Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Fadila LAANAN, Ministre-Présidente du Collège de la Commission communautaire française, en charge du Budget, de l’Enseignement, du Transport scolaire, de l’Accueil de l’enfance, du Sport et de la Culture
concernant le développement de BX1
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- La télévision communautaire bruxelloise BX1 semble avoir le vent en poupe et ses ambitions dépassent de loin les frontières de notre Ville-Région. Ainsi, les programmes de cette chaîne sont-ils désormais diffusés en Wallonie, via les distributeurs Proximus et VOO. Cette extension de la zone de diffusion peut constituer une plus-value pour les habitants de cette Région, qui se verront ainsi informés de la vie de la capitale.
Madame la ministre-présidente, je souhaiterais connaître l’éventuel impact financier de ce développement, notamment en termes de recettes. Le recours à Proximus et à VOO a-t-il entraîné des investissements financiers ? Ces opérateurs ont-ils exigé un paiement et, le cas échéant, pouvez-vous m’indiquer le montant consenti ?
Les recettes publicitaires sont un élément dont il faut évidemment tenir compte. Étant donné que la diffusion en Wallonie va offrir aux annonceurs nationaux une nouvelle occasion de faire de la publicité via la Régie média belge (RMB), pourriez-vous m’indiquer si les recettes publicitaires escomptées ont été estimées ?
Plus généralement, cet élargissement de la zone de diffusion est une illustration de l’évolution du mode de consommation de la télévision. Aujourd’hui, on regarde la télévision, mais on peut aussi voir ou revoir un programme ou une édition du journal d’information sur internet, que ce soit via un ordinateur, une tablette ou un smartphone.
J’ai en effet pu constater que des applications mobiles ont été récemment développées, ce qui est aussi une bonne chose. Je suis convaincu qu’il s’agit ici d’une étape qui s’inscrit dans une stratégie plus large de transformation de notre média.
Pouvez-vous donc me dresser un état des lieux de la mutation que connaît la chaîne depuis quelques mois ?
Avez-vous pu identifier les partenaires médias avec lesquels BX1 compte accompagner, voire accélérer, cette mutation plus globale orientée vers les nouveaux médias ? La Commission communautaire française a-t-elle prévu des budgets ou des financements particuliers pour accompagner et encourager cette mutation ?
Le statut géographique particulier de Bruxelles, capitale régionale, nationale, mais également européenne, me semble aussi intéressant à discuter, quant au contenu proposé. Compte tenu de la diversité culturelle qui existe à Bruxelles, et je pense ici aux nombreux représentants des pays européens qui travaillent au sein des institutions comme la Commission européenne ou le Parlement européen, mais aussi aux sociétés internationales qui ont leur siège dans notre Région, pourriez-vous m’indiquer la réflexion menée afin d’enrichir l’offre d’émissions dans d’autres langues européennes ? L’équivalent néerlandophone de BX1, Bruzz (anciennement TV Brussel), a franchi ce cap depuis quelque temps. Avez-vous examiné les possibilités de synergies susceptibles d’être développées entre BX1 et Bruzz ? Je pense ici à des partenariats techniques et/ou logistiques, lors d’événements spécifiques ou pour assurer la couverture d’une actualité importante. Quel rôle la Commission communautaire française pourrait-elle jouer, notamment dans le cadre de partenariats avec Bruzz ?
[Intervention de Monsieur Fassi-Fihri]
Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Notre télévision régionale a en effet, comme vous le dites si bien Monsieur Van Goidsenhoven, le vent en poupe, puisqu’elle a enfin réussi à obtenir l’accord des télévisions wallonnes pour être diffusée en Wallonie, ce qui constitue d’ailleurs l’une de ses plus anciennes revendications.
La première concrétisation de ces accords a eu lieu le 16 mai dernier, avec l’arrivée de BX1 en Wallonie sur le canal 25 de Proximus TV. Pour des raisons techniques, il faudra patienter encore quelques mois pour voir également cette diffusion étendue au réseau du câblodistributeur VOO.
