Question orale sur l’avenir du projet au Cinéma Palace

Question orale de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Fadila LAANAN, Ministre-Présidente en charge de la Culture

concernant l’avenir du projet culturel au Cinéma Palace

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Comme vous le savez, la Communauté française a acquis, en 2001, le complexe cinématographique Pathé Palace, situé boulevard Anspach, pour seize millions d’euros. En 2004 a été approuvé le projet de cinéma d’art et d’essai Cinéma Palace, porté par l’asbl Le Palace, dont sont notamment membres les frères Dardenne.

Au cours des deux dernières législatures, la ministre de la Culture de l’époque, à savoir vous-même, n’a pas hésité à injecter des fonds complémentaires pour concrétiser cet important projet culturel, avec, en ligne de mire, une ouverture projetée en 2013.

Aujourd’hui, on constate cependant que le Palace est toujours inaccessible au public. L’actuelle ministre de la Culture a annoncé sa réouverture à l’automne prochain et une enveloppe de 2,7 millions d’euros a été prévue pour terminer enfin les travaux. Cette somme ne serait, cependant, pas suffisante.

De plus, il apparaît que, sur les seize millions alloués au rachat du bâtiment, dix doivent encore être remboursés, à concurrence de 550.000 euros par an d’ici 2035. À cela s’ajoute le fait que le ministre du Budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles juge le projet financièrement insoutenable, mais peine à trouver une solution pour offrir un avenir au Palace.

Le ministre André Flahaut a signalé, à cet égard, que tant la Région Bruxelloise que la Commission communautaire française (Commission communautaire française) ont décliné une proposition qu’il avait pris soin de leur formuler. Suite à quoi, le ministre s’est tourné vers Beliris, tout en évoquant la possibilité, assez floue à ce stade, d’un partenariat public-privé (PPP), et celle, désastreuse, d’une remise du bâtiment sur le marché.

À l’approche des discussions budgétaires pour 2018, le ministre a signifié que cette question serait sur la table et que toutes les portes ne sont pas fermées.

Vous comprendrez que cette nouvelle a de quoi nous inquiéter quant à l’avenir d’un projet majeur pour la culture dans notre Région, et singulièrement pour le rayonnement du septième art à Bruxelles.

Le Collège a-t-il été contacté par le ministre du Budget ou la ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles en vue de soumettre une proposition visant à pérenniser le projet de cinéma Palace ? Dans l’affirmative, quelle était la nature de la proposition qui vous a été faite et quelles sont ses implications ? Avez-vous décliné ladite proposition et, le cas échéant, pour quelles raisons ?

Des contacts avec vos homologues de la Région bruxelloise ont-ils été pris en vue de sauvegarder le projet de cinéma d’art et d’essai Pathé Palace ? De nouveaux contacts sont-ils ou seront-ils pris pour éviter la liquidation, par la Fédération Wallonie-Bruxelles, d’un projet aussi avancé, et dont l’abandon aurait concrètement et symboliquement des effets désastreux sur la culture dans notre Région ? De quelle marge de manœuvre la Commission communautaire française dispose-t-elle pour favoriser l’aboutissement de ce grand projet culturel au cœur de notre ville ?

Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Comme vous le signalez, le complexe cinématographique Le Palace ouvrira ses portes à l’automne prochain. Il bénéficiera d’ici là d’une enveloppe de 2.700.000 euros de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour terminer l’ensemble des travaux nécessaires à son fonctionnement.

J’ai été interrogée de manière informelle par André Flahaut, ministre du Budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles, sur la possibilité, pour la Commission communautaire française, de reprendre le complexe cinématographique Le Palace. Sa proposition était la suivante : la Commission communautaire française devait rembourser à la Fédération Wallonie-Bruxelles l’ensemble des frais que celle-ci a engagés pour l’ensemble de l’infrastructure, soit plus de seize millions d’euros, qui se répartissent comme suit :

– 5 millions d’euros pour l’achat du bâtiment ;

– 6,7 millions d’euros pour la mise en œuvre des travaux nécessaires à l’exploitation du complexe cinématographique, via un emprunt garanti à l’asbl Palace ;

– 2,7 millions d’euros pour l’équipement ;

– 1,6 million d’euros pour les travaux nécessaires à l’hébergement temporaire du Théâtre national pendant les travaux du boulevard Jacqmain.

La proposition prévoyait, en outre, que la Commission communautaire française assure ensuite l’exploitation du complexe cinématographique.

Au regard de ces montants, il ne m’a pas semblé utile de revenir vers le Gouvernement, tant ils ne pouvaient être raisonnablement supportés par la seule Commission communautaire française.

Par ailleurs, l’exploitation d’un tel complexe ne cadre absolument pas avec les missions de la Commission communautaire française.

Je m’engage à rester attentive à ce dossier. Je le connais très bien, puisque je l’ai géré à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Je n’hésiterai pas à agir, si je peux être utile, afin d’éviter que cet espace ne tombe dans la sphère complètement privée. C’est le risque, aujourd’hui, face au refus des partenaires publics potentiels.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Je prends acte de la nature de la proposition de M. Flahaut. Je n’aurai pas le mauvais goût de prétendre que j’ignore l’état des finances de notre institution. Telle que formulée, cette proposition était en effet tout à fait déraisonnable. Pour le reste, je note que vous restez attentive à ce dossier.

J’ignore par quel biais, et éventuellement en concertation avec nos collègues de la Région, vous pourriez tenter d’influencer les choix qui seront opérés par la Fédération Wallonie-Bruxelles pour permettre à ce projet d’exister et d’être pérennisé.

En effet, il serait symboliquement regrettable que ce bâtiment soit purement et simplement liquidé, après tout le travail qui a été déjà accompli et toute l’implication qu’il a déjà nécessité.

Je sais que la Commission communautaire française, vu les moyens dont elle dispose, ne peut pas jouer un rôle de premier plan dans ce dossier. Néanmoins, je pense qu’elle a une capacité d’implication politique et morale pour peser de tout son poids et éviter que le choix le plus funeste ne soit retenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles quant à l’avenir du bâtiment du Pathé Palace.

 

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CR n°48 (2016-2017), Mai 2017, pp. 29-30