Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à M. Rudi VERVOORT, Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des Pouvoirs locaux, du Développement territorial, de la Politique de la Ville, des Monuments et Sites, des Affaires étudiantes, du Tourisme, de la Recherche scientifique et de la Propreté publique
concernant l’annonce officielle de la future candidature de la Région de Bruxelles-Capitale comme capitale européenne de la Culture 2030.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- À l’occasion du Brussels Creative Forum, vous avez annoncé officiellement la future candidature de notre Région comme capitale européenne de la Culture pour 2030. En outre, vous avez confirmé le dépôt de candidature lors du prochain appel ouvert à la Belgique à l’horizon 2024. Pour lointaine que soit cette candidature, vous avez souligné que « la réussite d’un projet de cette envergure nécessite beaucoup de travail en amont. »
Vous avez également relevé que la réussite du projet dépendra de la capacité de tout le secteur à se mobiliser derrière cet objectif. Le titre de « capitale européenne de la Culture » suppose de nombreuses retombées positives potentielles, tant pour l’image de la Région que pour l’essor économique engendré par les nombreuses activités et festivités qu’il suscitera.
Si un pareil projet peut paraître légitime, une annonce de la sorte nécessite un certain nombre d’éclaircissements. En effet, cette future candidature a-t-elle été précédée d’une étude préalable sur les impacts et les obligations découlant de ce type de procédure ?
Des contacts ont-ils été noués avec les organisateurs de Mons 2015 afin d’évaluer la portée et les contraintes d’une candidature bruxelloise ?
Le travail en amont étant considéré comme un élément nécessaire et indispensable au projet, un plan d’action a-t-il été décidé par le gouvernement ? Peut-on, à ce stade, en connaître les grandes lignes ?
Un comité d’accompagnement indispensable pour construire ce genre de candidature a sans doute été décidé ou le sera très prochainement. Pouvez-vous nous éclairer sur ses modalités de constitution ?
L’ensemble des communes bruxelloises seront-elles associées ? Les collèges des bourgmestres et échevins seront-ils informés de cette démarche que vous avez lancée et y seront-ils associés ?
Le monde créatif et culturel bruxellois est appelé à jouer un rôle primordial dans la réussite du projet, ce qui est normal. Quelles sont les modalités de leur implication envisagées à ce stade ?
Un budget visant à lancer les premières phases du projet de candidature a-t-il été décidé ? Dans l’affirmative, peut-on en connaître le montant ? Dans la négative, quand sera-t-il établi ?
Très concrètement, quelles seront les prochaines étapes de la candidature de notre Région comme Capitale européenne de la culture 2030 ?
En résumé, je souhaiterais savoir comment le mécanisme de cette candidature a été enclenché et quelles en seront les prochaines étapes.
[Intervention de Madame Persoons]
M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Je tiens tout d’abord à remercier M. Van Goidsenhoven pour son enthousiasme systématique et l’intérêt constant qu’il porte aux projets que je porte.
Les questions de l’interpellation d’aujourd’hui constituent évidemment le reflet quasi exact des décisions prises par le gouvernement bruxellois en date du 17 octobre dernier. En effet, il nous semble indispensable de mettre en œuvre un projet qui réenchante Bruxelles : notre jeunesse, le terreau associatif et tout ce qui constitue la richesse bruxelloise.
C’est dans cet esprit que j’ai proposé à l’ensemble des opérateurs culturels bruxellois et au gouvernement la candidature de Bruxelles comme capitale européenne de la Culture pour 2030. L’horizon est encore lointain, mais ceci prouve que nous savons nous projeter sur le long terme. En effet, il s’agit d’un événement catalyseur qui s’inscrit dans le développement à long terme de notre Région. Il s’agit évidemment d’un projet de nature à fédérer toutes les forces vives et tous les pouvoirs publics autour de l’avenir de Bruxelles.
À ce titre, en termes de légitimité et d’opportunité économique et au-delà des inévitables polémiques – mais n’est-ce pas là un mal bien belge, à l’instar de ce qui s’est passé pour Mons 2015 où certaines choses se sont même démontées toutes seules ? -, il y a lieu de rappeler que cet horizon 2030 coïncidera avec le bicentenaire de la Belgique.
C’est donc aussi un pari sur l’avenir. J’ai insisté sur ce point lors de la conférence interministérielle (CIM) Culture – puisque cela m’a valu le plaisir de rencontrer Mme Sleurs – en disant que pour nous, c’était aussi un signal de la capitale à l’ensemble du pays, un message allant au-delà des Bruxellois et adressé à la Belgique. Parmi les idées qui émergent, il y a d’ailleurs celle d’un partenariat avec une ville flamande et une ville wallonne, afin de montrer que Bruxelles, par son rôle de capitale belge, internationale, européenne… rayonne au-delà de ses frontières.
On ne fera pas l’impasse sur la richesse du secteur culturel bruxellois si l’on veut que les Bruxellois s’approprient cet événement. La logique est donc de partir du terrain. On n’y arrivera pas en partant du sommet et en imposant un programme blingbling qui ne ferait que remettre en avant ce qui existe déjà. Ce serait passer à côté du sujet.
