Interpellation sur les primes de Bruxelles-Formation pour les fonctions critiques

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Monsieur Didier GOSUIN, Ministre du Collège de la Commission communautaire française, chargé de la Formation professionnelle

 Objet : les primes de Bruxelles-Formation pour les fonctions critiques

 

Monsieur le Ministre,

Dans la presse du 04 septembre dernier, vous déclariez que la Région bruxelloise enregistrait de nouvelles baisses « significatives » de son taux de chômage. Vous rappeliez en l’occurrence que, depuis juillet 2014, c’est une baisse de 15,8% qui a été observée.

Monsieur le Ministre, sans vouloir nuire à votre enthousiasme et à vos témoignages d’autosatisfaction, le taux de chômage à Bruxelles reste 2 fois supérieur à celui de la Flandre et le progrès que vous signalez en la matière pour Bruxelles trouve sans doute son explication dans la reprise générale de la conjoncture économique, observée d’ailleurs parmi l’ensemble des pays européens. S’agissant de la Belgique, sans doute faudra-t-il aussi admettre que les mesures adoptées par le fédéral viennent, elles aussi, expliquer ce phénomène.

Vous faisiez également référence, dans l’article en question, du nombre de stagiaires de moins de 25 ans en formation dans la capitale. A cet égard, vous expliquiez qu’il a bondi de 25 % en l’espace de deux ans, triplant ainsi l’offre de stage en trois ans. S’il faut, il est vrai, s’en féliciter, cela reste malgré tout insuffisant.

En effet, le taux de chômage en Région bruxelloise est estimé aujourd’hui à 16,9 %. Ce chiffre grimpe directement à 23 % pour la catégorie des jeunes de moins de 25 ans dans la capitale ! C’est un constat qui est loin de nous réjouir, Monsieur le Ministre, vous en conviendrez.

Et pourtant ! Mécanicien, chauffagiste, chef de rang, garçon de restaurant : on ne compte plus les corps de métiers qui, chaque jour, peinent à trouver le personnel nécessaire au bon développement de leurs activités et, partant, à la bonne santé de notre économie régionale.

Ces professions, identifiées comme étant des « fonctions critiques », enregistrent des offres d’emploi qui font l’objet d’une ouverture de poste plus longue. En 2013, ces fonctions représentaient une vacance de plus de 8.000 postes de travail, soit 36,3 % du nombre total de postes à pourvoir relayés par Actiris.

S’il est vrai qu’une partie de ces offres trouvent un preneur à long terme, cette situation reste un véritable défi dans la résorption du chômage de masse dans la capitale et entache gravement la compétitivité des entreprises. En effet exposées à des difficultés d’embauche, bon nombre d’entreprises, en particulier les PME-PMI et TPE, préfèrent postposer leurs projets d’investissement ou en viennent à tout simplement privilégier l’embauche hors de nos frontières régionales.

De ce que nous concluons des différents rapports qui étudient l’évolution de ces « fonctions critiques », nous retenons davantage l’inadéquation entre les exigences liées à ce type de fonctions par l’employeur et le niveau de qualification des candidats.

Voyez là le paradoxe entre le chômage de masse pour ce qui concerne les jeunes et les milliers d’emplois non pourvus ! Vous conviendrez qu’il est primordial, d’une part, de renforcer l’information et la sensibilisation des chômeurs aux opportunités qu’offrent ces fonctions critiques et, d’autre part, d’augmenter le niveau d’accessibilité à ces professions.

J’y vois là encore un indicateur supplémentaire pour continuer à élaborer et renforcer, qualitativement et quantitativement, les cursus en fonction de la demande et de la réalité du marché économique en plus d’encourager les demandeurs d’emploi à s’engager dans des formations qui les dirigeront vers des débouchés certains.

Au vu des récentes déclarations de la fédération des entreprises technologiques AGORIA par voie de presse, l’incitation financière pour encourager les demandeurs d’emploi à se diriger vers les métiers en pénurie doit être une solution à envisager. Agoria proposait donc, pas plus tard qu’en juillet encore, de revoir de 50 cents supplémentaires l’indemnité attachée à l’heure de formation suivie.

Quant à voir ce que nos voisins wallons pensent de cette proposition, le Forem, lui aussi, privilégie la voie de l’incitant plutôt que celle de la contrainte pour remplir ces postes. Pour continuer avec les mots exacts de la porte-parole du Forem : « ce serait une plus-value pour ceux qui s’inscrivent à ces formations à ces métiers en pénurie ».

Pourtant, l’idée d’une incitation financière pour la formation des métiers en pénurie avait déjà été portée par le MR à la Région. C’était en 2015 et le texte avait unanimement été rejeté par la majorité en place à la Région. Quelles sont donc les idées innovantes qui ont été proposées à la place ?

Ainsi Monsieur le Ministre, en vertu de l’ensemble des informations qui précèdent, je souhaiterais obtenir davantage de précision sur les éléments suivants :

  • Avez-vous pris connaissance des récentes déclarations de la Fédération d’entreprises AGORIA ainsi que de celles de de la porte-parole du Forem ? Que vous inspirent-elles ?
  • Si la majorité à la Région s’était positionnée contre ce type de mesure, qu’en est-il de la position du Collège de la COCOF ?
  • Souscrivez-vous à cette logique et avez-vous retenu, à l’instar d’AGORIA ou du Forem, d’initier cette proposition ?
  • A défaut d’appliquer cette mesure à la COCOF, quelles sont les mesures qui pourraient permettre d’atteindre le même cercle vertueux en termes d’incitations à la formation aux métiers en pénurie ? Pour rappel, la majorité des demandeurs d’emploi à Bruxelles restent malheureusement sans qualification utile pour le marché de l’emploi et ne maîtrisent pas les deux langues nationales. Le Collège de la Commission communautaire française est concerné par ce problème et ne doit pas, une fois de plus, rester à la remorque des événements. Dès lors, et toujours dans la continuité des bienfaits apportés par la Garantie Jeunes, est-il prévu de doubler, voire de tripler la prime actuellement versée par Bruxelles-Formation pour les formations qui donnent accès aux fonctions dites critiques dans la capitale ?
  • Enfin, dans l’éventualité où cette proposition ne devait rencontrer ni votre intérêt ni votre enthousiasme, je souhaiterais connaître, Monsieur le Ministre, l’ensemble des arguments qui viendraient structurer votre réflexion.

D’avance, je vous remercie pour vos réponses.