Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Fadila LAANAN, Ministre-Présidente du Collège de la Commission communautaire française, en charge du Budget, de l’Enseignement, du Transport scolaire, de l’Accueil de l’enfance, du Sport et de la Culture;
concernant l’annonce officielle de la future candidature de la Région de Bruxelles-Capitale comme Capitale européenne de la Culture 2030 et sur l’implication de la COCOF dans ce projet.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Le 2 septembre dernier, à l’occasion du Brussels Creative Forum, le ministre-président de notre Région, M. Rudi Vervoort, a annoncé officiellement la future candidature de notre Région comme Capitale européenne de la Culture 2030. M. Vervoort a, en outre, confirmé ce dépôt de candidature lors du prochain appel ouvert à la Belgique à l’horizon 2024.
Pour lointaine que soit cette candidature, le ministre-président bruxellois a signifié que « la réussite d’un projet de cette envergure nécessitait beaucoup de travail en amont ». À cette occasion, votre collègue a également affirmé que la réussite du projet dépendrait de la capacité de tout le secteur à se mobiliser derrière cet objectif.
Le titre de Capitale européenne de la Culture représente de nombreuses retombées positives potentielles, tant pour l’image de la Région que pour l’essor économique engendré par les nombreuses activités et festivités qu’il entraînera. Un renforcement de la cohésion sociale dans notre Région peut également découler d’un projet culturel de cette ampleur.
Si un pareil projet peut apparaître comme légitime, la Commission communautaire française étant compétente sur les questions culturelles dans notre Région, il est logique de vous interroger sur l’implication de notre institution dans le cadre de ce projet particulièrement ambitieux.
Madame la ministre-présidente, avez-vous, ainsi que le Gouvernement francophone bruxellois, été informée de la future candidature de la Région de Bruxelles-Capitale comme Capitale européenne de la Culture 2030 ?
Le travail en amont étant souligné comme nécessaire à la réussite du projet, avez-vous été consultée sur l’opportunité de cette candidature et sur ses modalités ? Avez-vous eu confirmation que la Commission communautaire française fera partie du comité d’accompagnement qui se chargera de porter le projet de candidature ? Quel rôle particulier sera-t-il confié à la Commission communautaire française dans le cadre de cette candidature ?
Le monde créatif et culturel bruxellois semble devoir jouer un rôle primordial dans le bon aboutissement du projet. Dans la mesure où elle entretient de nombreux rapports avec le monde culturel, la Commission communautaire française a-t-elle pris ou prendra-t-elle des contacts pour solliciter la participation du monde culturel francophone au projet consistant à faire de Bruxelles, d’ici quelques années, la Capitale européenne de la Culture ?
La Commission communautaire française a-t-elle été sollicitée pour prévoir des moyens budgétaires destinés à œuvrer à cette candidature ?
Quelles sont les modalités d’implication de la Commission communautaire française dans la candidature bruxelloise au titre de Capitale européenne de la Culture ? Avez-vous eu des contacts avec votre collègue et homologue Rudi Vervoort avant ou après l’annonce officielle de la candidature, le 2 septembre dernier dans le cadre du Brussels Creative Forum ?
Dans le cas contraire, quelles mesures avez-vous prises pour assurer à la Commission communautaire française une participation à ce grand projet culturel que nous avons découvert au début du mois ?
Ces quelques questions devraient nous permettre d’inscrire la Commission communautaire française dans une grande ambition bruxelloise.
[Intervention de Madame Emmery]
[Intervention de Madame Persoons]
[Intervention de Monsieur Hamza Fassi-Fihri]
Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Je remercie M. Van Goidsenhoven d’avoir mis cette question à l’ordre du jour. Je constate qu’elle a suscité un grand enthousiasme auprès de ses collègues.
Cette future candidature de la Région de Bruxelles-Capitale comme Capitale européenne de la Culture en 2030 et son implication pour la Commission Communautaire française témoignent d’un intérêt unanime pour la compétence culturelle comme outil de développement culturel et social, d’épanouissement et de cohésion dans une cité, dans une ville-région comme la nôtre et je vous remercie d’ailleurs de l’intérêt que vous portez à cette matière.
La décision formelle d’introduire la candidature de la Région de Bruxelles-Capitale fait évidemment partie aussi des prérogatives du ministre-président de la Région, M. Vervoort, et je m’associe avec enthousiasme à cette communication en tant que ministre-présidente du Gouvernement francophone bruxellois. Cette proposition s’inscrit en réalité dans une démarche initiée de longue date et qui vise à promouvoir davantage l’image de Bruxelles au niveau international. Je m’en réjouis dès lors sincèrement, partageant en cela l’analyse du ministre-président de la Région, lorsqu’il évoque la nécessité de fédérer positivement tous les Bruxellois autour d’un projet fort, comme ce fut d’ailleurs le cas en l’an 2000.
Et comme ce fut le cas, Monsieur Maron, pour Mons, Capitale européenne de la Culture en 2015.
Au-delà de la très belle gare dont dispose la ville de Mons, ce qui m’intéresse aussi, c’est le déploiement des énergies de la part des opérateurs culturels de la Région et au-delà, la Flandre, Bruxelles et des pays limitrophes comme les Pays-Bas, la France ou l’Allemagne s’y associant. Une Capitale européenne de la Culture n’est pas seulement la mise en vitrine d’une Région. Il s’agit plutôt de réussir à fédérer les énergies, quelles qu’elles soient – et surtout citoyennes -, afin de faire participer la population à des projets créateurs et artistiques.
La Commission communautaire française est associée à cette proposition d’inscrire la Région de Bruxelles-Capitale comme Capitale européenne de la culture.
