Interpellation concernant le trafic assuré par la voie d’eau en 2013.

INTERPELLATION DE M. GAËTAN VAN GOIDSENHOVEN À MME BRIGITTE GROUWELS, MINISTRE DU GOUVERNEMENT DE LA RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE, CHARGÉE DES TRAVAUX PUBLICS ET DES TRANSPORTS,

concernant « le trafic assuré par la voie d’eau en 2013 ».

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Le Port de Bruxelles vient de publier les chiffres du trafic effectué par voie d’eau en 2013. Le tonnage est en très sensible augmentation par rapport à 2012, mais cet accroissement de trafic est dû à la bonne performance du transit.

Le trafic propre accuse une baisse de 6%, ce qui ne peut laisser indifférent.

Un autre point négatif est la diminution du nombre de conteneurs traités au port de Bruxelles, alors que dans l’ensemble, le trafic des conteneurs a confirmé une reprise en 2013. La perte de trafic des conteneurs ne peut s’expliquer par l’insuffisance d’espaces portuaires, comme semble le dire le communiqué de la direction portuaire. En d’autres termes, le trafic propre au port de Bruxelles est en chute de 6% par rapport à l’année 2012, qui n’avait pas non plus affiché de score très favorable. Une telle baisse du trafic propre et de celui des conteneurs amène une série de questions pour lesquelles j’apprécierais de connaître vos commentaires.

Le Port de Bruxelles avait annoncé des trafics générés par le transport des déchets de construction. Faut-il en déduire que ce débouché ne s’est pas confirmé en 2013 ?

Des firmes installées au port de Bruxelles ont-elles renoncé au trafic par voie d’eau ou ont-elles perdu des marchés ?

Quels sont les secteurs les plus touchés par la baisse de trafic propre ?

Comment expliquer la diminution du trafic des conteneurs de 18% par rapport à 2012 ? Faut-il y voir une modification dans la politique d’exploitation du terminal ? Où ces trafics ont-ils migré ?

Mme Brigitte Grouwels, ministre.- L’année 2013 n’a pas été favorable au transport par voie d’eau, tant en Belgique que dans les ports intérieurs européens, qui ont, dans leur grande majorité, connu des baisses de volumes.

À titre indicatif, voici la situation de 2013 de différents ports intérieurs en termes de tonnages : Liège a connu une perte de 4,9%, Strasbourg, de 0,1% et Bâle de 5,3%.

En ce qui concerne les tonnages sur les voies d’eau, la configuration est la même : Waterwegen et Zeekanaal a connu une perte de 0,5%, De Scheepvaart, de 3,5% et de 5% pour les voies d’eau wallonnes.

Cette conjoncture touche évidemment aussi les activités et le passage au Port de Bruxelles.

En ce qui concerne les déchets de construction, il convient de faire la distinction entre deux types de déchets de construction : 

– l’un est le fait d’entreprises actives dans le secteur disposant de terrains portuaires qui intègrent l’usage de la voie d’eau dans leur chaîne logistique d’une manière générale, tant pour l’évacuation des déchets que pour la réutilisation de certaines matières inertes. Ces trafics ne sont pas en diminution significative ;

– l’autre dépend des autres acteurs de la filière, pour lesquels le recours à la voie d’eau est encore loin d’être un réflexe, surtout si le chantier n’est pas situé le long du canal.

En fonction de la localisation des chantiers, et en l’absence de contrainte réglementaire, l’utilisation de la voie d’eau pour l’évacuation des terres et déchets de chantiers reste très fluctuante d’une année et d’un chantier à l’autre. Pour y remédier, le Port de Bruxelles mène de nombreuses actions pour sensibiliser les différents acteurs, tant publics que privés, à cette solution durable, notamment via son expert en transports et les projets de l’alliance emploi-environnement.

Aucune entreprise portuaire n’a renoncé au transport par voie d’eau en 2013, ni perdu de trafic, si l’on exclut l’ancien opérateur du terminal à conteneurs de l’avant-port dont le contrat de concession, arrivé à échéance, n’a pas été renouvelé au terme d’une procédure de mise en concurrence.

En effet, le Port a procédé, début 2013, à un appel à projets pour l’exploitation du terminal à conteneurs de l’avant-port. L’ancien opérateur a remis une offre, ainsi qu’un consortium du nom de Trimodal Terminal Brussels (TTB). Cette dernière offre a été jugée supérieure à celle de l’ancien exploitant et le Port lui a donc octroyé la concession d’exploitation du terminal à conteneurs à dater du 1er juillet 2013. La chute du trafic de conteneurs s’explique donc essentiellement par le changement d’exploitant, qui a entraîné une perte provisoire de volumes.

II est cependant important de constater que la majorité des clients du terminal ont continué à l’utiliser, tandis que de nouveaux clients étaient attirés par le nouvel exploitant. Début 2014, celui-ci atteignait déjà des volumes comparables à ceux enregistrés un an plus tôt.

En termes de volumes, les secteurs les plus touchés sont ceux des matériaux de construction. L’année 2013 a été particulièrement difficile pour les entreprises liées à la construction à Bruxelles, du fait d’une conjoncture morose, mais aussi d’un hiver particulièrement long et rigoureux. La reprise observée au cours du deuxième semestre de l’année en est la preuve. En termes de pourcentage, les conteneurs sont les plus touchés, pour les raisons que je viens d’expliquer.

La décision de changer d’opérateur pour le terminal à conteneurs est motivée par la volonté de garder l’approche la plus dynamique et ouverte possible de son développement. Elle ne vise pas à réduire les volumes transbordés, mais, au contraire, à les augmenter. Une phase de transition est cependant inévitable et les chiffres de la fin de 2013 et du début de 2014 montrent qu’elle a été négociée avec succès. J’espère que cela continuera tout au long de l’année.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Les explications conjoncturelles générales de la ministre ne sont pas tout à fait convaincantes. En effet, si l’on parle de Liège, on ne doit pas perdre de vue qu’une partie de l’explication réside dans le cas d’Arcelor.

En outre, dans l’exemple cité du canal Maritime, la diminution de 0,5% est loin de la diminution de 6% enregistrée au Port de Bruxelles. Comparaison n’est donc pas raison.

Si, comme vous le dites, les entreprises n’ont pas perdu de trafic, comment expliquer cette perte de 6% ? À la fin de votre exposé, vous prétendez que le problème serait dû aux difficultés conjoncturelles du secteur de la construction du fait de la mauvaise situation économique et d’une année hivernale particulièrement difficile. Ai-je bien compris ou souhaitez-vous introduire des nuances ?

Mme Brigitte Grouwels, ministre.- C’est effectivement ce que j’ai dit.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven.- Nous reviendrons donc sur le sujet.

 

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CRI COM (2013-2014) n° 61, Mars 2014, pp. 16-19