Question orale de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Monsieur Rudy DEMOTTE, Ministre-Président du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en charge des Relations internationales,
concernant la délégation de la FWB en Haïti.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – Du 20 au 25 novembre dernier, une délégation de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont vous faisiez partie, s’est rendue en Haïti afin de célébrer le 20 e anniversaire de la coopération entre notre Fédération et Haïti. À cette occasion, et pour prolonger une coopération longue de 20 ans, l’établissement d’une prochaine commission mixte permanente entre les deux partenaires a été mentionné. Cette cinquième commission mixte devrait voir son programme quinquennal débuter dès 2018 pour se terminer en 2023.
Monsieur le Ministre-Président, confirmez-vous ces informations? Le cas échéant, pourriez-vous nous détailler le calendrier précis fixé pour la création de ce nouveau cadre? D’après les informations relayées par la presse, la coopération s’établira notamment autour d’axes prioritaires tels que la formation professionnelle et technique, l’éducation et la culture. D’autres chantiers de coopération sont-ils prévus? Comment se manifesteront-ils sur le terrain? Quel montant sera-t-il affecté par la Fédération Wallonie-Bruxelles afin de mener à bien les actions engagées?
En outre, je souhaiterais connaître les conditions requises pour qu’un tel partenariat puisse s’établir avec la Fédération Wallonie-Bruxelles. Des conditions particulières s’imposent-elles au nom du respect des droits de l’homme et des minorités, et sont-elles respectées par Haïti? Au vu du niveau d’extrême pauvreté de la population haïtienne et après la catastrophe naturelle qui a récemment frappé le pays, des chantiers particuliers permettront-ils d’accompagner le pays vers une situation plus stable, plus juste et plus durable? Enfin, quel bilan tirez-vous des cinq jours de visite en Haïti par la délégation de la Fédération Wallonie-Bruxelles?
M. Rudy Demotte, ministre-président. – Monsieur le Député, je vous remercie pour votre question qui me permet de mettre en exergue certains points. Notre visite en Haïti nous a été utile sur divers aspects. Elle nous a permis de rappeler aux autorités haïtiennes combien la coopération avec Haïti – pays qui a connu de récents changements politiques – est importante à nos yeux, mais aussi qu’Haïti est l’une des destinations prioritaires de notre coopération au développement. Ce choix n’est d’ailleurs pas aléatoire.
La mise en œuvre de l’accord se traduit par la tenue d’une commission mixte. Vous le savez, les commissions mixtes délibèrent sur la coopération que nous mettons en œuvre. La cinquième session se tiendra au premier semestre 2018 et aura pour mission d’élaborer le programme de travail jusqu’à 2023.
Notre visite en Haïti nous a permis de fixer, en concertation avec mon collègue wallon Willy Borsus, les grandes orientations stratégiques du programme. Ses axes ont été actés dans une déclaration d’entente que j’ai signée avec M. Antonio Rodrigue, ministre haïtien chargé des Affaires étrangères. Si l’éducation est un grand axe de ce programme –avec une attention particulière accordée aux médias et aux formations professionnalisantes – la culture en est un autre axe prépondérant, et tout particulièrement la question de la lecture publique et de l’accès aux livres, peut-être encore plus importante en Haïti que chez nous. Ces axes ont été définis sur la base des attentes et des besoins de la partie haïtienne, mais aussi en fonction de notre capacité à y répondre. Nous avons donc cherché à établir une adéquation en termes d’expertise et d’engagement budgétaire.
Les rencontres ont apporté la confirmation que Haïti fait face à des urgences multiples et diverses. Mais en dépit des moyens budgétaires limités par rapport aux enjeux de la coopération dans ce pays qui connaît des situations de détresse parfois inquiétantes, nous n’avons pas du tout à rougir de l’aide que nous apportons. La Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles sont des acteurs appréciés et reconnus, tant par les autorités haïtiennes que par la société civile. En effet, notre collaboration n’est pas limitée à l’un ou l’autre secteur. Les entretiens auxquels j’ai participé avaient pour sujets principaux les droits humains, la condition de la femme, ou encore les médias et la coopération culturelle. Nous sommes attentifs à toutes ces questions. En rencontrant le président Jovenel Moïse, nous avons pu rappeler les valeurs universelles que nous portons à bout de bras à travers notre coopération et notre vision, commune à la francophonie, sur la place qu’ont les droits de l’homme et ses valeurs fondamentales dans nos échanges.
Afin d’être complet, j’ajouterai que cette visite nous a permis de prendre acte du bon démarrage du plan de coopération 2017-2021, porté par l’Association pour la promotion de l’éducation et de la formation à l’étranger (APEFE). Nous pouvons sans exagérer dire que cette mission est réellement utile, et nous en dressons un bilan positif.
Enfin, les rencontres politiques ont permis de réaffirmer la place prioritaire qu’occupe Haïti dans le champ de notre coopération internationale et plus particulièrement dans les relations bilatérales. Ces relations politiques ont permis de cerner encore mieux les besoins institutionnels de notre partenaire, mais surtout de définir la manière d’y répondre le plus efficacement possible, en intégrant ces besoins dans les axes stratégiques de coopération pour les années à venir. Insistons sur le fait que nous sommes à chaque fois devant un exercice compliqué, car nous voulons venir en support de l’autorité publique haïtienne en répondant aux besoins, notamment du secteur associatif et des citoyens, sans vouloir donner le sentiment de déforcer l’État haïtien qui est en train de se reconstruire. Nous voulons lui offrir une alternative par notre coopération au développement. La tenue de la prochaine commission mixte sera également une occasion de confirmer cette volonté de renforcer les liens et de réaffirmer l’importance de ceux-ci dans notre stratégie, qui porte nos valeurs.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – Monsieur le Ministre-Président, je prends acte de votre volonté de renforcer les liens entre Haïti et la Fédération Wallonie-Bruxelles, toutefois sans éviter les questions des droits humains et des besoins de la population. Je ne doute pas que l’exercice de coopération est compliqué. Haïti a été profondément marqué ces dernières années et le pays vit des situations politiques compliquées et instables. La frontière est parfois floue entre une coopération efficace au profit d’une population fragilisée et des actions qui pourraient être interprétées comme de l’ingérence de la part de vos hôtes. Je prends donc note de votre volonté de renforcer ces liens tout en conservant une dé- marche exigeante à l’égard de ce partenaire.
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CRIc n°112-RI29 (2016-2017), Décembre 2017, pp. 4-5