La Commission communautaire française fera bien entendu partie du comité d’accompagnement du projet. Toutefois, nous ne sommes qu’en 2016. Vous êtes tous très enthousiastes et souhaitez savoir quand nous déposerons le dossier. Ayant l’expérience de Mons Capitale européenne de la Culture en 2015, puisque j’ai été ministre de la Culture en Communauté française entre 2004 et 2014, je peux vous dire que ce projet a été initié en 2003 avec la demande de la ville de Mons de se positionner comme Capitale européenne de la culture. En 2004, les Régions et le niveau fédéral se sont mis d’accord sur le choix de la capitale culturelle afin qu’une décision soit prise au niveau de la Belgique et remise à l’Europe, qui devait ensuite valider cette proposition.
Il s’agit de quelques mois ou années de procédure. Ici, nous avons manifesté notre intérêt. Ensuite, il va falloir qu’une discussion s’opère de manière plus exhaustive avec les autres Régions et ensuite avec le niveau fédéral. Je partage également l’idée du ministre-président selon laquelle le secteur créatif et culturel bruxellois doit être amené à jouer un rôle prépondérant dans l’aboutissement d’une telle candidature.
La méthode envisagée à ce stade, et qui sera soumise à l’analyse juridique, visera à créer une structure bipartite composée, d’une part, du secteur culturel et, d’autre part, des pouvoirs publics concernés.
Comme certains interpellants l’ont souligné, nous sommes au lendemain de l’annonce d’un partenariat entre la Région et le Centre Pompidou, qui porte sur un lieu emblématique. Ce site abritera, d’une part, un musée d’art moderne et contemporain, et, d’autre part, un musée de l’architecture qui aura pour vocation de mettre en valeur l’ensemble du patrimoine de la Fondation CIVA (Centre international pour la ville, l’architecture et le paysage).
En posant ce type d’acte, la Région se positionne comme un partenaire important dans la mise en évidence de la Région bruxelloise comme une capitale culturelle de haut vol, digne de grandes capitales comme Berlin.
Il y a bien sûr un certain nombre de questions que je vous proposerai de poser à mon excellent collègue, M. Vervoort, au sein du bon hémicycle. Cependant, je n’éluderai pas quelques questions.
Il est vrai, Madame Emmery, que la conférence interministérielle de la Culture (CIM Culture) organisée aujourd’hui a notamment pour ordre du jour la prise d’acte de la note du ministre-président M. Vervoort qui propose Bruxelles comme Capitale européenne de la Culture en 2030. Il existe effectivement un dossier dont l’analyse se déroulera cet après-midi.
S’agissant de l’analyse qui sera effectuée dans les semaines à venir, il faudra évidemment envisager une étude prospective et de faisabilité concernant le projet de capitale européenne en 2030.
Bien sûr, le ministre-président y associera le Réseau des Arts à Bruxelles (RAB) ainsi que le Brussels Kunstenoverleg (BKO).
Visit.brussels, qui est le « bras armé » du développement économique et touristique de Bruxelles, participera également à cette opération.
Il faudra sans doute, comme l’on a fait pour Mons 2015, créer une asbl et une fondation qui auront pour vocation de piloter le projet. Ce sont cependant des questions que je vous demanderai de poser à M. Vervoort, qui pourra être beaucoup plus exhaustif que je le suis à cet égard.
Voilà ce que je voulais partager avec vous.
Par ailleurs, il serait évidemment prématuré de vous confier des éléments ayant trait aux moyens budgétaires qui seront dédiés à la capitale, car ce point n’a pas encore été déposé à l’ordre du jour du Gouvernement régional bruxellois, moins encore du Gouvernement francophone bruxellois.
Il est clair que ces éléments figureront dans l’analyse qui sera réalisée par l’ensemble des partenaires concernés. De mon côté, sachez que je me réjouis d’ores et déjà de pouvoir m’associer, au nom du Gouvernement francophone bruxellois, à cette belle démarche qui aura pour vocation de mettre en lumière notre Région.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- J’ai bien entendu vos réponses ainsi que les différentes interventions des collègues, qui s’associaient à mon intérêt pour cette future candidature.
Nous sommes tous conscients qu’à ce stade, tous les éléments constitutifs du dossier ne peuvent encore être établis. Néanmoins, vous nous dites qu’il a d’ores et déjà été décidé que la Commission communautaire française serait associée à la fois au projet et au comité d’accompagnement.
Si tout ne peut être déjà établi, il faut cependant être vigilant, dès le départ, pour que la Commission communautaire française ne disparaisse pas des radars. Il est en effet parfois difficile de redresser la barre ultérieurement. Mais vous avez aujourd’hui affirmé qu’elle serait partie prenante et active dans ce projet. Nous en verrons donc les futures étapes, y compris les questions budgétaires.
J’espère que la Commission communautaire française pourra exister dans ce projet et y apporter une part utile, et que nous pourrons en savoir davantage dans ce parlement ainsi qu’au parlement régional, où j’ai également introduit une interpellation pour préciser ce projet.
On ne fédère jamais autant que lorsque l’on est clair dès le début avec l’ensemble des partenaires, la Commission communautaire française ou les communes dans le cas qui nous occupe.
Si nous voulons mener à bien des projets de cette envergure, il est important de fédérer, de rassembler et d’éviter cette propension bruxelloise à écarter les uns pour renforcer les autres.
Si nous voulons être à la hauteur de nos grandes ambitions, évitons de mettre au ban l’un ou l’autre des partenaires.
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CR n°39 (2016-2017), Septembre 2016, pp. 3-7