Monsieur Fassi-Fihri, vous avez rappelé qu’auparavant, sur la base de la réglementation de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il n’était pas possible, sans l’accord d’une autre télévision locale, de dépasser sa zone de couverture. Ici, nous nous trouvons dans une collaboration et dans un assentiment des télévisions locales par rapport aux diffusions des différentes chaînes. On peut les recevoir de toute autre façon, sous différentes formes. Dans les divers réseaux de communication, il est désormais possible d’accéder aux programmes des différentes chaînes de télévision locales et régionale.
L’extension de la diffusion de BX1 répond à divers impératifs, à commencer par le droit d’accès à l’information de tout citoyen, mais aussi à une nécessité pour la chaîne de développer toute la dimension qu’elle à offrir pour permettre au public des autres Régions de mieux connaître et de mieux comprendre les réalités de la Région de Bruxelles-Capitale.
Monsieur Fassi-Fihri, vous avez raison de dire qu’il est important que toutes les personnes qui viennent travailler ou nous rendre visite à Bruxelles puissent accéder à de l’information locale et de proximité.
L’actualité regorge d’exemples montrant combien, au sein de la Belgique fédérale, il importe de ne pas ériger entre les populations des murs d’un autre âge. À titre d’illustration, je prendrai le rôle que BX1 est susceptible de jouer. Vous aurez noté qu’elle a été, avec la chaîne de radio Vivacité et en collaboration avec les télévisions locales wallonnes, le moteur de la campagne « Même pas peur », qui invitait les Wallons à savourer les plaisirs de la vie à Bruxelles.
La diffusion de BX1 en Wallonie par Proximus TV ne demande aucune adaptation technique particulière et n’a donc pas entraîné de coûts d’investissement. Les contrats passés entre la chaîne et le distributeur sont couverts par les clauses de confidentialité propres aux relations commerciales, mais je peux vous assurer qu’aucune charge supplémentaire ne pèse sur la trésorerie de BX1.
Dès lors, si demain, les recettes publicitaires sont en hausse, il s’agira d’un gain effectif qui pourra être investi dans de nouveaux développements. Au terme de la convention passée avec les télévisions locales wallonnes, BX1 ne pourra démarcher les annonceurs locaux de Wallonie. Cela me paraît normal et je pense que tout le monde comprendra cette contrainte.
En revanche, il est certain que la Régie média belge (RMB), notre régie publicitaire en charge de la commercialisation des espaces auprès des annonceurs nationaux, a accueilli cette évolution avec la plus grande satisfaction. Il est, certes, trop tôt pour élaborer des prévisions chiffrées. Il faudra d’abord que BX1 soit en mesure d’effectuer une communication forte vers le public wallon, que VOO s’aligne sur son concurrent et, ensuite, que BX1 gagne de l’audience dans ce nouvel univers. Vous l’aurez compris, M. Van Goidsenhoven, il n’y a pas de risque, mais au contraire beaucoup d’espoir.
Vous soulignez aussi, comme M. Fassi-Fihri, que BX1 ne limite pas son effort de diffusion à la télévision traditionnelle, mais développe sa présence sur les nouveaux médias. La stratégie de la chaîne est effectivement de diversifier sa présence sur le net, que les récepteurs soient fixes ou mobiles, à travers son site, sa chaîne YouTube, mais aussi les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter ou Instagram.
Cette évolution est progressive, car les recettes de BX1 sont presque totalement liées à la télévision. Il n’est donc pas facile d’investir dans ces médias essentiels pour toucher le public mais peu rémunérateurs.
Sachez d’ailleurs que BX1 est associée à une réflexion avec les télévisions locales wallonnes pour développer des synergies en ces matières. Hier, un livre blanc a été remis au ministre Jean-Claude Marcourt par l’ensemble des douze chaînes wallonnes et bruxelloise. Vous pouvez le découvrir dans le quotidien Le Soir. Cela montre les synergies et collaborations escomptées et développées par ces télévisions locales et régionale. C’est une très bonne chose.
