Membre de plein droit de la Francophonie, la Belgique n’en a jamais accueilli le sommet, qui se tient tous les deux ans depuis 1986. La capitale de l’Europe va-t-elle enfin saisir l’opportunité d’une candidature pour 2022 ?
Le 27 novembre dernier s’est clôturé le XVIe Sommet de la Francophonie. À cette occasion, dans la capitale malgache, 84 États et gouvernements ayant le « français en partage » se sont réunis. Si ces pays et collectivités représentent ensemble pas moins de 900 millions d’hommes et de femmes, notre langue compte en réalité (selon les chiffres de 2014) 274 millions de locuteurs répartis sur les cinq continents. Selon les projections, ils seront 400 millions en 2025, plus de 700 millions en 2050 et pourraient dépasser le milliard d’individus à l’horizon 2065.
Sans verser dans une forme d’optimisme béat sur l’avenir de l’espace francophone, force est de constater que son dynamisme contredit le défaitisme qui est trop souvent exprimé par les défenseurs de la langue française. Rappelons également que notre langue est la seconde qui soit la plus pratiquée dans les organisations internationales. Pour autant, si le français progresse au Sud, force est de constater que, sur le continent européen, il a été progressivement marginalisé à partir des années 90, au profit d’un recours unilatéral à l’Anglais. Dans le contexte de l’Union européenne post-Brexit, ce n’est pas tant la défense d’une langue contre une autre qu’il faut promouvoir mais bien celle du multilinguisme dans l’espace européen. Quel sens donner aux inquiétudes populaires face au Ceta et plus encore au TTIP si nous ne parvenons pas à agir en faveur de notre propre langue et, au-delà, au bénéfice d’une diversité culturelle à l’échelle européenne ?
Une candidature pour 2022 ?
L’Etat belge, tout comme la Fédération Wallonie-Bruxelles, sont des membres de plein droit de la Francophonie. Ils le sont respectivement depuis 1970 pour le premier et 1980 pour le second. Pour ce qui concerne la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous arrivons à 36 ans d’implication au sein des instances francophones dont elle est l’un des principaux contributeurs. Pourtant, alors que nous venons de clôturer le XVIe Sommet de l’OIF, il faut constater que jamais cet événement majeur ne s’est déroulé en Belgique. En 2018, ce sera le tour de l’Arménie et en 2020, celui de la Tunisie. Une candidature pour 2022 est donc largement envisageable, nous disposons de six ans pour la préparer. Qu’un pareil sommet soit par ailleurs accueilli au cœur même de la capitale de l’Europe, Bruxelles, ville cosmopolite ouverte sur le monde, serait riche de sens. Comme riche de sens serait cette occasion de rappeler la place de la langue française en Europe et l’importance du dialogue des cultures dans un monde de plus en plus globalisé.
Une occasion à ne pas manquer
Le ministre-président Rudy Demotte a dernièrement souligné que la Francophonie devait être irréprochable en son sein et intransigeante sur ses valeurs. Organiser un sommet à Bruxelles permettrait de donner une tribune extraordinaire à cette exigence de respect des droits humains, de tolérance et d’ouverture aux autres cultures. Ce serait une occasion unique de raffermir les valeurs portées par la Francophonie à l’heure où, de sommet en sommet, la multiplication des adhésions sans réelle attache avec cette dernière risquerait de vider l’institution de son identité. Le malaise est patent avec la demande d’adhésion de l’Arabie saoudite en qualité de membre observateur. Si la décision sur cette adhésion a toutefois été reportée, il semble temps de se pencher sur l’avenir de la Francophonie internationale. En tant qu’organisateur d’un prochain sommet à Bruxelles, nous aurions la possibilité de positionner la question des valeurs au centre du questionnement francophone comme nous pourrions porter haut la voix de la Francophonie au cœur même des institutions européennes. Qui oserait prétendre qu’une pareille occasion ne doit pas être saisie ?
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Article mis en ligne le 07 décembre 2016.