«Le gouvernement enterre le projet Bruxelles ville créative»
La démarche d’adhésion au réseau de l’Unesco exige beaucoup de moyens. Le gouvernement semble très frileux face à ce projet qui avait été soutenu par la majorité et l’opposition au parlement bruxellois.
Le contexte des premiers débats, tenus au lendemain du « Brussels lockdown », a encouragé la majorité à soutenir cette initiative de l’opposition. © Pierre-Yves Thienpont.
En chiffres
« J’appelle ça un enterrement de première catégorie, accompagné d’un mépris du travail du parlement. » Gaëtan Van Goidsenhoven, député MR de l’opposition, ne mâche pas ses mots : il est furieux contre le gouvernement bruxellois qui vient de mettre « au frigo », dit-il, le projet d’adhésion de la Région bruxelloise au réseau des villes créatives de l’Unesco. Ledit réseau compte 116 cités membres à travers le monde entier, comme Dublin, Sydney et Buenos Aires. Son objectif est de favoriser les partenariats entre les villes sur le thème de la créativité, vue comme un moteur du développement économique, social et culturel des collectivités urbaines.
Une résolution visant à soutenir la candidature de Bruxelles à ce réseau a été adoptée en juin 2016, à l’initiative du groupe d’opposition MR, mais avec le soutien de la majorité. Le PS et le CDH, notamment, ont soutenu le texte, encouragés par l’actualité internationale et une mise en lumière assez négative de Bruxelles après les attentats de Paris. Les premiers débats ont eu lieu en décembre 2015, juste après le lockdown qui a paralysé la capitale pendant une semaine. Un groupe de travail a été créé et le texte, voté… À charge du gouvernement, pouvoir exécutif, de mettre la mesure en œuvre. Et c’est là que le bât blesse, juge le député MR.
Au parlement bruxellois, le ministre du Budget et de l’Image de Bruxelles Guy Vanhengel (VLD) a soulevé plusieurs obstacles sur la route de cette candidature, après une première analyse réalisée par les services de Brussels International (la Direction des relations extérieures). « Il convient d’examiner de plus près si la Région-Capitale peut adhérer en tant que Région et si l’adhésion n’est pas limitée aux villes au sens strict du terme. En outre, il est apparu que la participation au réseau demande un investissement important en personnel et en moyens. Il faut compter deux à trois équivalents temps plein. »
Ainsi, Brussels International a fait savoir qu’elle n’était pas en mesure de se charger de la coordination de la participation bruxelloise à ce réseau. Le ministre renvoie donc la balle – « la patate chaude », dit Gaëtan Van Goidsenhoven – au ministre-président Rudi Vervoort (PS). À ce dernier de voir, explique Vanhengel, si des organismes sous sa compétence peuvent éventuellement prendre en charge la candidature de la Région bruxelloise. Et le ministre de rappeler, en guise de conclusion, l’engagement considérable en personnel et en moyens nécessaires pour ce dossier.
« Manque d’enthousiasme »
Le député MR dénonce « un manque d’enthousiasme » ainsi qu’un examen réalisé « de manière relativement sommaire » de la situation. Il juge l’attitude du gouvernement « irrespectueuse » vis-à-vis du travail fourni par le parlement. Et persiste et signe : à ses yeux, l’adhésion au réseau des villes créatives pourrait s’inscrire comme une étape vers une ambition plus lointaine, à savoir la candidature de Bruxelles comme capitale européenne de la culture en 2030.
Cette dernière a été annoncée par Rudi Vervoort en septembre 2016.
Ann-Charlotte Bersipont pour Le Soir. Article mis en ligne le 6 février 2017.
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