Interpellation concernant la constante diminution de la vitesse commerciale des trams et bus de la STIB

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à M. Pascal SMET, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des Travaux publics et des Transports,

concernant la constante diminution de la vitesse commerciale des trams et bus de la STIB.

 M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).– Les statistiques qui viennent d’être divulguées par un quotidien sur la vitesse commerciale, tant des métros que des trams et des bus, ne sont guère encourageantes. En effet, malgré le programme Avanti, la vitesse commerciale des véhicules de la STIB ne cesse de s’éroder, venant diminuer l’attrait du recours aux transports publics.

Même le métro en heure creuse accumule au fil des années une dégradation de la vitesse commerciale, pour passer de 28,3km/h en 2010 à 27,6km/h en 2015. À ce niveau, l’argument d’un encombrement sur la ligne n’a pas de sens. On peut donc s’interroger sur les facteurs influençant cette détérioration. 

Pour les trams, on peut franchement parler d’une situation désastreuse, car les sites propres sont incontestablement de nature à améliorer la vitesse. Or, cela ne se reflète aucunement dans les chiffres.

Le phénomène de diminution de la vitesse commerciale se retrouve même en soirée, pour passer de 18,9km/h en 2010 à 17,7km/h en 2015. Comment justifier cette dégradation, alors qu’en général, les encombrements sont nettement moins fréquents en soirée ? On retrouve cette même détérioration de la vitesse commerciale pour les bus en soirée, qui passent de 26,5km/h en 2010, à 19,6km/h en 2015.

Si en heure de pointe, les lignes de tram et de bus sont inévitablement prises dans les embarras de circulation, comment expliquer qu’en dehors des heures de pointe, la situation reste tout autant inquiétante ? Ces chiffres ne peuvent laisser indifférents. En effet, alors que le gouvernement nous annonce des investissements importants, à hauteur de 5,2 milliards d’euros en dix ans, l’attractivité du métro, des trams et des bus ne fait que reculer.

Comment expliquer que le métro, échappant aux encombrements du trafic de surface, enregistre une diminution de sa vitesse commerciale au fil des années ? L’aménagement de sites propres pour trams et bus a-t-il connu un retard d’exécution en 2016 ? Dans l’affirmative, quels sont les aménagements qui n’ont pas été réalisés ? Ce retard sera-t-il résorbé en 2017 ?

Pourquoi les informations communiquées se limitent-elles à des chiffres allant jusqu’en 2015 ? Faut-il redouter de nouvelles détériorations de la vitesse commerciale en 2016 ?

[Intervention de Madame Delforge]

M. Pascal Smet, ministre.- L’évolution de la vitesse commerciale du métro entre 2010 et 2016 n’a pas de rapport avec le programme Avanti, mais avec les horaires, qui ont été recalculés dans le cadre du projet Ecodrive, qui vise à limiter la vitesse à 50km/h au lieu de 72km/h, le maximum technique. Cela offre un meilleur confort de roulage à la clientèle, grâce à des accélérations et freinages moins brutaux, ainsi que des économies d’énergie, tout en permettant à un métro en retard de se recaler sur son horaire si nécessaire en roulant à vitesse maximale.

En 2012 et 2013, la STIB a également recalculé le temps d’arrêt optimal à prévoir à chaque station, temps lié au nombre de personnes à embarquer, et ceci a entraîné une légère baisse de la vitesse commerciale.

Aujourd’hui, les horaires sont plus réalistes par rapport à l’exploitation pratique du réseau.

Le programme Avanti dépasse le cadre des sites propres pour trams et bus, car il vise aussi à améliorer les sites protégés, les équipements des feux, le respect des sites propres, la rationalisation, etc. Le contrat de gestion fixe des objectifs. Des projets sont en cours, d’autres tournent au ralenti et d’autres encore sont remplacés. Cela prend du temps, car un tel programme nécessite une concertation, non seulement avec la STIB et Bruxelles Mobilité, mais aussi avec les communes, qui changent parfois d’opinion.

