Proposition de résolution visant à mettre en place une plateforme de concertation permanente entre tous les acteurs concernés par la gestion et l’essor des établissements d’enseignement supérieur dans la Région de Bruxelles-Capitale.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION VISANT A METTRE EN PLACE UNE PLATEFORME DE CONCERTATION PERMANENTE ENTRE TOUS LES ACTEURS CONCERNÉS PAR LA GESTION ET L’ESSOR DES ETABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR DANS LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE

 

Proposition déposée par : Mmes Françoise BERTIEAUX, Marion LEMESRE et M. Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN

 Développements

Bruxelles, région et multi-capitale est une ville importante à bien des égards en tant qu’acteur politique belge et européen, moteur économique, laboratoire social et initiateur culturel. Mais c’est aussi le plus grand pôle académique du pays.

En effet, la Région de Bruxelles-Capitale compte plusieurs universités et de nombreuses hautes écoles et instituts d’enseignement supérieur, ainsi que des hôpitaux universitaires, dans les 19 communes. C’est ainsi plus de 70.000 étudiants et 14.000 enseignants et professeurs, chercheurs, personnels administratifs et techniques qui font vivre ces nombreux établissements d’enseignement.

Bruxelles dispose aujourd’hui, notamment grâce à son rôle international, de tous les atouts en mains pour devenir un pôle mondial en matière d’enseignement supérieur et de recherche scientifique.

Malheureusement, la dispersion des établissements d’enseignement à Bruxelles et surtout la complexité institutionnelle empêchent tant les établissements eux-mêmes que la Région de Bruxelles-Capitale de valoriser pleinement cette opportunité. Ce faisant, les établissements ne peuvent entièrement profiter des synergies qui pourraient être développées avec leurs partenaires éventuels.

Du côté institutionnel en effet, ils doivent s’entendre avec 19 autorités communales, la Fédération Wallonie-Bruxelles, les Commissions communautaires, la Région de Bruxelles-Capitale et ses nombreux satellites en charge notamment de mobilité, d’environnement, d’aménagement du territoire, du rayonnement extérieur de Bruxelles, mais sans réelle compétences en matière d’enseignement. Ce pouvoir régional n’est toujours à l’heure actuelle qu’un partenaire occasionnel.

Il n’y a donc aucune stratégie d’ensemble en matière d’organisation de l’enseignement supérieur et de ses infrastructures à Bruxelles, au détriment des étudiants et enseignants, mais aussi de l’économie régionale. Les établissements d’enseignement supérieur ressentent d’ailleurs de plus en plus le désavantage concurrentiel qui en découle par rapport à certains de leurs homologues en Flandre, en Wallonie ou à l’étranger. En effet, les exemples abondent ailleurs de synergies spontanées entre les autorités locales et les établissements d’enseignement qui font la fierté de leur ville ou région.

Il y a quatre ans, le MR et l’Open Vld avaient organisé une table ronde sur les enjeux pour Bruxelles découlant de la présence de ces institutions d’enseignement. De ces rencontres était né un ouvrage intitulé « Bruxelles, Ville Etudiante — Une stratégie régionale pour l’enseignement supérieur ». Trois ans plus tard, en décembre 2012, un colloque portant sur le même thème a été organisé par le Brussels Studies Institute (BSI), en partenariat avec l’Université libre de Bruxelles (ULB), la Vrije Universiteit Brussel (VUB) et les Facultés universitaires Saint-Louis (FUSL) au sein du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale.

Les conclusions de ce colloque sont identiques à celles que le MR formulait déjà à l’époque : Bruxelles n’est aujourd’hui pas perçue comme une « ville étudiante ». Les causes en sont multiples.

Pour de nombreux acteurs concernés, les pouvoirs publics bruxellois ne soutiennent pas suffisamment les établissements d’enseignement supérieur. Aucune promotion coordonnée n’est d’ailleurs organisée pour les aider à se faire connaître au niveau belge et européen.

Il existe aussi une certaine « peur de la ville ». En effet, pour bon nombre de parents, il n’est pas évident d’envoyer leur fille ou fils à Bruxelles alors qu’il y a des alternatives plus rassurantes à proximité sans cette connotation de « grande ville » et tout ce qu’on y associe. En outre, certains étudiants eux-mêmes se plaignent de l’insécurité, du manque d’infrastructures, des mauvaises connexions dans les transports en commun, d’une vie étudiante peu active, de leur méconnaissance de la ville et de sa vie socioculturelle.

Pour répondre à ces défis, une collaboration plus intense entre établissements d’enseignement supérieur, acteurs locaux et autorités publiques impliqués doit être rapidement organisée par la Région de Bruxelles-Capitale. Celle-ci doit être leur principal intermédiaire dans ce labyrinthe institutionnel. Cette proposition de résolution vise ainsi à mettre en place une plateforme de concertation permanente entre tous les acteurs concernés par la gestion et l’essor des établissements d’enseignement supérieur à Bruxelles.

Selon Van Camp & Witmeur (2008) dans leur étude « Bruxelles, région de la connaissance? », la Région de Bruxelles-Capitale souffre de compétences insuffisantes en matière de coordination et collaboration entre, d’une part, les 19 communes et, d’autre part, les institutions de recherche et d’enseignement pour les questions relatives aux infrastructures ainsi qu’aux autres soutiens logistiques. Ces institutions sont constamment confrontées à de lourdes carences d’infrastructures (bâtiments, logements, équipements…) et à l’insuffisance des services généraux connexes qui empêchent d’améliorer leur attractivité. Toujours selon ces auteurs, « A l’heure actuelle, chaque initiative doit s’adapter à des règles communales différentes et il n’est pas rare que la seule présence de l’institution sur le sol communal soit considérée comme une « nuisance » ».

