique inaugure toute une série d’autres gouvernements thématiques consacrés à la santé, à l’action sociale ou à la formation professionnelle qui, eux, ne reposent pas sur un plan spécifique. Il ne s’agit donc pas du tout d’une volonté d’éluder ou d’exclure la terminologie Plan culture.
En revanche, si vous avez analysé consciencieusement le contenu du programme présenté dans le cadre de ce gouvernement thématique consacré à la culture, vous y aurez notamment découvert :
– un appel à projets 2016 pour la promotion du dialogue interculturel et du vivre ensemble ;
– l’octroi de quatre labels d’utilité publique à différents spectacles destinés au public scolaire ;
– le soutien renforcé au secteur des cafés-théâtres ;
– le soutien à la création théâtrale participative, en collaboration avec les CPAS ;
– la promotion des arts circassiens ;
– le renforcement de l’art-thérapie ;
– la mise en place d’une nouvelle gouvernance basée sur la simplification administrative.
Ceci démontre bien à quel point les différents axes du Plan culture sous-tendent l’ensemble de ces projets culturels, qui se veulent par ailleurs innovants et créatifs, tout en restant fidèles à l’accord de majorité.
Pour répondre à Mmes Emmery et Persoons, il m’apparaît clair que nous souhaitons évidemment renforcer la dimension culturelle de notre travail au gouvernement. Il s’agit de répondre à un certain nombre de défis pour la Région bruxelloise. Concernant l’idée d’une candidature de Bruxelles en tant que Capitale européenne de la culture en 2020, lancée par mon prédécesseur en 2013, vous connaissez les délais.
Nous venons d’avoir une capitale culturelle en Wallonie avec Mons 2015. Il n’est pas pensable d’en avoir une autre pour 2020. Les deux pays sélectionnés pour 2020 sont d’ailleurs la Croatie et l’Irlande. On peut éventuellement imaginer une nouvelle candidature pour 2030. Vu le nombre de pays de l’Union européenne, il faut que chacun puisse trouver son bonheur.
Cela ne doit pas nous empêcher de mettre une priorité sur les dispositifs culturels. Je pense à tout le travail que nous réalisons dans le cadre du gouvernement thématique. Nous avons mis en place, avec l’ensemble des CPAS, un dispositif visant à faire participer des allocataires sociaux à des activités culturelles, voire à les amener à devenir eux-mêmes des acteurs culturels.
Ce n’est évidemment pas une, mais des réponses, qui doivent être apportées tant par le gouvernement bruxellois que par celui de la Commission communautaire française aux difficultés économiques que rencontre Bruxelles. Le ministreprésident du gouvernement bruxellois et le ministre de l’Économie ont déjà apporté un certain nombre de réponses pour essayer de soulager les entreprises et leur permettre de faire face.
Dans quelques jours, une réunion du gouvernement bruxellois cherchera des réponses à la situation difficile dans laquelle se trouve notre Région. L’une de ses réponses à apporter est celle du soutien plus important aux communes pour développer des projets culturels qui peuvent faire sens et favoriser la cohésion sociale. Ce sera sans doute l’un des chantiers que je déposerai sur la table du gouvernement.
Au niveau du gouvernement francophone, nous avons eu l’ambition d’augmenter les moyens financiers pour répondre à tous les besoins des institutions et associations bruxelloises. J’espère que pour le budget 2017, nous pourrons aller encore plus loin et continuer sur cette lancée, avec le soutien de tout mon gouvernement.
Je partage l’ensemble des considérations évoquées. En effet, la culture, même si elle ne peut pas répondre à tous les problèmes, peut constituer l’une des réponses susceptibles de soutenir les entreprises, les associations, mais surtout les citoyens bruxellois qui sont bénéficiaires ou eux-mêmes acteurs de la culture.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Concernant le monitoring piloté par l’ADT, si j’ai bien compris, nous en aurons le résultat à la fin de cette année ?
Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- C’est bien cela.
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CRN n°32 (2015-2016), Avril 2016, pp. 7-10