Question orale de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Monsieur Rudy DEMOTTE, Ministre-Président du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en charge des Relations internationales,
concernant la Conférence des femmes de la Francophonie.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – La Conférence des femmes de la Francophonie s’est déroulée à Bucarest les 1er et 2 novembre derniers. Cet événement d’envergure a réuni près de 450 personnes issues du milieu entrepreneurial et de la société civile. Il a également regroupé des représentants des États et gouvernements membres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Cet événement traduit une volonté partagée, en l’occurrence entre Michaëlle Jean, la secrétaire générale de l’OIF, et Klaus Iohannis, le président roumain, de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes ainsi que l’autonomisation économique des femmes.
Aujourd’hui, l’espace économique francophone ne peut s’envisager sans la participation réelle des femmes, véritables maillons et moteurs pour le développement et la croissance de la zone. Cette rencontre a permis de rappeler les succès engrangés par les femmes et retraçant quelques parcours de femmes et leurs défis quotidiens. La conférence s’est également orientée vers la définition de solutions durables pour concrétiser des objectifs tels que la solidarité, la coopération et la lutte contre toute forme d’inégalité.
À cet égard, les politiques et initiatives des États et gouvernements membres de l’OIF relatives à l’égalité entre les hommes et les femmes dans le domaine économique ont été passées en revue. Après quoi, une série de recommandations ont été formulées pour aboutir, conjointement, à un plan d’action francophone pour l’autonomisation économique des femmes. À terme, ces réflexions et échanges de bonnes pratiques permettront d’élaborer une véritable stratégie francophone pour l’égalité entre les hommes et les femmes.
In fine, trois axes thématiques ont structuré cette rencontre: les droits des femmes et leur accès au marché du travail, l’innovation et l’entrepreneuriat féminin et, enfin, le leadership féminin et la gouvernance économique.
Monsieur le Ministre-Président, j’ai quelques questions plus précises à vous poser. La Fédération Wallonie-Bruxelles, en tant que membre à part entière de l’OIF, a-t-elle pris part aux travaux de la conférence? A-t-elle été invitée à participer à l’élaboration de la stratégie francophone pour l’égalité entre les hommes et les femmes? Le cas échéant, quels sont les partenaires, chercheurs et acteurs de la société civile issus de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui y participeront et quel mécanisme permettra de les sélectionner? Êtes-vous en mesure de nous communiquer les recommandations qui ont été formulées, ainsi que les différentes pistes de réflexion abordées pour les actions futures?
Enfin, des études ont-elles été commandées par la Fédération Wallonie-Bruxelles pour identifier les obstacles que rencontrent quotidiennement les femmes dans notre Communauté, en termes d’accès au marché du travail, d’entrepreneuriat au féminin et d’égalité entre les hommes et les femmes dans le secteur économique? Si oui, quels sont ces obstacles? Des recommandations ont-elles été transmises et les avez-vous traduites en politiques concrètes?
M. Rudy Demotte, ministre-président. – Permettez-moi de vous rappeler comment nous activons, par le biais de la Fédération Wallonie-Bruxelles, un ensemble d’instruments d’aide publique au développement, notamment en faveur de l’égalité des genres.
Ce choix volontariste part d’un constat: les sociétés du Sud, et plus précisément les sociétés subsahariennes, connaissent un système agnatique qui organise la transmission du pouvoir entre les hommes. C’est le contraire de la logique cognatique qui sous-entend que le pouvoir se transmet de génération en génération par les femmes. Cette logique, que je qualifierais de systémique, marginalise aussi bien les femmes que les filles.
Dans la limite de ses moyens, notre institution s’emploiera à réduire le préjudice au développement, induit structurellement à l’égard des femmes et de leurs familles. La société tout entière en paie les conséquences. Compte tenu de cette situation, le rendez-vous international organisé à Bucarest nous a évidemment mobilisés.
En ses qualités de représentante personnelle du chef de gouvernement auprès des instances de la Francophonie et de directrice de l’Égalité des chances au sein de notre ministère, Mme Delcominette assurait la représentation de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Bucarest. Je souligne également la présence d’une experte de l’ONG Le Monde selon les femmes, organisation reconnue au niveau international, notamment auprès de l’OIF.
Notre délégation, composée de membres de diverses institutions et possédant de solides compétences liées à l’égalité entre les hommes et les femmes, était donc d’un haut niveau. La Fédération Wallonie-Bruxelles se doit d’assurer une représentation appropriée, et ce, d’autant plus qu’elle a été désignée le 25 octobre dernier pour présider, avec la République démocratique du Congo, le groupe de travail institué par l’OIF pour élaborer la stratégie pour l’égalité des hommes et des femmes.
Nous attachons beaucoup d’importance à cette thématique. C’est pourquoi nous avions lancé, il y a plusieurs mois d’ici, un appel public à manifestations d’intérêt qui a débouché sur la passation d’un marché public d’appui avec l’ONG Le Monde selon les femmes.
L’appel de Bucarest, c’est-à-dire l’ensemble des conclusions de cette conférence, qui a été adopté par acclamation, synthétise les recommandations issues des travaux de ces ateliers comme suit: promouvoir les droits des femmes et leur accès au marché du travail; promouvoir l’entrepreneuriat des femmes et leur rôle dans les processus d’innovation; favoriser le leadership des femmes dans la gouvernance économique; élaborer – à la demande des délégations – un plan d’action francophone sur les violences faites aux femmes. Concernant ce dernier point très actuel, en 2013, notre Fédération avait soutenu financièrement différents projets consacrés à cette lutte, notamment dans les pays en situation de conflit.
Ces projets conçus par la société civile d’Afrique centrale et de l’Ouest ont été présentés dans le cadre du septième appel du Fonds francophone d’initiatives pour la démocratie, les droits de l’Homme et la paix de l’OIF.
Enfin, nous devons assurer la diffusion et la promotion des conclusions de la conférence auprès des réseaux appropriés en Wallonie et à Bruxelles. Je pense par exemple à Femmes et Construction – Construtec. Pour ce faire, nous pourrons compter sur l’appui du service Égalité des chances du ministère qui faisait partie de notre délégation à Bucarest.
Nous vérifierons si d’autres types d’initiatives doivent encore être lancés dans ce domaine ou sont de nature à mieux nous éclairer sur cette problématique.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – Monsieur le Ministre-Président, j’ai pris acte des informations sur cette vaste question qui mérite l’attention de notre Fédération Wallonie-Bruxelles. Je prends note qu’une communication autour des conclusions de cette conférence sera réalisée auprès des réseaux Wallonie-Bruxelles. Je constate avec joie votre volonté de concrétiser les propositions formulées. Rien n’est pire que de rester dans le domaine de l’évocation. Je suivrai de près ce dossier au cours des prochains mois.
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CRIc n°29-RI5 (2017-2018), Décembre 2017, pp. 3-4