Interpellation sur le Pathé Palace

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Alda GREOLI, Minsitre du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en charge de la Culture et de l’Enfance

concernant l’avenir du Pathé Palace.

 M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – Cette interpellation, je la fais aussi en votre nom, Monsieur le Président, étant donné l’intérêt que vous portez à ce sujet. Madame la Ministre, je ne doute pas de votre pleine connaissance de l’étendue de l’offre culturelle à Bruxelles et vous n’êtes pas sans savoir que l’on espère depuis longtemps que le cinéma d’art et d’essai Pathé Palace puisse renforcer cette offre dans la Région de Bruxelles-Capitale. Vous connaissez le haut potentiel de ce lieu, sa localisation idéale dans la ville, sa valeur architecturale, etc.

Pour cette raison, permettez-moi d’élargir la question de l’avenir du Pathé Palace au-delà de toute considération budgétaire et de l’intégrer dans une véritable dynamique de projet culturel pour notre capitale. Cependant, les rénovations qui ont débuté en 2004 sous l’impulsion l’ASBL Le Palace devaient se conclure en 2013. Or, elles ne sont toujours pas terminées. Je me réjouis toutefois qu’ait été annoncée la réouverture de l’établissement. Elle devait avoir lieu à l’automne. Toutefois, si j’en crois un article de «La dernière heure» paru récemment, il faudra finalement attendre décembre. Pour ce faire, vous aviez d’ailleurs octroyé un budget de 2,7 millions d’euros devant permettre de couvrir les frais de l’achèvement des travaux.

Cependant, les négociations quant au futur de l’institution culturelle et à son développement quotidien sont au point mort depuis le refus catégorique d’autres institutions de participer au projet, au point de rendre de plus en plus crédible, malheureusement, l’hypothèse selon laquelle le repreneur serait issu du secteur privé. Par exemple, l’hypothèse d’une participation de la Région, via un bail emphytéotique qui aurait permis à la Fédération Wallonie-Bruxelles d’en rester propriétaire, a été déclinée de façon relativement abrupte par le ministre-président bruxellois. C’est du moins le constat que j’ai dressé à la suite d’une de mes interpellations adressées à M. Vervoort. Il estime qu’en réalité, il était demandé à la Région de payer le déficit d’exploitation du Pathé Palace. Cette dynamique ne le convainc pas, car, selon lui, la Région de Bruxelles-Capitale peut certes participer au projet, mais elle doit en être partie prenante et donc opératrice. Enfin, pour M. Vervoort, la vraie question est de savoir si la Fédération Wallonie-Bruxelles croit encore au projet. Ces propos ne sont pas de bon augure, vous en conviendrez. Voilà la raison principale pour laquelle personne, à l’heure actuelle, ne peut se prononcer sur la pérennité du projet de cinéma d’art et d’essai ni sur son maintien dans le giron public, et ce malgré les sommes importantes que la Fédération Wallonie-Bruxelles a dépensées pour lui.

Des discussions avec les autres institutions telles que la Région et la COCOF sont-elles toujours en cours pour trouver une issue qui maintiendrait la pleine propriété du secteur public pour ce bâtiment? Quelles sont les pistes envisagées et quelles sont les options recherchées par toutes les parties approchées?

Où en sont les contacts avec Beliris? Comment devrait s’opérer, selon vous, une éventuelle cogestion entre le pouvoir fédéral, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région de Bruxelles-Capitale pour le maintien de ce projet culturel?

Que pouvez-vous nous apprendre sur le partenariat public-privé annoncé il y a quelques semaines? Des sociétés se sont-elles déjà manifestées? Si oui, quelles sont-elles et que proposent-elles? Quelles sont les propositions qui ont été faites au secteur privé afin d’attirer, le cas échéant, des fonds supplémentaires destinés à la gestion du complexe, tout en leur garantissant un intérêt financier?

Le ministre du Budget, M. Flahaut, expliquait que, selon lui, la participation de la Fédération Wallonie-Bruxelles serait comprise entre 49 et 51 %. Cette dernière garderait donc bien la propriété du complexe. Quel serait le bénéfice estimé pour la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre d’un tel partenariat?

Le ministre du Budget a indiqué que le sujet arriverait sur la table des négociations lors des discussions pour le budget de 2018. Avez-vous cependant des assurances que la volonté politique autour de ce projet culturel existe toujours bel et bien à la Fédération Wallonie-Bruxelles, tout en gardant à l’esprit que les budgets de cette dernière sont extrêmement limités et qu’il reste encore à rembourser, pour le projet, 550 000 euros par an jusqu’en 2035?

