Interpellation sur les mesures positives prises pour inciter les poids lourds à investir dans les véhicules écologiques

Interpellation de M. Gaëtan Van Goidsenhoven, adressée à M. Bruno De Lille, Secrétaire d’Etat de la Région de Bruxelles-Capitale en charge du Transport, de l’Egalité des chances et de la Fonction publique

concernant les mesures positives prises pour inciter les poids lourds à investir dans les véhicules écologiques.

 

Mme la présidente.- La parole est à M. Van Goidsenhoven.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Dans son accord de gouvernement, l’exécutif prévoit une politique ambitieuse en matière de transport de marchandises. S’il est indispensable de limiter l’accès des gros camions dans les centres urbains et les quartiers résidentiels, il faudra créer des itinéraires secondaires à cet effet.

Un aspect très contraignant de notre capitale est sa congestion automobile. La Région soutient et encourage les employeurs à rediriger leur personnel vers les transports en commun, ce qui est un bon début. Malheureusement, cela ne suffit pas à désengorger notre ville. On ressent aussi une sensation d’oppression et de pollution de l’atmosphère due aux particules émises et au CO2. Cette problématique de la pollution aérienne et sonore s’ajoute aux désagréments causés par les embouteillages et le trop grand nombre de voitures.

C’est pourquoi je souhaite vous interpeller sur les mesures positives prises par le gouvernement pour apporter des solutions à ces problèmes de congestion automobile et de mauvaise qualité de l’air. La présence des poids lourds est inévitable pour l’instant. Il faut donc faire avec. Envisagez-vous des solutions précises et efficaces pour améliorer la qualité de l’air à Bruxelles ?

D’ici 2014, les nouveaux poids lourds devront être propres et respectueux de l’environnement. Le moteur Euro 6 sera obligatoire. L’émission de particules sera diminuée de 95% par rapport au moteur Euro 1, ce qui est considérable. Les véhicules Euro 6 seront disponibles sur le marché avant 2014, ce qui permettra aux compagnies et aux chauffeurs d’acquérir un véhicule propre quand ils auront besoin d’en acheter un nouveau.

La Région proposera-t-elle des incitants afin d’encourager les chauffeurs à changer de véhicule rapidement ? Quelle initiative avez-vous prise pour encourager ces chauffeurs de poids lourds à respecter l’environnement ? Avez-vous pris contact avec les organes professionnels de transporteurs afin d’imaginer des solutions en accord avec la Région ? Avez-vous reçu des demandes en ce sens de la part de ces associations ? Que leur avez-vous répondu le cas échéant ? 

[…]

Mme la présidente.- La parole est à M. De Lille.

M. Bruno De Lille, Secrétaire d’État.- L’accord de gouvernement prévoit une politique ambitieuse en matière de transport de marchandises. Sa traduction en mesures concrètes sur le terrain se fera au travers d’une initiative particulière : la réalisation d’un plan marchandises pour la Région bruxelloise.

Les moteurs diesel, dont les poids lourds sont équipés, sont les principaux émetteurs des microparticules en Région de Bruxelles-Capitale. Si la circulation des poids lourds ne représente que 3% de la charge du trafic, ils contribuent à hauteur de 14% à la pollution atmosphérique. En outre, ils sont à la source de problèmes de congestion, notamment aux heures de pointe, et la livraison des nombreux commerces de la ville par des poids lourds n’est certainement pas une solution optimale. Enfin, le stationnement de ces camions pose aussi un problème.

La problématique du transport de marchandises en ville est extrêmement complexe. La dispersion des activités et l’origine variée des marchandises induisent un trafic de camions diffus et difficilement maîtrisable.

Le processus de développement d’un plan marchandises sera lancé au début de l’année 2010. Nous ne disposons pas en Région de Bruxelles-Capitale d’une vue complète sur la situation. Il existe des études partielles sur des zones restreintes. Ce plan se basera donc sur une large concertation entre la Région, les communes et tous les acteurs de la logistique et de la distribution urbaines. Parmi les initiatives, la commission régionale de la Mobilité examine actuellement les modalités de la création d’une nouvelle souscommission spécifique au transport de marchandises. Cela constituerait une plate-forme idéale pour élaborer des mesures efficaces conjointement avec tous les acteurs.

