Proposition de résolution visant à soutenir la candidature de la Région de Bruxelles-Capitale au « Réseau des villes créatives » de l’UNESCO

PROPOSITION DE RESOLUTION 
visant à soutenir la candidature de la Région de Bruxelles-Capitale au « Réseau des villes créatives » de l’UNESCO

Proposition déposée par : MM. Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Mohammed AZZOUZI, Mme Caroline PERSOONS, M. Christophe DOULKERIDIS, Mme Julie de GROOTE, M. Arnaud VERSTRAETE, Mme Brigitte GROUWELS, MM. Vincent DE WOLF et Alain DESTEXHE

Développements

Le « Réseau des villes créatives » est une initiative qui a été lancée en 2004 par l’UNESCO et qui compte aujourd’hui 116 cités membres réparties à travers le monde (entre autres, Dublin, Bologne, Edimbourg, Nagoya, Buenos Aires, Shanghai, Bologne et Sydney). L’objectif principal de ce projet est de mettre en valeur, d’une part, le rôle moteur de la créativité dans le développement économique, social et culturel de collectivités urbaines, et, d’autre part, de favoriser les partenariats de collaboration entre ces dernières.

Les créateurs contribuent à l’évolution des modes de vie en proposant de nouveaux usages de l’espace qui affectent la sociabilité, les services, les modes de travailler, de se déplacer, d’habiter et de se divertir. Il s’agit de décider quelle place réserver aux créateurs. Leur présence au sein des territoires paupérisés, souvent périphériques, s’affirme souvent comme un levier de développement d’un point de vue culturel, social et économique, contribuant à transformer le territoire et son identité. Par ailleurs, la production et la diffusion de manifestations culturelles (festivals, spectacles, expositions) génèrent des dynamiques urbaines qui enrichissent la vie de quartier. Dans toute société, on peut considérer que les artistes sont des vecteurs du lien social et des initiateurs de projets et d’activités.

Le développement d’une ville créative passe premièrement par la planification publique de la culture, qui irrigue de manière transversale l’ensemble des interventions publiques (santé, éducation, tourisme, urbanisme,…). Deuxièmement, son développement passe par un marketing urbain qui considère la création comme un moteur de consommation et met en avant le pouvoir d’attractivité d’une offre culturelle urbaine. Enfin, il convient d’acquérir et de pérenniser une production et un savoir-faire local (artistique, artisanal, industriel) qui favorisent les échanges et les collaborations avec un tissu socio-économique lui-même local.

La création contribue au développement économique :

– valorisation et restauration du patrimoine bâti et des espaces publics ;

– réalisation d’institutions culturelles et de projets architecturaux prestigieux (ex : le Guggenheim à Bilbao) ;

– organisation de manifestations éphémères, expositions, festivals, capitale européenne de la culture.

De l’activité culturelle découlent des effets positifs sur le tourisme et les industries de loisir. Elle s’inscrit dans une stratégie économique dont l’attractivité est le maître mot, et qui offre aux activités créatrices le rôle moteur qu’ont perdu les industries manufacturières moribondes. Villes pionnières en la matière : Bilbao, Glasgow et Barcelone.

La culture est devenue en quelques années un secteur économique régénérateur, un instrument d’aménagement du territoire et un support de marketing urbain. Une métropole doit s’engager dans une politique qui lui permette de se positionner parmi les « villes créatives » dans le cadre d’une société de la connaissance de plus en plus internationale. Les industries culturelles et créatives (ICC) disposent d’un important potentiel de croissance et d’emplois. 2,6 % du PIB de l’Union européenne proviennent de ce secteur. Les ICC procurent des emplois de qualité à quelques 5 millions de citoyens européens. Un chiffre en croissance annuelle de 4,8 %!

Ce « Réseau des villes créatives » s’articule autour de sept thématiques distinctes que sont la littérature, le cinéma, la musique, l’artisanat et les arts populaires, le design, les arts numériques et la gastronomie. L’intérêt de participer au « Réseau des villes créatives » est à la fois certain et pluriel.

Citons notamment :

– la reconnaissance internationale sous l’égide de l’UNESCO de la tradition d’innovation mais aussi des structures créatives d’une ville, avec la possibilité de retombées complémentaires au niveau socio- économique, urbanistique, culturel et touristique ;

– le partage des connaissances techniques, des expériences et des bonnes pratiques au sein du réseau international, pour les acteurs publics et privés ;

– la mise en commun d’idées, d’outils et de moyens pour cultiver l’innovation au cœur du développement ;

– le redéploiement urbain par le développement de pôles locaux d’excellence ;

– la promotion de la diversité des produits culturels sur les marchés nationaux et internationaux.

A l’instar de Montréal et de Berlin qui ont été reconnues comme « Villes UNESCO du design » pour récompenser et appuyer leurs stratégies de soutien à l’industrie créative et ses effets leviers pour les tissus métropolitains (création d’emplois, aménagements urbains, projets architecturaux, offres culturelles), à l’instar de Séville qui a été désignée « Ville UNESCO de musique » pour la mobilisation de son patrimoine artistique, la Région de Bruxelles-Capitale dispose également de sérieux atouts à faire valoir au sein et en dehors de ses frontières. Le gouvernement bruxellois ne s’est du reste pas trompé sur ce constat lorsqu’il a lancé en 2006 « L’année de la mode et du design », suivie en 2010 de « L’année de la gastronomie », qui ont mis à l’honneur deux grands secteurs à haut potentiel de l’économie régionale et, surtout, le savoir-faire de leurs nombreux acteurs. Au croisement d’influences de tous horizons, ouverte à la novation et aux courants créatifs, notre Ville-Région ne manque pas de sources d’attractivité et de développement à promouvoir.