Le ministre du Budget a également indiqué qu’il n’était pas partisan de revendre le Pathé Palace au secteur privé. Partagez-vous ce même sentiment? Si Beliris refuse votre proposition – comme semble le faire la Région de Bruxelles-Capitale, d’après les déclarations de son ministre-président, ainsi que la COCOF qui est impécunieuse –, il ne restera que très peu de marge de manœuvre financière à la Fédération Wallonie Bruxelles pour assurer toute seule la survie d’une institution qui demandera beaucoup de moyens.

Quelles pistes la Fédération Wallonie-Bruxelles semble-t-elle privilégier? Quelle position adoptez-vous vis-à-vis d’une initiative telle que le financement participatif, gérée par votre cabinet, pour faire perdurer et prospérer ce projet?

Vous aurez compris, Madame la Ministre, tout l’intérêt que nous portons à la pérennité de ce projet et l’importance que nous lui réservons. Nous attendons de vous un signal clair, car, évidemment, les inquiétudes sont nombreuses à ce stade et les certitudes extrêmement rares.

[Intervention de Monsieur Prévot]

Mme Alda Greoli, vice-présidente et ministre de la Culture et de l’Enfance. – Luc Dardenne a confirmé ce matin l’ouverture du bâtiment durant l’automne. Je salue cette initiative. Je tiens par ailleurs à rappeler que, lors de la réunion de commission durant laquelle votre collègue, M. Maroy, m’avait interrogée sur le Pathé Palace, j’entamais ma réponse en rappelant qu’il y a 16 ans, dans un élan positif, MM. Hasquin et Demotte s’étaient battus pour acquérir un bâtiment qui, de par son histoire et son architecture, méritait d’être sauvé. Ce fait me semblait important. Je pense que nous allons enfin voir se concrétiser les investissements consentis.

Je confirme que les 2,7 millions d’euros nécessaires pour les travaux à l’intérieur du bâtiment ont été mis à la disposition de l’ASBL Le Palace et que l’ouverture est prévue pour cet automne. De même, les moyens financiers nécessaires au remboursement des emprunts pour le financement de l’infrastructure et des équipements du Pathé Palace sont prévus dans le budget de la Communauté française, plus précisément à l’allocation de base 52.10.25 de la division organique 15 prévu à cet effet. Ces moyens ont un caractère récurrent.

Par ailleurs, je rappelle qu’au printemps dernier, le gouvernement a décidé de charger le ministre du Budget de négocier la meilleure solution pour le Pathé Palace avec la Région de Bruxelles-Capitale et la conclusion d’un bail emphytéotique avec cette dernière pour une durée de cinquante ans, de manière à permettre la finalisation des investissements prévus et la pérennité de l’outil culturel que représente ce bâtiment. Comme il n’y avait aucune garantie que cette négociation aboutisse, les crédits nécessaires ont été prévus pour le remboursement des obligations de la Communauté française relatives aux emprunts. C’est pour la même raison qu’à la fin de 2016, le montant de 2,7 millions d’euros nécessaire à la finalisation des travaux a été transféré à l’ASBL.

Quant au fonctionnement, il existe déjà un accord pour apporter un soutien structurel à l’opérateur dès qu’il aura entamé ses activités. S’agissant de tout autre développement relatif aux possibilités de collaborer avec la Région bruxelloise ou d’autres opérateurs pour le volet financier de la gestion de l’infrastructure, mais non de sa destination culturelle, et à la convention avec l’opérateur de cinéma, je vous renvoie aux réponses que mon collègue, le ministre du Budget, vous a fournies.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – Madame la Ministre, nous n’avons malheureusement pas appris grand-chose, si ce n’est que vous confirmez l’ouverture, d’ici la fin de l’année, du Pathé Palace ainsi que le lancement du projet qui doit l’occuper, et que des financements sont pré- vus sur base récurrente.

Néanmoins, ce qui transparaît, c’est que tant que M. Flahaut n’aura pas trouvé de solution, nous resterons dans l’expectative, a fortiori si les négociations avec la Région bruxelloise semblent mal parties. Vous dites que M. Flahaut doit faire sa part du travail et vous la vôtre. Cependant, la demande exprimée par la Région de Bruxelles-Capitale est de participer au projet. Il vous revient dès lors de dire si vous êtes favorable à cette exigence de la Région de Bruxelles-Capitale. Si nous ne trouvons pas de solution, je crains que M. Flahaut, qui parlera de chiffres, et la Région de Bruxelles-Capitale, qui parlera de projet, continuent à se regarder en chiens de faïence.

 

 

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CRIc n°117 – Cult6 (2016-2017), Juillet 2017, pp. 9-11