Ce plan sera élaboré dans le courant 2010 et devrait être adopté au plus tard début 2011.

Les associations professionnelles de camionneurs seront associées à la rédaction du plan, et la Région étudiera avec elles les possibilités de sensibiliser les chauffeurs, notamment aux problématiques environnementales et de sécurité routière. La possibilité de créer des zones à basses émissions dans des quartiers particulièrement sensibles sera étudiée avec eux.

Les questions de la restriction de circulation des poids lourds et de l’identification d’itinéraires spécifiques font bien entendu partie de cette démarche. Les communes seront associées de près à l’établissement de ces modalités tant pour les questions d’horaires que d’itinéraires et de stationnement. Ces mesures ne pourront pas être prises sans mettre en œuvre des alternatives pour une distribution plus efficace sur le point environnemental.

Pour l’amélioration de la qualité de l’air et la qualité de vie dans les quartiers, il faut réduire le transit inutile sur une série d’axes. Dans l’attente de l’application du futur plan marchandises, le principe de hiérarchisation des voiries, porté par IRIS et les Plans communaux de mobilité (PCM), doit se poursuivre avec le concours des communes.

Le développement de véhicules plus propres est un processus continu, via l’introduction de normes Euro de plus en plus strictes. Tous les camions nouvellement immatriculés doivent répondre à la norme Euro 5 depuis le 1 er octobre 2009. Ces camions rejettent quatre fois moins d’oxyde d’azote, trois fois moins de monoxyde de carbone, trois fois moins d’hydrocarbures et dix-huit fois moins de microparticules que leurs homologues d’il y a quinze ans (norme Euro 1).

Les grandes sociétés de transport ont un taux de renouvellement de leur flotte rapide et la plupart des camions sur nos routes sont certifiés Euro 4 et Euro 5. Il semble donc que des subsides ne soient pas nécessaires pour renouveler le parc de camions, d’autant plus que les effets réels et les impacts budgétaires d’une prime régionale n’ont pas été étudiés.

Par ailleurs, il serait contradictoire dans le chef de la Région d’accorder des aides pour l’acquisition de véhicules que nous voulons, à terme, décourager en ville.

La question de la signalisation est liée aux itinéraires que nous voulons voir les camions emprunter. Un premier pas a été fait sur le Ring, où des panneaux indiquent où se trouve le Port. Auparavant, de nombreux poids lourds faisaient tout le tour de la ville avant d’arriver au Port. La signalisation du Ring a permis de régler en partie ce problème, mais elle devrait être installée à l’intérieur de Bruxelles également.

Nous ne sommes évidemment pas opposés au transport de marchandises, indispensable au secteur économique. Néanmoins, nous voulons développer une vision cohérente pour l’ensemble du territoire régional. Nous constatons souvent que les panneaux d’interdiction pour les poids lourds ne sont pas respectés. Ce problème se pose, par exemple, à la rue Neuve, où des poids lourds de 18 à 30 tonnes effectuent des livraisons, malgré un panneau d’interdiction pour les camions de 12 tonnes. Ces camions endommagent inévitablement les voiries qu’ils empruntent.

Nous voulons développer une vision cohérente, attentive aux itinéraires, à la signalisation, à l’infrastructure, aux possibilités de stationnement destinées aux poids lourds. Nous étudierons également comment inciter le secteur des poids lourds à investir dans des véhicules moins polluants.

Mme la présidente.- La parole est à M. Van Goidsenhoven. 

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Nous laisserons donc faire la nature, si j’ose dire, en ce qui concerne les moteurs des nouveaux véhicules. Je me réjouis de l’annonce de l’association des communes à la réflexion sur la circulation des camions dans notre Région. Je constate que la gestion de ce trafic est difficile. Je suivrai avec beaucoup d’attention l’évolution de la sous-commission qui verra le jour, en espérant que notre ville, Région et capitale de l’Europe pourra faire meilleure figure en ce qui concerne le trafic des poids lourds. 

 

Pour retrouver le texte dans son intégralité, cliquez ici. Novembre 2009, pp. 7-12