La question de la transition de BX1 vers la diffusion numérique est, en tout état de cause, prévue dans le cadre de l’accord de majorité du gouvernement francophone bruxellois 2014-2019. Nous ne manquerons donc pas d’examiner la teneur d’un tel enjeu avec BX1 dans les prochains mois.
Vous vous interrogez enfin sur les relations entre BX1 et son homologue néerlandophone Bruzz, qui vient également de changer de nom, mais surtout de fusionner, derrière cette marque une télévision, une radio, deux périodiques et une plate-forme internet. Il s’agit d’une offre assez extraordinaire, face à laquelle le média bruxellois francophone n’est pas – il faut le reconnaître -, à armes égales. Nous devrons, dans les années à venir, nous interroger sur la manière dont nous pourrons soutenir le développement de BX1.
Je suis persuadée que la future installation de BX1 dans le pôle médias à Reyers donnera lieu à un plus grand déploiement de projets en lien avec la RTBF et avec les autres opérateurs de ce pôle médias. Cette cité des médias accueillera une série d’opérateurs, connus ou inconnus, ce qui permettra notamment de développer toutes sortes de projets de production télévisuelle.
BX1 ne peut donc pas faire moins que Bruzz, mais cela ne signifie pas que les deux entités doivent se concevoir comme antagonistes. Au contraire, la déclaration politique de mon gouvernement encourage clairement la collaboration entre les deux médias en les invitant à tenir une concertation permanente.
Celle-ci est d’ailleurs aujourd’hui une réalité. Dans les faits, BX1 et Bruzz multiplient les collaborations, en s’échangeant des images, mais aussi en coproduisant des émissions, dont certaines revêtent même un caractère bilingue. Ce fut le cas récemment lors de la captation de la Zinneke Parade, où les deux médias ont utilisé un plateau commun. D’autres initiatives semblables sont à prévoir.
Enfin, je suis consciente de cet autre avantage dont dispose Bruzz qu’est la traduction de certains programmes en anglais et en français. Il ne vous aura pas échappé que cette stratégie a quelque chose de vital pour le média de la minorité néerlandophone à Bruxelles, et qu’elle est politiquement soutenue par la Communauté flamande.
Notre institution, qui représente près d’un million de francophones, ne doit pas faire face à pareils enjeux, mais encouragera, dans la mesure de ses moyens, toute initiative visant à faire de BX1, plus que jamais, le média de tous les Bruxellois.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Pour nous tous, le développement de BX1 est extrêmement important, à la fois pour la communication intrarégionale, mais aussi, grâce au développement des médias récents, pour le rayonnement bruxellois dans le reste du pays.
J’entends bien que, pour l’instant, notre média francophone n’a pas encore la capacité de lutter à armes égales avec Bruzz. L’intégration de BX1 dans la cité des médias constitue donc une occasion pour la renforcer. Encore faut-il trouver les synergies efficaces avec la RTBF. Lors de l’une de mes précédentes interpellations, on nous avait confirmé la recherche de synergies et annoncé que la mutualisation de certains moyens n’avait pas été atteinte. C’est donc sans doute là une occasion manquée, surtout vu le climat concurrentiel actuel, même si certaines collaborations ont pu être entamées avec Bruzz, ce dont je me félicite.
Vous avez également évoqué la transition numérique. Quels sont les moyens financiers qui ont déjà été dégagés pour ce faire ?
Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Déjà à l’époque où j’étais en charge de l’Audiovisuel à la Fédération Wallonie-Bruxelles, j’ai pu favoriser et soutenir financièrement Télé Bruxelles pour pouvoir diffuser en TNT, ce qui lui permettait d’avoir une diffusion dépassant largement le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale.
Pour le reste, vous savez que la dotation de BX1, anciennement Télé Bruxelles, a été revalorisée. Je poursuivrai dans cette voie en fonction des moyens à notre disposition.
BX1 reste maître du calendrier pour le développement du dispositif numérique. Je n’ai pas d’autre calendrier plus précis à vous communiquer, mais il est clair que le gouvernement soutiendra sa chaîne régionale de manière forte puisque nous en sommes le principal bailleur de fonds.
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CR n°35 (2015-2016), Juin 2016, pp. 3-6