Soucieux de compléter les efforts déjà fournis par le gouvernement mais aussi d’appuyer la tradition historique de coopération avec l’UNESCO, les auteurs de la présente proposition de résolution proposent de renforcer la dynamique de valorisation du potentiel bruxellois, par une candidature de notre Région au « Réseau des villes créatives ». Sachant que cette dernière nécessite en premier lieu de choisir une thématique unique d’adhésion, il est proposé de lancer une étude prospective pour définir le domaine pour lequel les retombées positives seraient les plus importantes. Sur la base d’un choix stratégique et objectivé, le Ministre-Président devrait prendre la tête d’un comité de pilotage associant les bourgmestres de l’ensemble des communes bruxelloises et toutes les forces vives concernées, en ce compris les représentants sectoriels (publics et privés), pour définir, rédiger et présenter un dossier de candidature finalisé auprès de l’UNESCO. La reconnaissance internationale de la Région bruxelloise comme pôle de créativité est déjà une réalité, mais en nous inscrivant dans le sillage de la dynamique onusienne, nous pourrons renforcer sans équivoque le moteur de notre développement culturel, social et économique.

Un appel à candidatures pour rejoindre ce réseau des villes créatives étant actuellement ouvert par l’UNESCO, il constitue une réelle opportunité pour la Région de se manifester afin de s’inscrire sur cette liste des villes reconnues par cette institution.

Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN
Mohamed AZZOUZI
Caroline PERSOONS
Christos DOULKERIDIS
Julie de GROOTE 
Arnaud VERSTRAETE
Brigitte GROUWELS
Vincent DE WOLF
Alain DESTEXHE

PROPOSITION DE RÉSOLUTION
visant à soutenir la candidature de la Région de Bruxelles-Capitale au « Réseau des villes créatives » de l’UNESCO 

Le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale,

Considérant le rôle moteur de la créativité et de l’innovation dans le développement social, économique et culturel de la Région bruxelloise, par le biais de ses acteurs publics et privés ;

Considérant les nombreux atouts régionaux et les différents programmes qui ont déjà été mis en oeuvre par le gouvernement pour en assurer la promotion, à l’instar de « L’année de la Mode et du Design » initiée en 2006 et de « L’année de la Gastronomie » lancée en 2010 ;

Considérant les retombées positives qui découleraient de la reconnaissance par l’UNESCO de la créativité bruxelloise, ainsi que des partenariats internationaux mis en oeuvre dans le cadre du « Réseau des villes créatives » ;

Considérant que l’accord de majorité prévoit que « Bruxelles doit soutenir l’économie créative et que des secteurs tels que ceux de la mode et du design et de la production cinématographique et audiovisuel seront soutenus » ;

Considérant que le Gouvernement prévoit d’axer sa politique touristique sur les sites culturels et/ou patrimoniaux, sur la gastronomie, l’architecture, la mode,… ;

Considérant l’attractivité de notre Région représentée par le talent de nos artistes, de notre patrimoine, de notre ouverture d’esprit mais aussi de notre diversité culturelle reconnue par la communauté internationale ;

Considérant les efforts fournis pour stimuler la créativité et l’innovation, par la Stratégie 2025 et la rénovation du Plan régional pour l’Innovation ;

Demande au Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale :

– de lancer une étude prospective pour déterminer la thématique de partenariat pour laquelle les retombées positives seraient les plus importantes dans le cadre d’une participation au « Réseau des villes créatives », en accordant une attention particulière à la diversité culturelle bruxelloise ;

– d’inscrire cette étude prospective et la participation dans le réseau des villes créatives au budget de la Région de Bruxelles-Capitale ;

– que le ministre compétent charge l’Agence bruxelloise du tourisme, via son comité stratégique, d’associer toutes les forces vives concernées, en ce compris les représentants sectoriels (publics et privés), ainsi que les bourgmestres de l’ensemble des communes bruxelloises, pour définir, rédiger et présenter un dossier de candidature finalisé auprès de l’UNESCO ;

– d’informer régulièrement le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale du suivi de la présente proposition de résolution ;

– de suivre ce que prévoit l’accord de Gouvernement, à savoir « de demander au Gouvernement fédéral d’investir, tant quantativement que qualitativement, de manière importante dans les institutions culturelles qu’il gère à Bruxelles. ».

Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN
Mohamed AZZOUZI
Caroline PERSOONS
Christos DOULKERIDIS
Julie de GROOTE
Arnaud VERSTRAETE
Brigitte GROUWELS
Vincent DE WOLF
Alain DESTEXHE

 

Pour retrouver la proposition dans son intégralité, cliquez ici.
A-298/1 – 2015-2016, Janvier 2016, 6 p.