Anderlecht : Nautilus transforme les charges d’urbanisme en logements publics
Citydev va commercialiser des appartements dans le projet privé Nautilus à Anderlecht.
C’est la première fois que des charges d’urbanisme sont converties en logements publics.
Le long du canal, le projet Nautilus se veut un exemple de mixité sociale et de fonctions. © D.R.
Fin décembre 2014, Eaglestone, une société immobilière spécialisée dans la reconversion de friches industrielles, acquiert un terrain avec des bâtiments industriels à détruire. Il souhaite y construire 200 appartements moyens de gamme répartis sur trois blocs dont l’un est une tour de 16 étages. Il ajoute à cela une surface commerciale, une crèche et une place publique ouverte sur la voie d’eau. « La demande de logements abordables pour les Bruxellois est croissante et nous avons bénéficié de la publication du Pras (plan régional d’affectation du sol) démographique, explique Nicolas Orts, directeur d’Eaglestone. Comme nous sommes situés juste en dehors de la zone du PPAS (plan particulier d’affectation du sol) Biestebroeck, nous avons pu obtenir nos permis en un an et demi et lancer en juin le chantier de la première phase. »
Cette étape est composée de la partie basse du projet, soit une centaine d’appartements, ainsi que de la surface commerciale qui a déjà été louée à Carrefour et de la crèche de 600 m². « Ce projet mixte s’inscrit dans la philosophie du redéveloppement de la zone du canal, ajoute l’échevin de l’urbanisme anderlechtois, Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). Nous avons besoin d’une nouvelle mixité fonctionnelle et nous sommes ici dans une zone levier. »
Comme pour tous les projets urbanistiques de grande ampleur, le promoteur doit s’acquitter de charges d’urbanisme. Pour Nautilus, le chèque aurait dû s’élever à 1,5 million d’euros. Seulement, au lieu de verser cette somme à Anderlecht pour que la commune puisse l’affecter à la construction d’équipements collectifs, Eaglestone a décidé de nouer un partenariat avec Citydev. L’opérateur public a ainsi pu bénéficier de 15 % de la surface construite, soit 36 unités, qu’il commercialisera lui-même.
« Dans notre contrat de gestion, la Région nous demande de passer de 143 logements mis sur le marché chaque année à 200 et cela sans moyen supplémentaire, explique Benjamin Cadranel, administrateur général de Citydev. Les dossiers que nous développons ne suffisent pas et nous avons donc lancé des appels à projets au privé. Ici, c’est encore une autre formule puisque, pour la première fois, nous récupérons les charges d’urbanisme directement sous forme de logements. Evidemment, nous les commercialiserons au tarif Citydev (1.500 euros/m²) et aux personnes inscrites chez nous. »
Le public pouvant bénéficier des logements moyens de Citydev se mêlera ainsi aux acquéreurs du marché privé. Eaglestone propose ses appartements avec un prix moyen de 2.350 euros/m², avec des studios démarrant à 110.000 euros. La commercialisation a déjà démarré et 70 % des logements sont réservés. Les investisseurs ne représentent que 25 %.
Cette réussite commerciale et le partenariat avec Citydev devraient permettre au promoteur de lancer très rapidement la construction de la tour de 16 étages afin de ne pas gêner la vie des premiers habitants qui devraient recevoir leur clé en 2018.
Article mis en ligne le 24 octobre 2016, rédigé par Vanessa Lhuillier pour Le Soir.
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