Interpellation concernant la visite du Ministre-Président au MIPIM de Cannes

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à M. Rudi VERVOORT, Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des Pouvoirs locaux, du Développement territorial, de la Politique de la Ville, des Monuments et Sites, des Affaires étudiantes, du Tourisme, de la Recherche scientifique et de la Propreté publique

concernant « la visite du ministre-président au MIPIM de Cannes ».

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Le Marché international des professionnels de l’immobilier (MIPIM), se veut « le plus grand marché international des professionnels de l’immobilier qui réunit, chaque année, les acteurs les plus influents de tous les secteurs de l’immobilier (bureaux, résidentiel, commerces, santé, sport, logistique et industrie), offrant un accès inégalé aux plus grands projets de développement immobiliers et aux sources de capitaux à l’international ».

L’édition 2015 du MIPIM s’est déroulée du 10 au 13 mars à Cannes. Une forte délégation bruxelloise que vous avez conduite s’est par ailleurs rendue sur place. En guise de bilan, je souhaiterais aujourd’hui vous entendre à propos des contacts que vous avez pu nouer et, je n’en doute pas, des succès que votre équipe et vous avez pu engranger à l’occasion de cette manifestation d’envergure.

Mes premières questions portent sur l’importance et la composition de la délégation bruxelloise. Combien de personnes ont participé à ce déplacement ? Quels collaborateurs avez-vous emmenés avec vous afin de participer à des rencontres avec des professionnels ?

Je souhaite également davantage d’informations concernant les objectifs stratégiques de la délégation. On le sait, cet événement se compose de nombreux séminaires et de nombreuses rencontres avec des acteurs-clés. Quels sont les atouts que vous avez pu mettre en avant auprès des interlocuteurs dans l’objectif de promouvoir notre Région ? Quels sont les acteurs-clés que vous avez pu rencontrer ? Quelles ont été les premières conclusions que vous avez pu tirer de ces réunions ?

Cette participation au MIPIM remonte maintenant à un peu plus de deux mois. Si vous avez jugé nécessaire de vous y rendre, j’aimerais savoir si vous disposez déjà de premiers résultats concrets de ces échanges ou de ces visites. Des partenariats, des contrats, des projets communs ou des investissements ont-ils été concrétisés ?

Nous avons tous entendu parler, lors de votre présence à Cannes, de l’accord intervenu sur l’acquisition du bâtiment Citroën. Je suis convaincu que ce n’est pas là le seul élément concret lié à cet événement cannois. Si ce déplacement dans le midi de la France implique également le partage ou la découverte de ce qui peut se faire ailleurs, je souhaiterais que vous puissiez nous faire part d’éventuelles initiatives, de projets, d’exemples de reconversions réussies dans d’autres villes ou pays et qui seraient susceptibles de nous inspirer en Région bruxelloise. Il est en effet parfois important de regarder au-delà de ses frontières pour donner une impulsion bien nécessaire à notre redynamisation. J’imagine évidemment que les échanges se sont aussi déroulés dans cette perspective.

Qu’en est-il de notre savoir-faire bruxellois au MIPIM ? Pouvez-vous m’éclairer sur la présence de professionnels bruxellois qui ont pu mettre en évidence notre expertise ? Quel accueil a été réservé à ces personnes ou à ces entreprises ? Des projets typiquement bruxellois ont-ils été présentés voire primés lors de l’annonce des MIPIM Awards ?

Enfin, d’un point de vue purement financier, à combien s’élève ce déplacement, qu’il s’agisse des frais de voyage ou d’hébergement ? 

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Un certain nombre d’échevins sont présents au MIPIM, dont M. Debouverie ou Mme Gilson qui sont là fréquemment. Peut-être pourraient-ils également vous apporter quelques éclaircissements quant à la manière dont se déroule le MIPIM.

Ce dernier est sans aucun doute le plus grand événement immobilier européen organisé. Il suffit de lire la presse pour comprendre à quel point les enjeux sont importants pour Bruxelles et cette réalité existe depuis de nombreuses années.

C’est la raison pour laquelle on trouve chaque année sur place une importante délégation bruxelloise et pas seulement politique. Au niveau des administrations par exemple, un certain nombre de fonctionnaires locaux sont également présents : Bruxelles Développement urbain, le Service public régional de Bruxelles (SPRB), citydev.brussels, l’Agence de développement territorial pour la Région de Bruxelles- Capitale (ADT), la Société d’acquisition foncière (SAF), la Ville, le maître-architecte, …

Le dynamisme immobilier bruxellois étant important, les projets bruxellois sont régulièrement primés. Ce fut le cas cette année avec le projet du Parc Newton présenté par citydev.brussels et qui n’a malheureusement pas obtenu le MIPIM Award. La Région bruxelloise est par ailleurs régulièrement nommée au MIPIM.

C’est donc un moment au cours duquel la Région bruxelloise présente les projets qu’elle soutient, notamment les quartiers prioritaires. C’est la deuxième fois que je me rends au MIPIM et, chaque fois, nos projets font l’objet d’un intérêt majeur.

Ainsi, le point presse et l’exposé fait par le gouvernement bruxellois connaissent systématiquement un grand succès. Cette année était l’occasion de présenter le maître-architecte qui était présent et a proposé un exposé sur la vision, le développement d’un projet.

