Interpellation sur le subside accordé au Théâtre Royal de la Monnaie

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Fadila LAANAN, Ministre-Présidente du Collège de la Commission communautaire française, en charge du Budget, de l’Enseignement, du Transport scolaire, de l’Accueil de l’enfance, du Sport et de la Culture

concernant le subside accordé au Théâtre Royal de la Monnaie

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Le renforcement de la Culture pour tous fait partie de vos priorités. Vous avez récemment annoncé que la Commission communautaire française prenait une mesure en ce sens en accordant un subside de 54.000 euros au Théâtre royal de la Monnaie, cela dans le cadre des activités de son service pédagogique notamment liées à la découverte de l’opéra.

La plupart des établissements à vocation culturelle au sens large, comme les théâtres, les bibliothèques ou les musées, ont mis en place des services au public dans le but d’éveiller leur curiosité à toutes les formes d’art et de culture.

Depuis de nombreuses années, l’éducation artistique et culturelle fait l’objet d’une politique conjointe entre ces deux secteurs, l’Enseignement et la Culture, et c’est parier sur l’avenir que d’investir dans les actions de sensibilisation des jeunes publics. En effet, les services pédagogiques contribuent à éveiller leur curiosité.

Ces activités éducatives permettent d’étudier dans un cadre très concret – notion chère aux élèves – des sujets du programme scolaire, qui peuvent ensuite être développés en classe et abordés dans une perspective de transversalité avec d’autres formes d’expressions artistiques. Les élèves y sont souvent sensibles, car la nouveauté est stimulante, c’est humain.

Les activités dont il est question ici sont l’occasion d’un contact avec un secteur souvent peu connu de la culture, à savoir l’opéra. Une telle rencontre permet de le démystifier grâce aux interventions de professionnels, de créateurs et d’animateurs spécialisés.

Vous l’avez compris, notre intention n’est pas de remettre en question votre initiative, mais bien d’en comprendre la logique, la programmation et les effets attendus. En effet, les moyens de la Commission communautaire française sont limités ; il faut veiller à l’équilibre des subsides octroyés et à la bonne intelligence des mesures soutenues. C’est pourquoi je souhaiterais vous poser quelques questions précises.

Comment avez-vous fixé le montant du subside dont il est question et sur quel poste budgétaire est-il imputé ? Cette allocation est-elle accordée au détriment de subsides auparavant versés à d’autres initiatives ?

Quel a été le soutien apporté ces dernières années par notre institution au service pédagogique du Théâtre royal de la Monnaie, en termes de montants investis et de projets ?

Je ne vois pas le logo de la Commission communautaire française sur le site internet du Théâtre royal de la Monnaie. Dans l’onglet « Nos partenaires » ; l’institution remercie uniquement ses partenaires privés.

L’initiative que vous portez s’adresse-t-elle prioritairement aux élèves issus des établissements de la Commission communautaire française ? Si oui, comment vous êtes-vous assurée que ce sera bien le cas ? Comment les enseignants de ces établissements ont-ils été informés de ce programme de sensibilisation des jeunes publics à l’opéra ?

Enfin, les activités du service pédagogique proposent aussi des formations pour les enseignants. Ces formations font-elles aussi partie des objectifs visés par le subside attribué par la Commission communautaire française ? Si c’est le cas, avez-vous orchestré une campagne à destination des professeurs pour les informer de cette éventuelle opportunité ?

[Intervention de Madame Emmery]

[Intervention de Madame Trachte]

Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Je me réjouis de l’intérêt des députés pour le Théâtre royal de la Monnaie et pour l’intervention de la Commission communautaire française dans les institutions culturelles fédérales.

Le montant de 54.000 euros accordé au Théâtre royal de la Monnaie pour ses activités pédagogiques a été établi en 1999. Ce subside n’ampute en rien les montants accordés à d’autres asbl, puisque les montants alloués à La Monnaie sont inscrits sur l’allocation de base spécifique 11.11.43.01 dans les budgets.

Concrètement, depuis 1999, le service éducatif de La Monnaie propose différentes activités pédagogiques, telles que des visites pour les classes allant de la troisième année de l’enseignement maternel à l’enseignement secondaire, des ateliers de répétitions, des spectacles et des formations, dont certaines à l’intention des enseignants.

En ce qui concerne la formation à destination des futurs professionnels de l’éducation, La Monnaie propose, dans le cadre de journées Sup’Opéra, non seulement de découvrir la réalité d’une maison d’opéra, mais aussi de travailler sur un argument plus ciblé, comme une production. Ainsi en 2015, la Commission communautaire française a soutenu la composition ‘Medúlla’ dans le cadre du projet Chœurs d’enfants.

