PROPOSITION DE RESOLUTION
visant à promouvoir le développement de la « Silver Economy » en Région de Bruxelles-Capitale
Proposition déposée par : MM. Gaëtan Van Goidsenhoven et Olivier de Clippele
Développements
L’allongement de la vie ne cesse de progresser sur le continent européen, et ce, grâce notamment à la réduction de la mortalité infantile, à la hausse du niveau d’éducation, à l’amélioration des modes de vie, aux progrès de la médecine ou encore aux avancées en termes de soins de santé.
À l’entame de 2014, la moyenne de l’espérance de vie dans l’UE-28 était de 80,6 années (83,3 ans pour les femmes et 77,8 ans pour les hommes) et l’on estime que cette longévité a progressé de 2,9 années depuis 2002. En Belgique, notre société n’échappe évidemment pas à cette évolution démographique puisque la moyenne de l’espérance de vie était estimée à 81,07 ans (83,50 ans pour les femmes et 78,65 ans pour les hommes), soit un progrès annuel moyen de 72 jours enregistré depuis deux décennies.
Parallèlement, à l’instar de la plupart des pays développés, notre pays connaît une phase d’évolution de sa pyramide des âges. En effet, la population âgée de 65 ans et plus, qui représente actuellement près de 17 % de la population totale, devrait atteindre le taux de 25 % à l’horizon 2060.
Ainsi, la « Silver Economy » a été définie par la Commission européenne comme étant l’ensemble des opportunités économiques relatives au vieillissement de la population et qui prennent en compte les besoins spécifiques de la population âgée de 50 ans ou plus. Plus précisément, la « Silver Economy », ou marché des seniors, est la filière industrielle qui regroupe l’ensemble des biens et services destinés à améliorer l’espérance et la qualité de vie des personnes âgées.
Les dépenses liées au troisième, voire au quatrième âge ont posé d’innombrables défis pour le financement des systèmes de soins de santé et des régimes de pensions, pour les pénuries de main d’œuvre sur le marché de l’emploi et pour le paiement de la dette publique. Pourtant, la part de marché de la « Silver Economy » devient de plus en plus importante au fil du temps dans les économies des Etats européens, jusqu’à bientôt devenir la troisième économie de nos marchés en termes de consommation. En effet, d’après une étude réalisée par la Bank of America, la « Silver Economy » représente à ce jour 7 mille milliards de dollars US chaque année. À lui seul, ce marché représenterait 15 mille milliards USD par an d’ici 2020. À condition d’envisager d’abord la « Silver Economy » sous le prisme du bien-être des seniors, il est évident que la dynamique doit ensuite être pensée du point de vue des opportunités économiques inédites qu’elle peut engendrer pour la croissance d’un pays ou d’une région.
Ainsi, toute politique qui serait formulée à l’égard du troisième ou du quatrième âge doit avant tout répondre aux défis humains apportés par l’allongement de la durée de la vie (l’augmentation de la qualité de vie et de l’autonomie). Par voie de conséquence, travailler sur le bien-être des seniors – et œuvrer aux côtés des acteurs économiques de ce secteur – déboucherait, en même temps, sur la création de valeur économique.
En effet, cette évolution démographique est une source majeure d’opportunités. La part croissante des seniors dans la société, pleinement actifs ou à l’autonomie amoindrie, est à l’origine d’une demande forte de biens et de services adaptés à leur situation dans bon nombre de dimensions de la vie quotidienne (santé et bien-être, logement, sécurité, tourisme de loisirs, téléphonie, mobilité, assurances, nouvelles technologies et e-autonomie , etc.).
Cette lame de fond qui trouve ses déclinaisons dans la plupart des segments de marchés, avec ses codes, ses modes de consommation et ses écosystèmes spécifiques (adaptation des emballages, livraison à domicile, téléassistance, aménagement du domicile, aides à la personne, etc.), constitue un bouleversement progressif du marché et un gisement d’affaires pour les entreprises, en particulier les PME, les indépendants et les professions libérales.
Tout comme le souligne la Commission européenne, dans le cadre de la stratégie Europe 2020 et du partenariat européen d’innovation pour un vieillissement actif et en bonne santé, cette économie émergente doit également être appréhendée en termes d’effets de levier sur le plan sociétal ; sur la création d’emplois d’une part et sur l’innovation des produits et services spécifiques au secteur d’autre part.
Il est évident que les nouveaux débouchés participeront à la croissance des activités économiques, à la création – à court terme – de nouveaux emplois techniques et industriels (essentiellement locaux et non-délocalisables et pour tout type de formations) et favoriseront le maintien des travailleurs sur le marché du travail. Sont évidemment visées les cotisations sociales qui forment la principale source des recettes de la sécurité sociale au cœur du défi démographique.
