Question orale sur le soutien à la création du musée du Chat

Question orale de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Fadila LAANAN, Ministre-Présidente en charge de la Culture

concernant le soutien à la création du Musée du Chat

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- À l’occasion d’une émission de télévision diffusée récemment sur les câbles français et belge, le dessinateur Philippe Geluck a exprimé sa déception – et c’est un euphémisme – concernant le soutien apporté à son projet d’un musée du Chat.

Il a déploré en des termes assez durs ce qu’il considère être un manque de vision des responsables politiques en matière de conservation du patrimoine. À cet égard, l’auteur de bande dessinée a expliqué que cela fait plusieurs années qu’il propose de créer, en Région bruxelloise, sur fonds privés, un pôle culturel qui serait consacré au Chat, mais qu’il ferait malheureusement face à des verrous administratifs et des lenteurs de la part des pouvoirs publics. Le seul objet de sa demande consisterait à obtenir un immeuble en ordre de marche, mis à disposition par les autorités.

Aujourd’hui, la question n’est pas tant de savoir quelles sont les éventuelles erreurs du passé, mais bien de soutenir activement l’implantation à Bruxelles d’une initiative qui pourrait filer à l’étranger. Et pour cause, il y aurait apparemment déjà eu des contacts entre le dessinateur et un certain nombre de municipalités françaises intéressées par l’accueil dudit musée.

Un tel scénario s’apparenterait évidemment à une bien mauvaise blague belge de plus, serais-je tenté de dire, sachant que nous avons déjà vu une partie de notre patrimoine s’exiler sous d’autres cieux. Je pense par exemple aux œuvres de Schuiten offertes en donation à la Bibliothèque nationale de France il y a quelques années ou encore aux planches originales de Jacobs pillées par des vide-greniers.

Vous êtes ministre de la Culture et je ne doute pas que vous soyez sensible à ce « coup de gueule » et que vous ayez à cœur d’associer la Commission communautaire française à une fédération d’acteurs actifs en Région bruxelloise. Je rappelle qu’en échange d’un immeuble mis à disposition par les pouvoirs publics, le dessinateur s’engage à prendre à sa charge tous les frais d’installation et d’exploitation du musée, en ce compris l’embauche d’une trentaine de personnes.

Interrogée sur ce dossier par l’opposition libérale au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la ministre Joëlle Milquet a annoncé qu’elle soutenait ce projet et qu’elle organiserait prochainement une rencontre avec les différents responsables des politiques culturelles dans la capitale pour dégager des pistes de solutions.

Aussi mes questions seront-elles relativement simples. Madame la ministre-présidente, avez-vous été conviée, ou à tout le moins votre cabinet, à participer à cette rencontre ? Le cas échéant, la Commission communautaire française a-t-elle répondu présent et avec quelles propositions concrètes à avancer ?

Avez-vous prévu de rencontrer le dessinateur et son équipe afin de faire le point sur la réalisation de ce musée ?

Enfin, vos services disposent-ils éventuellement d’un immeuble non affecté qui pourrait être revalorisé par l’installation d’un musée du Chat ?

Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Il va sans dire que je partage votre analyse quant à l’intérêt d’accueillir en Région bruxelloise un musée du Chat, tant ce personnage incarne avec talent la poésie décalée et l’esprit de dérision propres à notre culture, dont nous sommes évidemment très fiers.

Toutefois, les questions que vous me posez à ce propos étant assez succinctes, mes réponses le seront également.

Vous me demandez si la ministre Joëlle Milquet m’a déjà conviée à une réunion de concertation consacrée à cet enjeu précis. Je peux vous affirmer qu’il n’en a pas encore été question, pas plus que mon collègue le ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale, Rudi Vervoort, n’a été sollicité à ce jour.

En revanche, il va de soi que je m’impliquerai volontiers, en tant que ministre-présidente du gouvernement francophone bruxellois en charge de la Culture, dans la recherche d’une solution en vue d’accueillir un musée du Chat à Bruxelles. Je crois savoir par ailleurs que M. Vervoort organise régulièrement des rencontres entre son cabinet et M. Geluck.

Je vous rappelle tout de même à cet égard que la Commission communautaire française n’est pas compétente pour le financement des musées, celui-ci relevant de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Quant aux infrastructures appartenant à la Commission communautaire française, elles sont actuellement toutes affectées à différentes institutions de la Commission communautaire française, telles que la Maison de la Francité, le Musée du Jouet ou encore le Théâtre des Martyrs.

Par ailleurs, contrairement à la Région de Bruxelles-Capitale, nous ne disposons pas de Régie foncière à la Commission communautaire française. C’est la raison pour laquelle M. Vervoort est plus à la pointe concernant ce projet. La Région bruxelloise examine d’ailleurs à l’heure actuelle quels sont les bâtiments disponibles, susceptibles d’accueillir un tel projet.

Je suis à la disposition de tout qui serait dans l’interrogation par rapport à ce projet, mais n’oublions pas que la Commission communautaire française est un organe ne possédant pas énormément de moyens financiers, ni de bâtiments à mettre à disposition.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Je suis parfaitement conscient des limites de la Commission communautaire française. Néanmoins, je regrette que les engagements pris par la ministre de la Culture ne semblent pas avoir été complètement tenus. J’espère que, si enfin ces réunions se tiennent, vous y serez associée avec votre cabinet.

Je prends acte qu’il n’y a pas de possibilité en interne de fournir un bâtiment. J’espère que, même si notre contribution au niveau de la Commission communautaire française est limitée, celle-ci sera néanmoins effective pour éviter que ce patrimoine ne file à l’étranger.

Bien entendu, les questions nécessaires ont aussi été posées au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale.

 

Pour retrouver l’intervention dans son intégralité, veuillez cliquer ici.
CR n°11 (2014-2015), Février 2015, pp. 11-12