Cette candidature implique la mobilisation de toutes les forces vives en amont et nécessite la création d’une structure pour concevoir et mener à bien cette manifestation. Celle-ci devra bien sûr être dotée de la capacité administrative et financière suffisante pour pouvoir mener ce travail à terme. À ce titre, il faut relever que la qualité des contacts et réseaux qu’elle saura mettre en place avec la société civile sera fondamentale. Cette structure et son directeur devront évidemment bénéficier d’une certaine indépendance, y compris dans le fonctionnement, pour assurer la réussite de ce projet.
2030, cela peut paraître loin, mais c’est assez proche lorsqu’on porte des projets de cette envergure. Cela implique déjà que la candidature soit déposée en 2024.
Vous me demandiez comment cela avait été perçu à la CIM Culture.
Certains peuvent se demander pourquoi Bruxelles ; d’autres peuvent, par réflexe, se dire spécialistes de la culture. Ici, la Région bruxelloise veut vraiment jouer le rôle de plate-forme et réunir tous les interlocuteurs. Si elle ne le fait pas, personne ne le fera à sa place.
Après la conférence interministérielle, Mme Sleurs est intervenue pour que la référence à « Bruxelles, capitale culturelle » ne figure pas dans le communiqué de presse. C’est cela la réalité, inutile de la cacher. Je trouve donc assez étonnant que l’on nous fasse ensuite la leçon concernant Bruxelles.
Il faudra bien sûr tenir compte des expériences précédentes, y compris celle de Bruxelles 2000, et de ce qui s’est bien fait ailleurs. C’est la raison pour laquelle il faut commencer à monter le projet dès à présent. D’ailleurs, ce soir se tient un colloque dans l’auditorium de l’espace Flagey. Colloque qui a pour objectif de dresser une sorte de bilan des années « capitales européennes de la Culture ».
La dynamique est bel et bien là. À nous de nous y inscrire. Au niveau bruxellois, le « nous » rassemble le Réseau des Arts, le Brussels Kunst Overleg, le Conseil bruxellois des musées et la concertation des centres culturels que l’on rencontre régulièrement. C’est tout ce monde-là qu’on va devoir mobiliser à Bruxelles. C’est d’ailleurs à lui qu’on a annoncé en primeur la candidature de Bruxelles.
À court terme, le gouvernement a pris une série de décisions. Une première étude de faisabilité et d’impact de la candidature en termes économiques, touristiques, sociaux et de création d’emplois sera confiée à visit.brussels. Nous allons également lancer une étude juridique externalisée sur le type de structures à mettre en place, afin d’identifier la structure la plus ad hoc. En effet, je pense qu’il faut associer l’ensemble des acteurs bruxellois, ce qui implique aussi les dix-neuf communes qui possèdent un précieux tissu associatif et patrimonial. Il s’agira d’être le plus inclusif possible et de fédérer toutes les énergies.
Sur ma proposition, le gouvernement m’a également chargé de créer un comité scientifique, qui réunira des personnalités reconnues pour leur apport et leur contribution aux questions et enjeux soulevés par cette candidature. Notre consultation sera la plus large possible afin de constituer un comité scientifique le plus représentatif et le plus légitime qui soit. Cette démarche est indispensable sur le long cours et, de plus, nous pouvons nous le permettre. En définitive, cela va au-delà des personnes ici présentes dans cette pièce, hormis peut-être les plus jeunes d’entre nous.
S’agissant d’un projet à long terme, nous désignerons un « régisseur » pour le suivi du dossier, à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine. Selon moi, il devrait être choisi parmi les réseaux bruxellois. Nous sommes largement dans les temps.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Le projet sera lancé à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine. Dès lors que la phase préparatoire aura été entamée, nous pourrons déterminer les modalités organisationnelles relatives à cette course de fond. Bien que 2030 soit encore un horizon lointain, il importe que l’on puisse présenter un projet construit et cohérent en 2024 dans le cadre du dépôt de notre candidature.
Je suppose que tous les niveaux culturels seront impliqués dans ce projet, à savoir la Communauté flamande, la Commission communautaire française (Cocof) et la Fédération Wallonie-Bruxelles ? J’aimerais que vous puissiez me le confirmer. Lorsque je me suis entretenu avec Mme Laanan sur ce sujet, elle ne semblait pas encore avoir été impliquée dans la démarche.
Pour ce qui est des moyens financiers, je suppose que rien n’a encore été établi à ce stade si ce n’est les frais consentis à l’étude de faisabilité et à l’étude juridique. Quand le budget dédié à ce projet sera-t-il élaboré ? Sera-t-il abordé dans le cadre des discussions budgétaires prochaines ? Pouvez-vous nous le confirmer ?
M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Pour l’instant, il n’y a pas de budget spécifique, mais les moyens seront dégagés dans les allocations.
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CRI COM (2016-2017) n°27, Novembre 2016, pp. 9-16