Ainsi, une plateforme de concertation permanente doit être le lieu du dialogue entre les acteurs concernés, l’occasion d’associer ces établissements à des politiques communales et régionales qui peuvent les concerner directement en matière d’urbanisme, de mobilité, de sécurité, de possibilités de collaborations entre établissements… Il est impensable par exemple de continuer à présenter des plans de développement sans intégrer la dimension « enseignement supérieur ».

Mais le gouvernement de Bruxelles-Capitale doit aussi être l’initiateur de concertations renforcées entre ces établissements et les principaux acteurs du monde économique tel qu’Agoria, BECI, Actiris… L’enseignement supérieur doit être davantage considéré comme un acteur économique bruxellois de premier plan. C’est non seulement un diffuseur de savoir mais aussi un employeur important et un utilisateur de nombreux services. Indirectement les 3 activités de ces universités et établissements d’enseignement supérieur (comme par exemple l’organisation de colloques, la présence des étudiants kotteurs, de personnel belge ou étranger, la présence d’hôpitaux universitaires, . . j ont un impact certain sur l’emploi et sur nombreux secteurs socio- économiques bruxellois tels que l’horéca, le marché immobilier, le secteur culturel…

En outre, ils forment en partie le personnel dont le marché de l’emploi bruxellois aura besoin, par exemple en répondant à la demande d’employés multilingues et qualifiés que les entreprises font venir de Wallonie et de Flandre.

Cette plateforme doit aussi valoriser le rôle économique de l’enseignement supérieur. Les acteurs pourront réfléchir ensemble aux possibilités d’interaction et éventuellement formuler des recommandations aux autorités politiques.

La Région de Bruxelles-Capitale doit s’investir davantage dans ce rôle afin que nos étudiants puissent profiter des avantages qu’aurait un jeune sur un campus, tout en séjournant en ville : investissements dans des infrastructures communes (par exemple sportives), accès privilégié dans divers lieux importants de la vie bruxelloise, prise en compte de cette dimension lors des décisions influençant durablement certains quartiers, soutien aux organisations étudiantes, réflexion à propos de Partenariats Public/Privé pour la construction de logements…

Des exemples étrangers démontrent que des quartiers d’étudiants sûrs et agréables sont conciliables avec une grande ville cosmopolite.

Il faut en finir avec l’idée que pour l’attractivité de nos établissements, la ville est un obstacle. Elle doit être un atout et les jeunes belges ou étrangers doivent pouvoir venir et découvrir en Région bruxelloise une métropole cosmopolite.

 

PROPOSITION DE DÉCRET 
visant à mettre en place une plateforme de concertation permanente entre tous les acteurs concernés par la gestion et l’essor des établissements d’enseignement supérieur dans la Région de Bruxelles-Capitale

Le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale,

Considérant que Bruxelles est le premier pôle académique du pays ;

Considérant que plus d’un quart des étudiants de la Région de Bruxelles-Capitale sont inscrits dans un établissement supérieur ou une université. Cette proportion est nettement plus élevée que la moyenne du pays, où environ 15 % des étudiants suivent des études supérieures ;

Considérant le nombre important d’acteurs publics impliqués dans la gestion des infrastructures bruxelloises utiles aux étudiants, professeurs, chercheurs et de façon générale au bon fonctionnement de ces établissement d’enseignement ;

Considérant le manque de promotion et de visibilité dans l’espace public de l’enseignement supérieur ;

Considérant le manque de mutualisation des ressources entre les infrastructures publiques bruxelloises (écoles, théâtres, centres administratifs) et les établissements d’enseignement supérieur ;

Considérant que l’enseignement supérieur est un acteur économique important mais également un employeur important et un utilisateur de services en Région bruxelloise ;

Considérant la déclaration de politique générale du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale lequel s’engage à « mettre en place une interface de collaboration interuniversitaire regroupant l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur » ;

Considérant les conclusions de l’ouvrage du MR-Open Vld (2009) « Bruxelles, Ville Etudiante — Une stratégie régionale pour l’enseignement supérieur » ;

Considérant les conclusions du colloque organisé par Brussels Studies Institute (BSI), en partenariat avec l’ULB, la VUB et les FUSL dont l’objectif était de mettre en exergue la richesse et les multiples conséquences de cette forte présence étudiante à Bruxelles ;

Considérant, selon Van Camp, B. & Witmeur, O. (2008, Bruxelles, région de la connaissance? In Brussels Studies — Note de Synthèse des États-Généraux de Bruxelles, nr. 12.) que, du fait de la structure du tissu industriel bruxellois, les entreprises bruxelloises tendent à être moins innovantes que leur voisines de Flandre et de Wallonie et que le potentiel scientifique existant en amont ne trouve pas toujours un répondant en aval quand il s’agit de passer à la valorisation ;

Demande au gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale de prendre toutes les dispositions nécessaires pour :

 mettre en place une plateforme de concertation permanente entre tous les établissements d’enseignement supérieur, les autorités publiques, les acteurs locaux et le secteur économique bruxellois ;

 s’assurer que cette plateforme permette à tous ces acteurs d’aborder ensemble les nombreux défis liés à la présence de ces institutions d’enseignement en Région de Bruxelles-Capitale (en termes de mobilité, de logement, d’infrastructures, d’adéquation de la formation, d’organisation des stages…).

Françoise BERTIEAUX
Marion LEMESRE
Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN

Pour retrouver la proposition dans son intégralité, cliquez ici.
A-388/1-2012-2013, Avril 2013, 6 p.