Nous avons eu un échange de vues avec un certain nombre d’acteurs de l’immobilier, publics comme parapublics. Tout le milieu de l’immobilier bruxellois y est présent. Je suis pragmatique par nature, et on nous reprocherait d’ailleurs de ne pas y être présents. M. Dilliès s’était bien étonné de mon absence à Davos. J’accepte les règles du jeu.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- A priori, votre présence à Cannes n’est pas critiquée. Je tiens juste à connaître le fruit de ce déplacement.

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Ça doit être ma nature suspicieuse qui me le fait croire quand vous évoquez certains éléments. J’ai cru voir poindre chez vous quelques questions un peu orientées.

C’est l’occasion pour nous de présenter nos grandes orientations en matière de développement territorial.

Depuis quelques années, les trois Régions sont présentes dans un espace commun où chacune vient présenter ses projets les plus emblématiques. Charleroi était là, mais j’ai aussi rencontré le bourgmestre de Gand, venu exposer quelques projets immobiliers.

Du point de vue de l’immobilier, c’est l’endroit incontournable pendant ces quelques jours. Nous présentons, ainsi que la presse belge et bruxelloise, notre vision des choses et nos projets d’avenir pour le développement territorial de Bruxelles. C’est un moment-clé auquel il serait curieux de déroger, vu l’investissement financier – par exemple pour les stands – puisque vous me posez la question de mes frais de voyage. Dans l’enjeu Neo contre Uplace, notamment, en termes d’investissements et de capacité à convaincre les investisseurs internationaux, une absence aurait été une faute politique.

Au vu des enjeux en Belgique, il convient que la Région soit présente. Nous sommes demandeurs d’équipements, de logements, d’espaces industriels et commerciaux et ces événements nous offrent l’occasion de nous vendre. Et je suis prêt à le faire pour nous rendre attractifs. Il s’agit aussi de montrer que tout ce que nous mettons en place fasse en sorte que Bruxelles reste attractive pour les investissements, car nous en avons grandement besoin.

C’est le sens de la présence de la Région et d’un certain nombre de communes, pensons à la Ville de Bruxelles puisque Mme Ampe était aussi présente à Cannes.

Les réponses aux questions plus précises vous seront transmises.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- J’entends bien M. le ministre-président et mon propos n’est certainement pas de dire qu’il est inutile d’aller au MIPIM. J’aurais cependant voulu en savoir un peu plus sur votre définition de la délégation, car j’imagine que les gens qui ont été désignés pour être présents l’ont été sur la base d’un objectif clair. Or, cet objectif ne semble pas toujours établi. Entre le fait de ne pas être présent à un événement et avoir un nombre quasiment illimité de personnes présentes, il y a sans doute un juste milieu. Il n’y avait pas d’autres ministres que vous-même.

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Je suis parti avec mon directeur de cabinet, la responsable du développement territorial et mon attaché de presse puisqu’il y avait un événement autour de Citroën qui nécessitait une organisation avec les médias. Si l’on veut avoir un peu de couverture dans les médias, il faut aussi s’assurer que les professionnels soient présents. C’est ce qui me concerne. Si vous avez des questions à poser à mes collègues, n’hésitez pas !

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Je n’hésiterai pas. Nous avons eu l’impression que Bruxelles s’était un peu vidée.

Ce qui apparaît moins dans votre réponse, ce sont les avancées concrètes. Vous avez parlé du bâtiment Citroën, de la concurrence entre les projets Neo versus Uplace. Vous vous êtes défini comme étant le VRP de notre Région pour les investissements. Tout cela est très bien, mais en dehors de ces éléments-là, je n’ai pas entendu parler de grands dossiers que vous auriez pu débloquer ou pousser à cette occasion. J’imagine que tout ne se déroule pas du 10 au 13 mars, mais, néanmoins, cela pourrait être intéressant d’estimer l’ampleur de cet événement en termes de contacts ou de conséquences qui, sans votre présence, n’auraient pu se produire. C’est le cœur de ma question, car le MIPIM est un moment important, mais dès qu’une bonne nouvelle survient, on l’apprend au compte-gouttes.

Je ne doute pas que ces trois jours ont été riches en contacts, mais je ne perçois pas encore à ce stade l’aspect décisif de votre présence pour pousser certains grands dossiers. Vous n’avez peut-être pas envie de nous révéler exactement le contenu de ces trois journées et je ne tiens pas nécessairement à ce que vous nous détailliez votre agenda, car ce n’est pas mon rôle. Je ne perçois pas le coup d’accélérateur donné à certains dossiers. J’aurais voulu obtenir un peu plus d’explications.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).– Je souhaite que les choses soient claires. Je ne lui reproche pas d’être allé sur place, mais puisque nous siégeons au parlement, je souhaiterais obtenir le compte rendu des événements.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Si trois jours de contacts se résument à deux minutes de réponse, je vous remercie.

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Je ne vais quand même pas vous énumérer ici tous ceux que j’ai rencontrés et tous les points dont j’ai discuté !

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Je m’attendais au moins aux principaux dossiers.

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- On est là pour rassurer. J’ai l’impression que vous êtes d’une fausse naïveté, M. Van Goidsenhoven, et d’une candeur qui ne vous sied pas.

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CRI COM (2014-2015) n°108, Juin 2015, pp. 6-12