Par exemple, en 2015, le Syndicat des Indépendants et des PME (SDI) tablait sur la création possible de 75.000 emplois endéans 2020 et appelait à la mise en place d’une filière d’accompagnement et de mise en réseau des entrepreneurs. Pour sa part, BECI a rappelé quelques mois plus tard que la « Silver Economy » est un domaine prometteur mais par trop sous-estimé. En effet, « le marché ciblé par de nombreux produits et services demeure celui du jeune adulte et les seniors sont le plus souvent ignorés ». Il existe donc une réelle marge de progression tant sur le plan de la stimulation économique que de l’offre de solutions qui profitent directement et de façon adaptée aux besoins des seniors.
Dans le même temps, les activités économiques favoriseront l’innovation des biens et des services qui participent directement au « bien-vieillir » des seniors, à l’amélioration de leur cadre de vie et en particulier à leur maintien le plus tard possible à domicile. Ce soutien à l’autonomie des personnes est évidemment le synonyme d’une limitation de la hausse croissante des dépenses publiques, en premier lieu les dépenses liées aux maisons de repos.
Enfin, face aux nombreuses opportunités escomptées dans le sillage du vieillissement démographique en Belgique, il importe que la Région de Bruxelles-Capitale objective la situation qui est la sienne et, partant, qu’elle se dote d’une stratégie de développement spécifique en concertation et en synergie avec les acteurs économiques de ce secteur.
À cet égard, force est de constater que la Stratégie 2025 dont les lignes de force se déploient à l’échelle d’une décennie, n’intègre pas un chantier spécifiquement consacré à ce levier essentiel de croissance. Celui-ci s’inscrit pourtant en filigrane des objectifs visant à faire de Bruxelles la capitale belge et européenne de l’esprit d’entreprendre et de l’innovation.
C’est pourquoi les auteurs de la présente proposition de résolution plaident en faveur d’une évaluation préalable et objective des enjeux et des opportunités de la « Silver Economy » au sein de notre Ville-Région, suivie de la définition et de la mise en place d’une stratégie de développement économique. Celle-ci viserait à renforcer l’accompagnement des entreprises dans l’accès à un marché à haut potentiel, à soutenir l’innovation dans l’offre de solutions aux besoins des seniors et à promouvoir plus globalement le « bien vieillir ».
En ce sens, notre Ville-Région rejoindrait le cercle des précurseurs qui, sur le continent européen et ailleurs dans le monde, ont opté pour une approche résolument proactive de la thématique.
Citons, par exemple, le gouvernement français, qui a créé en 2013 un contrat de filière « Silver Economy » dont les objectifs portent notamment sur la création d’un réseau national de clusters spécifiques, d’un Plan Métiers, d’un fonds de capital-risque pour les PME innovantes, etc. Citons encore le projet de « Silver Region » transfrontalière franco-allemande, porté conjointement par les pouvoirs publics de Lorraine et de la Sarre, dans le but de mettre en commun leurs stratégies industrielles et de favoriser la mise en réseau des entreprises.
Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN
Olivier de CLIPPELE
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
visant à promouvoir le développement de la « Silver Economy » en Région de Bruxelles-Capitale
Le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale,
Considérant que l’allongement de la vie ne cesse de progresser sur le continent européen, et ce grâce notamment à la réduction de la mortalité infantile, à la hausse du niveau de l’éducation, à l’amélioration des modes de vie, aux progrès de la médecine ou encore aux avancées en termes de soins de santé ;
Considérant qu’à l’entame de 2014, la moyenne de l’espérance de vie dans l’UE-28 était de 80,6 années (83,3 ans pour les femmes et 77,8 ans pour les hommes) et que l’on estime que cette longévité a progressé de 2,9 années depuis 2002 ; qu’en Belgique, notre société n’échappe évidemment pas à cette évolution démographique puisque la moyenne de l’espérance de vie était estimée à 81,07 ans (83,50 ans pour les femmes et 78,65 ans pour les hommes), soit un progrès annuel moyen de 72 jours enregistré depuis deux décennies ;
Considérant qu’à l’instar de la plupart des pays développés, notre pays connaît une phase d’évolution de sa pyramide des âges ; qu’en effet, la population âgée de 65 ans et plus, qui représente actuellement près de 17 % de la population totale, devrait atteindre le taux de 25 % à l’horizon 2060 ;
Considérant que cette réalité est très souvent appréhendée uniquement sous l’angle des défis importants qu’elle induit pour la gouvernance publique, à considérer notamment les surcoûts pour les régimes de pensions et de soins de santé, les pénuries de main d’œuvre sur le marché du travail ou encore le paiement de la dette publique ;
