Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à M. Pascal SMET, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des Travaux publics et des Transports,
concernant la création d’une nouvelle boucle dans le tunnel Stéphanie
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Les tunnels bruxellois auront définitivement constitué une préoccupation importante du début de l’année 2016 et le feuilleton est loin de se terminer. C’est avec une réelle impatience que nous attendons le programme pluriannuel d’investissements pour la rénovation des tunnels et autres ouvrages d’art.
La presse a annoncé la proposition de circonscrire une zone du quartier Louise subissant un encombrement de plus en plus aigu. En effet, si les automobilistes venant du nord de Bruxelles empruntent la boucle du tunnel Louise pour rejoindre l’avenue Louise, les automobilistes venant de la Gare du Midi qui souhaitent se diriger vers le bois de la Cambre sont contraints d’emprunter le goulet de l’avenue Louise, qui est un axe fort encombré, ralentissant souvent la vitesse commerciale des lignes de trams.
L’idée de créer une boucle reliant la Porte de Hal à l’avenue Louise a manifestement un sens. Cela améliorera la qualité de la mobilité et recréera incontestablement un art de vivre dans cette zone qui sera dégagée d’un flux de véhicules de transit.
Dans une récente déclaration, vous manifestiez votre volonté de conserver des zones commerciales dans la ville en renforçant leur attractivité par rapport à la concurrence qui va s’établir avec les mégacentres en périphérie. Cela aidera à valoriser les quartiers commerciaux sans toutefois pousser la logique à un stade supérieur, grâce à des propositions concrètes.
Ne serait-il pas judicieux de compléter votre projet de boucle supplémentaire en tunnel entre la Porte de Hal et l’avenue Louise par le recouvrement définitif de l’espace entre la place Louise et la Porte de Namur via un financement Beliris ?
Le projet de tunnel entre la Porte de Hal et l’avenue Louise ne mérite-t-il pas, dans le cadre des travaux de rénovation du tunnel Stéphanie Louise existant, d’étendre le chantier au recouvrement définitif de l’espace compris entre la place Louise et la Porte de Namur ?
Ce recouvrement ne peut-il être pris en charge par le Fonds Beliris ?
M. Pascal Smet, ministre.- Je vais répondre concernant la boucle.
Initialement, notre objectif était de rouvrir le tunnel Stéphanie le plus vite possible. Cela impliquait une solution temporaire pour ensuite préparer le dossier en vue d’une rénovation approfondie.
Les ingénieurs, tant de Bruxelles Mobilité que ceux des bureaux externes, ont commencé à travailler, mais très vite ils se sont aperçus que le béton était en mauvais état. Les entrepreneurs ont alors décidé de confronter la théorie à la situation sur le terrain et ont procédé à des tests. Ils ont constaté que le béton était effectivement très endommagé. Tout cela est dû au fait que le béton utilisé à l’époque contenait beaucoup d’écailles et de sel. En outre, au moment des travaux, ils ont trouvé des armatures qui ne figuraient pas sur les plans. Les ingénieurs ont donc dû refaire leurs calculs.
Par ailleurs, comme on a toujours dit aux responsables des travaux que l’on souhaitait autant que possible une solution définitive, ils nous ont assuré qu’avec quelques semaines de travail supplémentaire, ils pouvaient rénover en profondeur la structure du tunnel et nous épargner une nouvelle fermeture.
Souvenez-vous, en effet, qu’au départ, on songeait à une réouverture temporaire au terme de réparations provisoires.
J’espère évidemment que, d’ici quelques mois, l’économie bruxelloise sera relancée. À l’époque, fermer le tunnel Stéphanie n’était pas une solution souhaitable. Nous avons préféré repousser l’ouverture de celui-ci aux vacances d’été mais, une fois rouvert, il le sera définitivement.
Comme vous le constaterez pendant la visite, il sera possible de refaire des travaux et rénovations ultérieurement, mais cela se fera de nuit, pendant les week-ends ou vacances scolaires.
Bien que les ingénieurs essaient de l’éviter, il serait encore possible de travailler dans le tunnel pendant les vacances 2017, en le fermant la journée. Cela permettrait de remplacer une dalle. Cela étant, le tronçon le plus important menant au sud et au centre de Bruxelles restera, en principe, ouvert pendant la journée.
N’oublions pas qu’une partie du tunnel est toujours accessible. Celui-ci connait un important trafic, des trams passent par là et deux tunnels se croisent à hauteur du carrefour avec Louise. Le béton est tellement mauvais qu’il importe de faire attention à la stabilité et au pouvoir porteur de ce tunnel.
C’est la raison pour laquelle les ingénieurs ou entrepreneurs doivent travailler tronçon par tronçon, de 3m en 3m, sachant qu’il y a 150m à couvrir. Cela veut dire que toute la masse de travail ne peut être abattue en une fois, auquel cas le tunnel risquerait de s’effondrer.
Des étançons d’envergure sont déjà en place pour soutenir la structure et devront être déplacés à mesure que les ouvriers progressent dans le tunnel. Dans un premier temps, ceux-ci pratiquent l’hydro-démolition et enlèvent de grandes parties de béton à l’aide de jets d’eau projetés à une pression de 1.000 bars.
Les armatures en place y restent et doivent sécher avant que l’on puisse, dans un second temps, placer de nouvelles armatures en acier inoxydable. Une fois la structure sèche, le travail consiste à refondre d’énormes quantités de béton par-dessus et ce, couche par couche.
Ce travail devra être effectué sur des zones limitées afin que le pouvoir porteur du tunnel soit conservé.
