Interpellation concernant le suivi donné par le Gouvernement à la résolution visant à soutenir la candidature de la Région de Bruxelles-Capitale au « Réseau des villes créatives » de l’UNESCO

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Monsieur Guy VANHENGEL, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, en charge des Finances, du Budget, des Relations extérieures et de la Coopération au développement

concernant le suivi donné par le Gouvernement à la résolution visant à soutenir la candidature de la Région de Bruxelles-Capitale au « Réseau des villes créatives » de l’UNESCO.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Au printemps dernier, à la suite d’un processus réunissant divers députés de la majorité et de l’opposition, le parlement a voté une proposition de résolution visant à soutenir la candidature de la Région de Bruxelles-Capitale au Réseau des villes créatives de l’Unesco (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organisation, Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture). Ce réseau lancé en 2004 compte aujourd’hui 116 membres répartis dans pas moins de 54 pays. L’objectif principal de ce projet est de mettre en valeur, d’une part, le rôle moteur de la créativité dans le développement économique, social et culturel de collectivités urbaines, et d’autre part, de favoriser les partenariats de collaboration entre ces dernières.

À Bruxelles, le secteur de l’industrie culturelle et créative est un facteur important pour l’économie, l’innovation et l’image de la Région. Il regroupe environ 4.000 travailleurs représentant 11,5% des employés bruxellois et pèse 12,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 6,3% du total bruxellois. Ce sont autant d’éléments qui justifient pleinement une candidature de Bruxelles à ce réseau.

Le Réseau des villes créatives s’articule autour de sept thématiques distinctes : littérature, cinéma, artisanat et arts populaires, design, arts numériques et gastronomie.

La proposition de résolution portée par la majorité et l’opposition demandait de lancer une étude prospective pour déterminer la thématique de partenariat pour laquelle les retombées positives seraient les plus importantes dans le cadre d’une participation au réseau. Elle demandait également la création d’un comité de pilotage sous l’égide du ministre-président, associant les communes et toutes les forces vives concernées, en ce compris les représentants sectoriels, publics et privés, en vue de définir, rédiger et présenter un dossier de candidature finalisé auprès de l’Unesco.

Enfin, il était prévu que le parlement soit régulièrement informé du suivi de cette proposition de résolution. C’est pourquoi je vous interroge ce matin.

De même, sachant que le gouvernement bruxellois souhaite déposer sa candidature pour faire de notre Région la Capitale européenne de la culture en 2030, une candidature préalable au Réseau des villes créatives pourrait assez logiquement s’inscrire comme une étape vers une ambition plus complexe, coûteuse et lointaine. Le prochain appel du Réseau des villes créatives de l’Unesco est prévu pour 2017.

Le gouvernement a-t-il lancé une étude prospective pour déterminer la thématique d’une candidature au Réseau des villes créatives de l’Unesco ?

Un comité de pilotage est-il en voie de constitution sous l’égide du ministre-président ? Des mesures ont-elles été prises ou le seront-elles sous peu pour contacter les communes et associer les forces vives concernées en vue de définir, rédiger et présenter une candidature auprès de l’Unesco ? 

Une candidature bruxelloise sera-t-elle présentée dans le cadre de l’appel lancé par l’Unesco en 2017 ? Dans le cas contraire, un calendrier en vue de constituer une candidature ultérieure a-t-il été établi ?

Enfin, quelles mesures concrètes ont-elles été ou seront-elles prochainement mises en œuvre par le gouvernement pour répondre au vœu exprimé par une immense majorité de parlementaires bruxellois ?

[Intervention de Monsieur Mohammed Azzouzi]

M. Guy Vanhengel, ministre.- La résolution visant à soutenir la candidature de la Région de Bruxelles-Capitale au Réseau des villes créatives de l’Unesco a été adoptée par le parlement le 10 juin 2016. Il a été demandé à la Direction des relations extérieures (Brussels International) du service public régional de Bruxelles (SPRB) de réaliser une première analyse du réseau.

Brussels International est en effet chargée du suivi régional des organisations multilatérales dont les travaux ont trait aux compétences mixtes, dont l’Unesco fait partie. Brussels International a d’ailleurs déjà réalisé à plusieurs reprises par le passé l’adhésion de notre Région aux réseaux internationaux et en a assuré le suivi général. Deux éléments importants sont ressortis de la première analyse effectuée par Brussels International.

Tout d’abord, il convient d’examiner de plus près si la Région de Bruxelles-Capitale peut adhérer en tant que « région » et si l’adhésion n’est pas limitée aux villes au sens strict du terme. En outre, il est apparu que la participation au réseau demande un investissement important en personnel et en moyens. Pour le management et le point focal, il faut déjà compter deux à trois équivalents temps plein, alors que le budget doit concorder avec la dimension et le potentiel de la ville candidate.

Même si d’autres acteurs bruxellois peuvent se charger de la constitution du dossier de candidature, la direction de Brussels International a fait savoir qu’elle n’était pas en mesure de se charger de la présentation de la candidature et de la coordination de la participation bruxelloise à ce réseau. Je rappelle que cet organisme ne compte qu’une petite cellule.

Le suivi des compétences constitutionnelles et légales prévues, ainsi que le suivi des réseaux généraux des capitales et des régions capitales auxquels notre Région participe, vu leur potentiel d’influence sur le processus décisionnel européen à l’avantage des villes-capitales, demandent déjà l’investissement de tous nos agents et de tous les moyens dont ils disposent.

Dans les contacts avec l’Unesco et les autres villes à l’étranger, par contre, cette même direction peut éventuellement jouer un rôle. Pour ces raisons et sur la base des conclusions de l’administration, j’ai transmis, en décembre dernier, une première analyse au ministre-président, en lui demandant d’examiner si des services ou organismes relevant de ses compétences pouvaient se charger de la candidature de la Région bruxelloise, de sa concrétisation et de son suivi. Je rappelle qu’une telle démarche exige un engagement considérable en personnel et en moyens.

Pour répondre à la question de M. Azzouzi, le pouvoir fédéral n’a pas encore été contacté sur ce dossier.

Mais j’inviterai volontiers le ministre-président à adresser un courrier au Premier ministre pour convier le gouvernement fédéral à participer à une démarche d’adhésion au Réseau de villes créatives, qui pourrait inclure la ville de Bruxelles et toutes les villes potentiellement intéressées, tant au nord qu’au sud.

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Je mentirais en disant que cette réponse me satisfait. D’autant que j’avais préalablement adressé ma question au ministre-président, qui m’avait redirigé vers vous.

Pour diverses raisons, vous faites une analyse peu enthousiaste des services de Brussels International. À la question de savoir si, sur le plan institutionnel, la Région de Bruxelles-Capitale peut adhérer, il suffit de contacter l’Unesco pour avoir une réponse.

À titre personnel, j’ajouterais que, sur les 116 villes qui ont déjà adhéré ou vont le faire prochainement, il ne se trouve pas un modèle institutionnel unique pour l’ensemble. Le contraire serait très étonnant.

Outre votre manque d’enthousiasme et après avoir réalisé un examen relativement sommaire de la situation, il semblerait que les ressources humaines manquent pour accompagner ce dossier qui a donc été renvoyé vers le ministre-président. Excusez-moi du terme, mais on peut parler d’une « patate chaude ». Pour travailler en politique depuis quelques années, j’appelle cela un enterrement de première catégorie.

J’interpellerai à nouveau le ministre-président à ce sujet mais, pour utiliser une expression populaire : « ça sent le sapin » ! 

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CRI COM (2016-2017) n°54, pp. 7-12