Le Théâtre royal de la Monnaie propose également le travail de la voix et du corps de manière plus générale, en conviant les enfants à toute une série d’activités qui pourront ensuite être explorées dans les classes. Quelle que soit la formation, la journée se termine chaque fois par un échange entre les collaborateurs du Théâtre royal de la Monnaie et les jeunes.

Concernant les enseignants en poste, La Monnaie fournit, pour l’ensemble de ses activités, un dossier pédagogique ciblé, étayé d’extraits musicaux et d’illustrations, dans lequel des prolongements de ses activités sont proposés aux enseignants.

Le logo de la Commission communautaire française apparaît systématiquement sur tous les supports de communication liés à ces différentes activités, à l’exception du site internet. Comme l’arrêté de subvention précise la présence du logo de la Commission communautaire française, j’aborderai ce sujet avec la direction du Théâtre royal de la Monnaie, même si celle-ci justifie cet état de fait par sa ligne éditoriale.

En revanche, les différents projets pédagogiques dont nous parlons aujourd’hui s’adressent à tous les établissements francophones du pays. La Commission communautaire française n’en subventionne évidemment que la partie bruxelloise. Reprendre exclusivement les établissements relevant de la Commission communautaire française dans les activités aurait été trop limité.

Concernant la façon de communiquer avec les enseignants, c’est le Théâtre royal de la Monnaie qui organise lui-même la diffusion de l’information. Celui-ci dispose d’une base de données de tous les établissements scolaires francophones du pays, élaborée à partir des informations trouvées sur le site enseignement.be.

En juin 2013, le Théâtre royal de la Monnaie a envoyé dans toutes les écoles et à tous les enseignants inscrits dans la base de données une documentation sur papier. Cette année, cette communication s’est effectuée par courrier électronique, par souci écologique et pour limiter les frais d’envoi. Quelque 2.371 envois ont été effectués en juin et en septembre 2014.

Par ailleurs, les enseignants sont invités à devenir membres du réseau École-Opéra, une plate-forme informelle de rencontres et d’échanges de bonnes pratiques. À l’occasion des répétitions prégénérales et des activités satellites auxquelles les membres sont invités, les enseignants prennent connaissance des projets à découvrir avec leurs élèves ou étudiants. Ils font également part de leurs expériences et souhaits dans le cadre des activités qu’ils mènent avec le Théâtre royal de la Monnaie.

Il est très important que la Commission communautaire française continue à soutenir ce type de projets, afin de permettre l’accès de tous, et notamment des plus jeunes, aux créations culturelles de notre pays. C’est aussi une façon d’amener ces jeunes à découvrir le plaisir de l’offre culturelle, et de leur donner envie de poursuivre ce cheminement à l’âge adulte. Nous continuerons donc à le faire pour tous les publics ciblés par la déclaration de politique générale : jeunes, enfants, personnes âgées et handicapées.

Concernant les soutiens à apporter dans le domaine culturel en raison de la sixième réforme de l’État, nous avons la volonté de travailler en synergie avec le gouvernement bruxellois. Cela se fera notamment dans le cadre de la table ronde du groupe de travail qu’initiera M. Vervoort sur la culture et l’offre culturelle disséminée à Bruxelles.

Nombre de mes collègues ont déclaré avoir envie d’agir et d’offrir à notre capitale plus d’offre culturelle dans tous les domaines. C’est une excellente chose pour nos concitoyens. Celui qui peut être le levier de cette action, c’est toutefois le ministre-président. Il devrait pouvoir y associer l’ensemble des partenaires compétents dans le domaine culturel à Bruxelles.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Je ne pense pas que vous m’ayez répondu au sujet des modalités qui vous ont permis de déterminer le montant dont il est question. Sur quel poste budgétaire est-il imputé ?

Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- J’ai donné le numéro de l’article budgétaire dans ma réponse. Quant aux motifs et à l’argumentation justifiant le subventionnement, ils font toujours l’objet d’un examen très minutieux de la part de mon administration.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Je n’en doute pas.

Autre chose : vous avez dit que vous aviez envoyé un certain nombre de courriers électroniques à partir d’une base de données en votre possession. Peut-on quantifier l’éventuel succès de cet appel à candidatures ?

Enfin, je me réjouis que l’on se soit épargné des débats stériles sur les politiques menées par le gouvernement fédéral en matière de Culture. Nous avons déjà suffisamment débattu de cela. J’apprécie l’état d’esprit de ce matin, qui nous permet de travailler dans le respect et l’apaisement.

Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Je n’ai pas parlé d’appel à candidatures. J’ai simplement rappelé que le Théâtre royal de la Monnaie avait envoyé 2.371 courriers électroniques aux enseignants pour leur faire découvrir les projets pédagogiques disponibles à son niveau.

 

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CR n°7 (2014-2015), Décembre 2014, pp. 9-11