Considérant que les politiques et objectifs à atteindre sont avant tout à inscrire dans une démarche qualitative d’amélioration de la qualité et de l’espérance de vie des seniors ;
Considérant que cette évolution démographique est aussi une source majeure d’opportunités, et ce, tout particulièrement dans le domaine économique ;
Considérant que la « Silver Economy » se positionne comme étant la troisième économie à hauteur aujourd’hui de 7 mille milliards de dollars US par an et qu’elle pourrait atteindre 15 mille milliards de dollars US d’ici 2020 ;
Considérant que la part croissante des seniors dans la société, pleinement actifs ou à l’autonomie amoindrie, est également à l’origine d’une demande forte de biens et de services, adaptés à leur situation et dans bon nombre de dimensions de la vie quotidienne (santé et bien-être, logement, sécurité, tourisme de loisirs, téléphonie, mobilité, assurances, nouvelles technologies, etc.) ;
Considérant qu’il s’agit d’une véritable lame de fond qui trouve des déclinaisons dans la plupart des segments de marchés, avec ses codes, ses modes de consommation et ses écosystèmes spécifiques (adaptation des emballages, livraison à domicile, téléassistance, etc.) et qui constitue un bouleversement progressif du marché et un gisement d’affaires pour les entreprises, en particulier les PME, les indépendants et les professions libérales ;
Considérant que l’économie émergente que représente la « Silver Economy » doit être appréhendée en termes d’effets de levier sur le plan sociétal ;
Considérant que les nouveaux débouchés ainsi créés favoriseront le maintien des travailleurs sur le marché de l’emploi et participeront aux recettes de la sécurité sociale ;
Considérant que ce secteur peut participer à la création, d’ici 2020, de 75.000 emplois techniques et industriels, locaux et non délocalisables, rendus attractifs par la formation et le développement ;
Considérant que l’activité économique induite par la « Silver Economy » est un moteur pour l’innovation et constitue un levier non négligeable pour les filières de la domotique, de la robotique, des dispositifs médicaux, etc. ;
Considérant que les innovations sur les biens et services de la « Silver Economy » participeront à l’amélioration du cadre de vie des seniors et au maintien le plus tard possible à domicile et que, dès lors, elles auront un impact indirect mais positif sur les dépenses publiques ;
Considérant qu’aucun chantier à ce jour n’a été opéré pour faire de cette opportunité un véritable levier de croissance, d’innovation et d’entrepreneuriat à Bruxelles ;
Demande au Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale :
– de commander à l’Institut Bruxellois de Statistique et d’Analyse (IBSA) une étude complète relative aux enjeux et aux opportunités de la « Silver Economy » sur le territoire de la Région bruxelloise, en ce compris l’évaluation du poids économique des secteurs concernés et de leurs potentiels de croissance à long terme (développement d’activités, création d’emplois, stimulation de l’innovation, etc.) ;
– de mettre sur pied des assises sur le développement de la « Silver Economy », en collaboration étroite avec la COCOM, la VGC, la COCOF, des acteurs publics et associatifs du social et de la santé ainsi que des représentants patronaux, afin d’identifier des pistes d’actions prioritaires et de collaborations concrètes en matière d’économie du vieillissement et du « bien vieillir » ;
– d’amender la Stratégie 2025 en y intégrant, dans les meilleurs délais, un plan d’action régional « Silver Economy » sous la forme d’un objectif spécifique et de chantiers supplémentaires ; ces derniers devraient porter entre autres sur l’information et la sensibilisation des acteurs, l’accompagnement spécifique des entreprises face aux particularités du marché, le soutien à l’exportation des procédés innovants mais aussi sur la communication positive sur le vieillissement et l’impératif sociétal du « bien vieillir » ;
– de réaliser régulièrement des opérations de benchmarking pour identifier, évaluer et, si possible, procéder à la réappropriation des mesures éprouvées en Belgique et ailleurs en Europe, dans le cadre de la thématique évoquée ; de s’inspirer et d’éventuellement collaborer, autant que faire se peut, avec tout acteur – même étranger – qui se serait déjà engagé via diverses initiatives, par une voie sociale, politique ou associative, dans la branche de la « Silver Economy », dans l’objectif de bénéficier et d’échanger des informations sur les bonnes pratiques à avoir en la matière.
Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN
Olivier de CLIPPELE
Pour retrouver la proposition dans son intégralité, cliquez ici.
A-437/1 – 2016-2017, Novembre 2016, 7 p.