Question d’actualité sur le soutien de la SRIB à l’ouverture d’un commerce pour la vente de NAC

Question d’actualité de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à M. Didier GOSUIN, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de l’Emploi et de l’Economie,

concernant « le soutien de la SRIB à l’ouverture d’un commerce pour la vente de Nouveaux Animaux de Compagnie »

 

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- La presse d’hier et d’aujourd’hui rapporte qu’un nouvel établissement spécialisé dans le commerce des nouveaux animaux de compagnie (NAC) – reptiles divers, arachnides, mygales et autres – s’est ouvert à Bruxelles.

Sans doute s’agit-il là d’un secteur à la mode, mais cette information appelle une réflexion, car nous avons appris que l’initiative bénéficiait d’un soutien de la Société régionale d’investissement de Bruxelles (SRIB) à hauteur de 60.000 euros.

La vente de nouveaux animaux de compagnie, et en particulier de reptiles et autres mygales, est un secteur porteur à Bruxelles. Mais est-il effectivement porteur d’emploi et de dynamisme économique ? On peut se poser la question et se sentir interpellé, d’autant que les initiatives prises par votre collègue Bianca Debaets tendent, au nom du bien-être animal, à éviter la commercialisation de ces animaux qui, on le sait, sont régulièrement abandonnés. Les refuges bruxellois en sont envahis, sans qu’il soit évidemment possible de leur donner un destin, tant l’environnement bruxellois est éloigné de leur biotope naturel, comme chacun en conviendra.

Bref, la question de la motivation économique d’un tel soutien se pose, de même que celle de la cohérence avec les initiatives prises en faveur du bien-être animal dans la Région de Bruxelles-Capitale. Nous avons dit être particulièrement attentifs à cette question et vous conviendrez que les serpents, lézards et mygales ne sont pas, du moins je l’espère, un secteur d’avenir et de développement pour notre Région.

M. Didier Gosuin, ministre.- Je me réjouis de constater que la classe politique s’intéresse aux reptiles, elle qui privilégie avec excellence le caméléon.

Si ce n’est pas un secteur politique d’avenir, c’est un secteur économique. Il s’agit de l’initiative d’une personne qui a voulu créer son propre commerce pour rencontrer un besoin de niche, certes, mais néanmoins réel.

Il ne faut pas craindre pour autant des manifestations de 100 millions d’arachnides sur nos boulevards. Il n’y a que le président de cette assemblée qui rêve d’une telle hypothèse, lui qui est très attentif à ces bêtes velues.

Il s’agit donc d’un prêt de Brusoc à un jeune qui a voulu monter son entreprise. Ce prêt sur cinq ans assorti d’un taux d’intérêt de 4% – cela montre que le risque est minime – a permis de créer deux emplois. En outre, un vétérinaire vient tous les jours vérifier l’état de ces reptiles, arachnides et autres, lesquels sont tous munis d’une puce. Si vous les retrouvez demain chez vous, M. Van Goidsenhoven, vous pourrez interpeller directement Serge Vilain, le président de la SRIB, en lui demandant ce que cette tortue fait chez vous.

Rassurez-vous, nous ne sommes pas ici face à un phénomène de masse qui risque d’encombrer nos rues et nos boulevards. Il s’agit simplement d’une initiative privée qui répond à un besoin de niche. Chacun appréciera le plaisir d’avoir un reptile ou des arachnides chez lui. En tout cas, cela crée une activité économique et cela crée de l’emploi. Pourquoi pas ? Laissons vivre l’entreprise, M. Van Goidsenhoven !

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Les associations de protection des animaux seront ravies de vous entendre. D’ailleurs, je déplore que la secrétaire d’État n’ait pas pu répondre également à ce volet de ma question. Croyez-moi, il y a déjà eu des réactions. Les gens qui consacrent leur temps au bien-être des animaux sont débordés par ces nouveaux animaux de compagnie, qu’il est bien difficile de replacer ensuite dans des institutions aptes à en prendre soin. Ce sont des animaux peu adaptés à nos climats et qui posent donc un certain nombre de problèmes.

Il y a aussi le respect du vivant, même pour des animaux un peu étranges. Dans une assemblée où l’on a interdit le foie gras, peut-être devrait-on aussi avoir un peu d’intérêt pour ces créatures, qui pourraient dès demain se retrouver dans des mains peu opportunes. Le développement de ce commerce en Région bruxelloise pose donc également des questions éthiques. Évidemment, les gens qui ne sont pas sensibles au bien-être des animaux peuvent trouver cela amusant, mais les associations ont déjà montré leur émotion et s’interrogent sur notre capacité à nous intéresser à cette part du vivant.

M. Didier Gosuin, ministre.- Vous avez parfaitement raison, puisque ce commerce s’exerce dans un cadre légal fixé au niveau fédéral. Votre combat pour interdire le commerce de ces animaux devrait se diriger vers le ministre compétent. Dès lors, évidemment, il serait réglementé autrement. Votre croisade est salutaire, mais utilisez le bon canal.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- J’utiliserai le bon canal, mais il n’est pas nécessaire d’encourager cette filière à Bruxelles. Encore une fois, je constate votre peu d’empathie à l’égard de ces créatures !

 

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CRI (2017-2018), Février 2018, pp. 20-22