Question orale sur la création d’un incubateur culturel à Bruxelles

Question orale de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Madame Fadila LAANAN, Ministre-Présidente en charge de la Culture

concernant la création d’un incubateur culturel à Bruxelles

 

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).– Il y a peu de temps, nous apprenions par voie de presse la création d’un nouvel incubateur à Bruxelles dédié aux industries du secteur culturel et créatif.

Porté par les entreprises Creatis, ING et la célèbre plateforme européenne de financement participatif KissKissBankBank, le projet commencera ce mois-ci par un appel à candidatures à l’issue duquel dix à douze entreprises – peu importe leur stade de développement – seront sélectionnées à la mi-février.

Les entreprises qui auront la chance de faire partie du panel pourront s’installer dans les 240m² mis à disposition par l’ING Art Center de la place Royale. Plus novatrice et ambitieuse qu’un simple espace de « coworking », la synergie ainsi créée devrait permettre de déployer en un lieu unique tout le terreau nécessaire à la réussite de projets innovants et à la croissance de ces entreprises.

Concrètement, chaque entrepreneur pourra bénéficier d’un encadrement spécialisé rythmé par des accompagnements personnalisés fournis par des experts, des formations et des ateliers collectifs en tous genres.

Les autres partenaires parties prenantes au projet sont encore inconnus à ce stade.

Ce projet novateur qui fait sens a le mérite de nous remettre quelques chiffres en mémoire : en Région bruxelloise, l’industrie culturelle et créative représente 45.000 emplois et génère plus de 6% du PIB. Pourtant, nous connaissons les sacrifices de ceux qui en sont investis au premier plan et la difficulté de ce secteur à perdurer dans le temps.

Creatis, entreprise d’origine française, a permis la création de 350 emplois rien qu’à Paris et a accompagné plus de 100 entreprises actives dans ce secteur.

De tels projets prometteurs montrent qu’il est nécessaire de décloisonner les secteurs, de repenser les méthodes de travail et de créer des lieux et des espaces dans lesquels tous se rencontrent, discutent et échangent sur leurs idées, potentialités et faisabilités. Nous sommes en train de voir émerger, à Bruxelles, un potentiel et une industrie dont nous ne soupçonnions pas le niveau.

À cet égard, l’accord de majorité stipule que « le Collège participera à l’élaboration par la Région d’une stratégie pour doper les industries culturelles et créatives ». Je souhaiterais savoir si vos services ont eu l’occasion de se joindre au chantier d’élaboration de cette stratégie et, le cas échéant, quels sont les résultats qu’elle a engrangés jusqu’à présent.

Quelle est la position du Collège sur la perspective de tels partenariats ? Si une réflexion est en cours à ce sujet, je souhaiterais avoir sous quelle forme la Commission communautaire française compte s’investir. Est-ce par une mise en réseau, un soutien financier, logistique, etc. ? Menez-vous une réflexion sur l’application éventuelle de ce modèle de fertilisation croisée à d’autres secteurs qui relèvent de la compétence de la Commission communautaire française ? 

Mme Fadila Laanan, ministre-présidente.- Depuis le début de la législature, le Gouvernement a veillé à la mise en place de synergies et de transversalités approfondies, larges et solides. Cette volonté, qui traverse les différentes compétences du Gouvernement francophone bruxellois, est aussi partagée par le Gouvernement régional. D’ailleurs, c’est aussi le cas avec bon nombre de responsables d’autres entités, comme la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Pour ce qui concerne une partie des détails de votre question, je me dois de vous dire que le ministre bruxellois de l’Économie sera plus à même que moi de vous présenter le volet régional qui pèse très lourd dans ce dossier. Cependant, je peux vous dire que nous sommes en contact permanent et que les enjeux liés au développement des industries créatives sont bel et bien au cœur de nos préoccupations.

Ces synergies étaient d’ailleurs au rendez-vous du Gouvernement thématique qui s’est tenu le 6 décembre dernier. Alors que les trois premiers Gouvernements thématiques ont été consacrés à la culture et au sport, à la santé et aux personnes porteuses de handicaps, cette quatrième édition fut en partie consacrée à cette préoccupation.

C’était l’occasion, pour l’ensemble des membres de mon Gouvernement, de faire le point sur les avancées réalisées depuis le début de la législature et de dévoiler les grandes orientations prises pour la suite. Celles-ci portent, entre autres, sur les synergies entre la formation professionnelle et l’ensemble des compétences confiées à la Commission communautaire française, c’est-à-dire :

– la formation des personnes handicapées ;

– les synergies entre les acteurs de l’enseignement et de la formation professionnelle ;

– le rôle des entreprises culturelles comme entreprises formatrices ;

– et la reconnaissance des certifications professionnelles dans la fonction publique.

Donc, même si nous pensons qu’il s’agit d’un dossier d’importance, il m’est difficile de vous en dire davantage tant qu’il ne sera pas plus abouti. Sachez cependant qu’à mes yeux, les liens entre ce projet régional et la culture peuvent apporter beaucoup à Bruxelles, surtout aux jeunes : des jobs d’étudiants, une formation, un emploi, mais aussi une ouverture sur le monde et sur d’autres apprentissages de vie.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, en lançant un appel à projets destiné aux opérateurs culturels, le Gouvernement souhaitait que le monde de la culture soit vecteur de développement économique, mais aussi de formations pour les jeunes et de cohésion sociale.

Concernant l’ouverture à des partenariats, je ne suis pas du tout fermée. Je compte prochainement analyser des opportunités de partenariats à créer avec le secteur de l’économie sociale, par exemple. Cela nous permettra de progresser encore davantage.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Je prends acte de vos réponses à ce stade et j’encourage le Collège à demeurer attentif à ce qui se passe dans le monde de la culture et de la création. On assiste au développement de méthodes de travail et d’organisation toujours plus innovantes. Les pouvoirs publics doivent garder les yeux rivés sur ces évolutions afin de pouvoir jouer pleinement leur rôle et faire en sorte de participer au déploiement et au potentiel qu’offre la culture et la création en Région bruxelloise.

 

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CR n°44 (2016-2017), Janvier 2017 , pp. 25-26