C’est pour cette raison qu’il n’est pas possible d’affecter un grand nombre d’équipes à la fois. Au début, les travaux ont commencé avec deux équipes en deux pauses, mais il a fallu y renoncer en raison de l’organisation du travail. Maintenant, les travaux s’effectuent d’une phase à l’autre et, dans quelque temps, les étançons seront également déplacés.
Les travaux se poursuivront également pendant le congé du bâtiment. Le chantier ne sera donc pas interrompu. Si c’est possible, les ouvriers travailleront également la nuit. Mais ce sont des travaux complexes et très lourds, car n’oublions pas qu’ils se déroulent à l’intérieur d’un tunnel.
L’entrepreneur et les ingénieurs sur place m’ont confirmé à plusieurs reprises que, sauf contretemps sur le chantier, les travaux seront terminés en été.
J’aimerais d’ailleurs remercier tous ces ingénieurs et fonctionnaires pour leur réactivité et pour le travail qu’ils accomplissent afin que le tunnel rouvre le plus rapidement possible.
Par ailleurs, j’ai eu de nombreux contacts avec les commerçants. Ils sont très contents d’avoir été invités à visiter le tunnel pour se rendre compte de la complexité des travaux. Ils ont compris qu’il n’y a malheureusement pas moyen d’agir autrement.
Concernant les deux bretelles, une étude technique indique que c’est faisable. Mais cela coûtera environ 70 millions d’euros, car le chantier est là aussi assez compliqué.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Vous parlez de la nouvelle bretelle ?
M. Pascal Smet, ministre.- Il s’agit de deux nouvelles bretelles dont le coût reviendrait à 70 millions d’euros.
À l’heure actuelle, la rénovation du tunnel Stéphanie sur 150m tourne aux alentours d’un million d’euros. À ce montant s’ajoutent encore 200.000 euros pour l’électromécanique et la ventilation.
Je soutiens cette idée. Dans le cadre du programme d’investissement dans le tunnel, ce point a été débattu par le gouvernement et beaucoup de ses membres sont pour. La question est celle des moyens financiers. Nous devons déjà investir 5,2 milliards d’euros dans les transports en commun et 50 à 60 millions annuels dans la rénovation du tunnel, sans parler des autres chantiers. Et l’impact financier de la crise économique est considérable.
Nous n’avons donc pas pris de décision quant à la création des bretelles, car tout dépendra de l’évolution budgétaire. Tout est question de priorités et, soyons clairs, nous ne disposons pas des budgets nécessaires pour l’instant.
Effectivement, le Fonds Beliris pourrait financer le projet, mais pas au détriment des autres chantiers. Il faudrait donc que le pouvoir fédéral octroie de nouveaux moyens financiers. Cela devra être discuté entre l’échelon fédéral et la Région bruxelloise.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Donc, si on ne travaille pas de jour comme de nuit comme cela se fait ailleurs, c’est à cause des problèmes techniques de séchage ?
M. Pascal Smet, ministre.- Entre autres, mais aussi à cause du très mauvais état de stabilité du tunnel. On a mis du temps à se rendre compte de la situation. Il faut faire très attention. J’en ai parlé avec les fonctionnaires, les ingénieurs en charge, les entrepreneurs… C’est très compliqué. Ils font ce qu’ils peuvent pour travailler avec le maximum de personnel. Ils en ont reçu l’autorisation, mais le problème de stabilité et les contraintes techniques les en empêchent.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- On parle donc plutôt du mois de septembre ?
M. Pascal Smet, ministre.- Non, non. Des vacances d’été.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Dès le mois de juillet ?
M. Pascal Smet, ministre.- Je vais être prudent. Ce n’est pas mathématique ! Nous dépendons des ingénieurs et des entrepreneurs. Ils ont reçu toutes les autorisations pour aller le plus vite possible, et disent que ce sera pour l’été, qu’il n’y aurait pas de souci. Mais vous avez déjà rénové une vieille maison ?
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Oui…
M. Pascal Smet, ministre.- Vous savez donc que souvent, pour des raisons indépendantes de votre volonté, ça prend plus de temps. Je reste donc prudent.
M. le président.- La question de M. Van Goidsenhoven était peut-être de savoir s’il s’agissait des vacances d’été 2016.
M. Pascal Smet, ministre.- 2016, évidemment !
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Par rapport aux bretelles, vous nous annoncez la nécessité d’un investissement de 70 millions d’euros. Vous y êtes favorable mais, aujourd’hui, vous êtes dans l’impossibilité de nous garantir que cette option pourra être rencontrée prochainement ou que des discussions budgétaires seront entamées à ce sujet. Je sens dans votre chef un a priori positif, mais qu’il n’y a rien qui puisse garantir que cette option sera un jour concrétisée.
M. Pascal Smet, ministre.- La situation économique et financière de la Belgique (Bruxelles, la Flandre et la Wallonie) additionnée au Brussels bashing et aux attentats est très difficile. Aucun gouvernement n’est capable de dire comment la situation va évoluer. Nous devons être prudents. Nous savons que nous avons déjà beaucoup de dépenses, comme pour les transports en commun, que personne ne veut remettre en question puisqu’ils sont indispensables.
Nous avons maintenant les tunnels, dont la rénovation va nous coûter entre 50 et 60 millions d’euros. Il y a des frais inhérents à la sécurité et d’autres investissements que le contexte nous impose. Vous comprendrez que la prudence est de rigueur.
Le gouvernement, même s’il est dans sa totalité favorable à l’idée, estime qu’il ne serait pas sage aujourd’hui de s’engager au vu des nombreuses dépenses auxquelles il est confronté. Il ignore encore quel sera l’impact sur les impôts, macro- économiquement, mais aussi sur nos budgets et nos dotations. La prudence est donc de mise. C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas prendre une telle décision aujourd’hui.
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CRI COM n°93 (2015-2016), Avril 2016, pp. 23-30