M. Van Goidsenhoven, rappelez-vous, par exemple, le projet d’aménagement d’un site propre pour le tram rue de Fiennes. La commune d’Anderlecht s’y était opposée et nous avions dû trouver un compromis. Maintenant que vous êtes devenu un adepte des sites propres, je suppose que vous défendrez le site propre pour le tram dans la rue Wayez à Anderlecht ! Si vous plaidez au parlement en faveur d’une meilleure vitesse commerciale des trams et bus, dans vos communes, même sur les voiries régionales, il ne faut pas être réticent à supprimer des places de stationnement pour réaliser des sites propres de transports en commun. Il faut faire preuve de cohérence aux différents niveaux de pouvoir !

Ne tenons pas de double langage et prenons en considération les réalités propres à chaque commune. On a même vu récemment un échevin se vanter devant les habitants de sa commune d’avoir bloqué le projet d’un ministre qui prévoyait plus de pistes cyclables et de sites propres pour les trams !

Nous souhaitons en effet combler le retard au niveau de la vitesse commerciale, mais ce n’est pas évident. La Région va, notamment, reprendre à la Ville de Bruxelles la gestion des carrefours à feux situés sur son territoire, pour les équiper de systèmes télécommandés en faveur des transports publics et rationaliser les arrêts.

Citons deux exemples des initiatives régionales :

– le rétablissement de lignes de bus par l’avenue Victor et Jules Bertaux à Anderlecht, fortement pénalisées par l’état déplorable de la voirie communale, dont nous avons autorisé le réasphaltage sur l’enveloppe régionale du programme Avanti. Si vous le souhaitez, nous pouvons effectuer ensemble un test de mobilité autour de la place de la Vaillance et de la rue Wayez.

– le renouvellement de l’infrastructure ferrée de la rue Wayez, où j »espère que nous pourrons collaborer à un bon projet.

L’article du journal Le Soir auquel vous faites allusion cite seulement les chiffres officiels disponibles au moment de sa publication. Depuis lors, le rapport d’activité 2016 de la STIB a été présenté en mai 2017 et on y constate que la vitesse commerciale moyenne des réseaux de la STIB est restée globalement stable, avec 16km/h pour le tram et 16,1km/h pour le bus, soit une progression par rapport à 2015.

Les conditions de circulation jouent, évidemment, un rôle essentiel dans l’évolution de la vitesse commerciale, et nous mettons tout en œuvre pour les améliorer. Néanmoins, il reste du pain sur la planche, comme la Région n’est pas seule compétente en matière de mobilité.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Étant donné que les communes ne sont pas toujours entendues, il est intéressant d’être entendu au sein de ce parlement.

Vous avez fait allusion au dossier de la rue de Fiennes. Comment se fait-il que lorsque les autorités communales se sont étonnées de ce que l’on ne se penche pas parallèlement sur la difficulté et l’entrave de la place Bara, la seule réponse qu’elles ont reçue consistait à dire que la demande pour la rue de Fiennes concernait la STIB et que celle de la place Bara concernait Bruxelles Mobilité !

Pour résoudre les problèmes, il faut avoir une vue globale. Les communes formulent parfois des remarques intéressantes, mais les réponses qu’elles reçoivent sont parfois déroutantes. Bref, cessons cette polémique. J’essaie d’être constructif, ce qui ne signifie pas que je n’ai pas d’avis. Pour en revenir à votre réponse, que j’ai écoutée avec beaucoup d’intérêt, j’ai une question particulière de compréhension. Vous avez dit que certains projets sont ralentis ou remplacés. Qu’entendez-vous par « remplacés » ?

M. Pascal Smet, ministre.- Remplacés par d’autres opportunités.

 

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CRI COM (2016-2017) n° 55, pp. 50-55