Question orale sur les actions entreprises par WBI pour le renforcement des liens entre la FWB et la Louisiane francophone

Question orale de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Monsieur Rudy DEMOTTE, Ministre-Président du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en charge des Relations internationales,

concernant les actions entreprises par WBI pour le renforcement des liens entre la FWB et la Louisiane francophone.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – Héritage de l’histoire, la présence de la langue française en Louisiane est un particularisme tout à la fois rare et précieux en Amérique du Nord. Les bouleversements de l’histoire et l’assimilation forcée ou non ont eu raison d’une culture créole et cadienne aujourd’hui largement minoritaire.

Pour autant, cette culture francophone s’accroche et refuse de devenir une culture morte. Alors que la langue française a connu une marginalisation croissante durant l’essentiel du 20e siècle, l’espoir réside aujourd’hui dans les jeunes générations, singulièrement au travers de l’enseignement en immersion. En effet, force est de constater que seules – ou presque – les personnes les plus âgées et les plus jeunes maîtrisent notre langue commune là où elle se parle encore. Si nous souhaitons participer à la construction d’un avenir francophone en Louisiane, nous devons agir aujourd’hui.

Le programme du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL) dispose du mandat de «faire tout ce qui est nécessaire pour développer, utiliser et préserver la langue française telle qu’elle existe en Louisiane, dans l’intérêt culturel, économique et touristique de l’État». Afin de maintenir et développer le français dans cet État des États-Unis, les différents partenaires du programme CODOFIL organisent, entre autres actions, un programme d’échange de professeurs avec le soutien de Wallonie-Bruxelles International (WBI).

Il y a donc un souhait de pouvoir disposer de professeurs en fin de carrière issus de la Belgique francophone. Ces enseignants sont précieux, car ils ont vocation à dispenser un enseignement en français aux 70 000 étudiants francophones louisianais.

La question des bourses étudiantes et de leur pérennisation au regard des accords qui lient WBI avec le département louisianais de l’Éducation, inquiète les acteurs de terrain. Plus globalement, les francophones louisianais espèrent pouvoir compter sur le soutien actif de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour maintenir et développer l’établissement de professeurs issus de la Wallonie et de Bruxelles.

Si la jeune génération de Louisiane ne reprend pas le flambeau et ne renoue pas les fils brisés de l’identité franco-louisianaise, c’est tout un héritage culturel original et précieux qui disparaîtra ou sera réduit à une fonction folklorique. Ainsi, Monsieur le Ministre-Président, je souhaite vous entendre sur les mesures que vous avez adoptées pour renforcer nos liens entre les francophones belges et louisianais.

Quelles sont les approches développées par WBI pour garantir la pérennisation des bourses et renforcer la présence de professeurs issus de notre Fédération en vue d’accroitre l’offre d’immersion en langue française au profit de la jeune génération franco-louisianaise? D’ailleurs, n’y a-t-il rien de prévu au sein de l’Association pour la promotion de l’éducation et de la formation à l’étranger (APEFE), une ASBL soutenue par la Belgique, pour venir en appui aux formateurs en Louisiane?

M. Rudy Demotte, ministre-président. – Monsieur le Député, j’avais d’abord cru pouvoir vous répondre en cajun, mais mon vocabulaire est assez pauvre. Je voudrais vous rassurer sur le soutien que nous apportons par l’intermédiaire de WBI à l’effort louisianais dans la promotion de la langue française. Vous savez que l’interdiction de parler le français dans cette partie de l’Amérique du Nord remonte au début du 20e siècle. Pour nous, ce souci de réapprendre le français est bien réel et passe par la mise en œuvre de dispositifs qui témoignent de notre bonne volonté.

Nous menons un travail à travers un programme de la commission mixte permanente entre l’État de Louisiane et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce travail porte sur l’accompagnement et l’aide à la sélection de formateurs de français en immersion, sous condition de posséder au moins trois années d’ancienneté d’enseignement pour pouvoir obtenir un visa J-1. WBI offre également un programme de 15 bourses d’été accordées à de jeunes Louisianais. Parmi les dispositions et initiatives existantes, je peux encore citer les demandes du CODOFIL et de l’État de Louisiane que nous avons souhaité lister afin de voir comment nous pouvons nous rendre utiles de manière concrète.

À travers ces services «Bourses», «Lecteurs-formateurs» et «Amérique du Nord», WBI est actuellement en contact avec le CODOFIL et le département louisianais de l’Éducation pour pré- parer les accords de la prochaine commission mixte permanente. Ces accords pourraient déboucher sur la tenue de structures de dialogue dès l’automne.

Concernant les 15 bourses d’été offertes aux Louisianais, nous souhaitons adapter le programme pour que celles-ci soient octroyées principalement aux étudiants futurs professeurs de français et à des professeurs de français en activité. En effet, l’ampleur des formations offertes et bénéficiant ensuite aux Louisianais exerce un effet d’entraînement. Les discussions en cours portent également sur l’établissement d’une relation équilibrée qui offrirait en retour à de jeunes Wallons et Bruxellois la possibilité d’aller se frotter à la réalité louisianaise.

J’ajouterai que l’APEFE a envoyé en moyenne 78 professeurs de français en Louisiane par année scolaire entre 1976 à 1993. Un maximum a même été atteint à la fin des années 1970 avec un effectif de 99 professeurs. Entre 1985 et 1986, le minimum a été de 47. À partir de la rentrée 1993, cette activité a été transférée à WBI et les missions de l’APEFE ont évolué vers la coopération au développement. Elles sont orientées vers le renforcement des capacités des institutions de formation des partenariats du Sud. Les compétences exercées hier par l’APEFE n’ont pas pour autant été abandonnées puisqu’elles sont aujourd’hui pleinement assumées par WBI.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – Je prends bonne note des différents éléments que vous portez à ma connaissance et je vous encourage à soutenir l’effort. Évidemment, de nombreux efforts en faveur de la langue française restent à faire aux quatre coins du monde. Il n’en reste pas moins vrai que, si nous voulons être utiles en Louisiane, c’est maintenant que nous devons engranger des résultats, pour la simple et bonne raison que, si nous manquons l’appropriation de la langue française par la nouvelle génération, nous n’aurons plus personne avec qui dialoguer et échanger.

 

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CRIc n°112-RI15 (2016-2017), Juillet 2017, pp. 8-9