Question orale de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Alda GREOLI, Ministre du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en charge de la Culture et de l’Enfance,
concernant la candidature de Bruxelles en tant que Capitale européenne de la Culture.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – L’initiative «Capitale européenne de la Culture» remonte à 1985 et était destinée à mettre en valeur la diversité de la richesse culturelle en Europe ainsi que les liens qui unissent les Européens entre eux. Plus prosaïquement, il s’agit, pour les villes ainsi mises à l’honneur, de promouvoir leur patrimoine et leur dynamisme culturels à travers l’organisation de dizaines d’expositions, festivals et autres happenings, tout en bénéficiant d’une couverture médiatique non négligeable grâce à la labellisation européenne. Plus encore, se voir attribuer le titre honorifique de capitale européenne de la Culture permet à la ville concernée de bénéficier de multiples retombées, notamment économiques. Ainsi, en 2004, la Commission européenne a publié un rapport d’un bureau indépendant consacré à l’organisation et aux retombées économiques de l’événement au cours des dix dernières années. Il s’agit d’un document riche d’enseignements pour quiconque souhaite se lancer dans l’aventure et qui livre en filigrane des conclusions mitigées sur l’impact européen de cette initiative.
On peut y lire que nombreuses sont les villes qui postulent afin de répondre au besoin de développer leur profil de ville internationale, de mettre en place un programme d’activités culturelles et d’événements artistiques, d’attirer des visiteurs et de renforcer leur fierté et l’image qu’elles ont d’elles-mêmes. En ce qui concerne la désignation, l’ordre des pays dont les villes peuvent prétendre à ce titre convoité est déterminé jusqu’en 2019. Des règles précises assurent une rotation entre les États membres. Depuis 2009, deux villes au moins se partagent le label: l’une issue d’un «ancien» État membre, l’autre d’un «nouveau». À ces deux lauréates peut s’ajouter une troisième, issue d’un pays tiers, par exemple un pays candidat à l’Union européenne. Pour 2017, ce sont les villes d’Aarhus au Danemark et de Paphos à Chypre qui ont été désignées capitales européennes de la Culture. Ce label leur permet de mettre en œuvre un vaste programme culturel tout au long de l’année. Nous savons déjà que la Belgique abritera, au même titre que Chypre, une capitale européenne de la Culture en 2030.
Pour l’obtention du titre, les villes sont censées déposer leur candidature six années avant qu’il ne leur soit éventuellement décerné et doivent avoir fait l’objet d’un consensus dans l’État membre pour la sélection de la ville candidate. Ainsi, Madame la Ministre, je m’interroge sur le rôle que tient votre administration dans la promotion et la valorisation de notre patrimoine culturel belge francophone.
Êtes-vous en mesure de nous communiquer la ville belge qui sera candidate pour la prochaine sélection? Quelles sont les villes ayant manifesté un intérêt à y participer? Des discussions ont-elles été menées avec vos homologues chargés de la Culture dans d’autres entités du pays afin de privilégier une approche concertée de cette candidature afin de maximiser nos chances de réussite? Si la ville de Bruxelles est effectivement la candidate présupposée, qui sera chargé du dépôt et de la gestion de sa candidature? Quand celle-ci devra-telle être déposée et quel est le rôle qui vous est attribué dans cette tâche?
[Intervention de Madame Emmery]
Mme Alda Greoli, vice-présidente et ministre de la Culture et de l’Enfance. – La décision européenne du 16 avril 2014 fixe le calendrier des capitales européennes de la Culture de 2020 à 2033 et prévoit en effet que la Belgique accueille la capitale en 2030. Bruxelles a déjà exprimé le souhait de se porter candidate en 2030 et l’information a été communiquée en septembre dernier par les représentants bruxellois aux membres de la CIM de la Culture, que je préside. Je ne doute dès lors pas que le lieu adéquat pour continuer à poursuivre nos dialogues sur cette question sera la CIM de la Culture.
La procédure à suivre est décrite par la décision européenne. Les étapes de cette procédure sont: publication et appel à candidatures par l’État membre concerné au plus tard en 2024, donc six ans auparavant; réception des candidatures sous la forme d’un formulaire élaboré par la Commission au plus tôt dix mois après la publication; notification des candidatures à la Commission et phase de présélection au plus tard en 2025, soit cinq ans avant la date retenue pour la Belgique; premier examen des villes candidates par un jury indépendant aux membres désignés notamment par le Parlement européen, le Conseil, la Commission, le Comité des Régions et l’État membre; réunion avec les représentants des villes candidates; approbation de la liste des villes présélectionnées sur la base du rapport du jury; phase de sélection neuf mois après la présélection et recommandation de la ville par le jury à l’État membre. Sur la base de cette recommandation, l’État membre désigne la capitale européenne de la Culture et informe le Parlement européen quatre ans avant l’événement. Le Conseil désigne alors officiellement la ville en question. C’est donc en 2024 au plus tard qu’il appartiendra à la Belgique de lancer un appel à candidatures.
Compte tenu de la répartition des compétences dans notre pays, ceci devrait être fait conjointement par les trois Communautés. Dès lors, la CIM de la Culture paraît le lieu le plus approprié pour en convenir. La décision européenne, tant dans son libellé que dans son esprit, donne un rôle central aux villes elles-mêmes. Ce sont elles qui sont invitées à répondre à l’appel à candidatures et à fournir un dossier susceptible de répondre le mieux possible aux critères. En ce qui me concerne, je m’abstiendrai évidemment de toute initiative qui irait à l’encontre des dynamiques locales, qui sont l’essence même des capitales européennes de la Culture.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – Madame la Ministre, je prends bien note de votre réponse. Sans vouloir paraître désagréable, je dirais que vous ne vous mouillez pas énormément à ce stade. Je peux le comprendre. Vous nous avez détaillé les processus, en soulignant par exemple que le lieu de dialogue sera naturellement la CIM de la Culture. Nous pouvons vous suivre jusque-là. Votre rôle particulier dans ce processus ne m’apparaît par contre pas clairement. Vous avez néanmoins pris connaissance du souhait de la ville de Bruxelles de voir sa candidature portée pour l’année 2030. Espérons que les institutions, y compris la nôtre, pourront s’impliquer et dialoguer suffisamment le moment venu. Il va en effet de soi qu’une telle candidature doit avoir être déposée dans un contexte de relative concorde entre les différentes Communautés du pays.
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CRIc n°120-Cult17 (2016-2017), Juillet 2017, pp. 6-8