Question orale de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à Monsieur Rudy DEMOTTE, Ministre-Président du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en charge des Relations internationales
concernant la participation de la Belgique aux Jeux de la Francophonie
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – Monsieur le Ministre-Président, l’événement d’envergure internationale que sont les Jeux de la Francophonie est organisé tous les quatre ans et rassemble plus de 4 000 jeunes artistes et sportifs issus de pas moins de 84 États, gouvernements et membres observateurs de la Francophonie. Alors que la majeure partie des compétitions sportives internationales a généralement lieu dans les États de l’hémisphère nord, les Jeux de la Francophonie ont la particularité de permettre aux pays «en voie de développement» d’assurer eux aussi, à raison d’une fois sur deux, l’organisation d’une telle manifestation.
Outre la promotion des valeurs partagées par l’ensemble des membres qui composent la Francophonie, ces Jeux contribuent, pour les pays qui les organisent, à améliorer ou rénover leurs infrastructures sportives, voire à en construire de nouvelles dont pourront ensuite bénéficier les citoyens. Triés sur le volet par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), les jeunes sportifs ou artistes qui participent aux Jeux sont de coutume invités à l’ouverture, à la rencontre et à la découverte d’univers totalement inconnus pour la plupart d’entre eux. C’est là le fondement de la richesse de la francophonie.
En réalité, la présélection des candidats a dé- buté dès le mois de juin de l’année dernière via le lancement d’un appel à candidatures. Les critères d’éligibilité concernaient principalement des conditions liées à l’âge, les participants devant avoir entre 18 et 35 ans. Au niveau belge, ce sont les services des Relations internationales des administrations générales de la Culture (AGC) et du Sport (AGS), aidés des fédérations sportives, qui étaient chargés de procéder à la sélection des candidats de nationalité belge. Quant à Wallonie-Bruxelles international (WBI), elle était chargée d’assurer la coordination et l’organisation générale des équipes belges.
Pour l’édition de 2017, cette manifestation culturelle et sportive internationale s’est déroulée à Abidjan, en Côte d’Ivoire, du 21 au 30 juillet. Par ailleurs, l’administration de l’Éducation physique et des Sports (ADEPS), soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles, a aussi participé à cet événement. Outre l’ADEPS, WBI et le département des relations internationales de l’AGC ont largement contribué à encadrer du mieux possible les jeunes participants belges.
Les disciplines sportives dans lesquelles la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est manifestée sont le basketball féminin, l’athlétisme, le handisport et le judo. Pour le volet culturel, l’institution a été représentée par quatorze jeunes qui ont eu l’occasion d’exprimer leur talent dans cinq disciplines: le hip-hop, la chanson, la littérature, la danse et la création numérique.
Quelles étapes les personnes candidates ont-elles dû franchir lors de la procédure de sélection? Que prévoyait l’appel à candidatures géré par l’AGC? Quelle gratification la Fédération a-t-elle prévu d’attribuer aux participants et aux vainqueurs belges des compétitions sportives et culturelles, outre évidemment celle que représente l’importance d’avoir tissé des liens avec des univers qui leur étaient inconnus et d’avoir vécu l’esprit de la Francophonie? Quelles activités la Fédération Wallonie-Bruxelles soutient-elle pour faire connaître ces jeunes talents sur notre propre territoire? Des montants ont-ils été versés par la Fédération Wallonie-Bruxelles aux acteurs qui soutiennent nos jeunes talents sportifs pour l’édition qui vient d’être organisée? À combien s’élèvent-ils? Quels sont ceux qui en ont bénéficié?
Au vu du symbole fort que représente cet événement au sein de la Francophonie et de la renommée que lui reconnaît la scène internationale, des discussions sont-elles en cours au sein de la Fédération et avec ses partenaires pour l’organisation de cette manifestation dans l’une de nos villes francophones, soit pour l’édition de 2029 par exemple?
En effet, en réponse à une précédente interpellation de mai 2016, vous aviez rappelé, Monsieur le Ministre-Président, que la Fédération Wallonie-Bruxelles avait eu l’honneur de présider le Conseil d’orientation du Comité international des Jeux de la Francophonie (CIJF) dès son installation en 2007 à mars 2015. Dans ce cadre, la Fé- dération avait déjà été sollicitée pour accueillir une édition des Jeux après la France et le Canada. En vertu du principe d’alternance entre les pays du Sud et ceux du Nord et partant du principe que le Canada organisera les Jeux de 2021 au Nouveau Brunswick, notre Fédération pourrait parfaitement s’en charger en 2029.
Sachant par ailleurs que les dossiers de candidature sont sélectionnés six ans à l’avance par le CIJF, je souhaiterais connaître l’état de votre ré- flexion quant à la définition des plans d’action et stratégies à élaborer, la mise en avant de nos atouts sportifs et culturels locaux, l’établissement du calendrier et, enfin, la libération des budgets pour l’organisation de cette manifestation chez nous.
M. Rudy Demotte, Ministre-Président. – Nous pouvons nous réjouir du bilan de la 8e édition des Jeux de la Francophonie pour la qualité tant de l’accueil que de l’organisation. Quinze artistes et vingt sportifs de notre Fédération y ont participé et notre délégation a récolté quatre médailles et décroché un grand nombre de places plus qu’honorables.
La sélection des sportifs a été coordonnée par l’administration générale du Sport. Une première séance d’information avec les fédérations concernées avait été organisée dès octobre 2015. Le règlement des Jeux avait été diffusé à cette occasion ainsi qu’une estimation du quota de concurrents qui, en fonction des budgets prévus, pouvait être pris en charge par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Chaque fédération a été invitée à soumettre une sélection de ses représentants sur la base des résultats obtenus. La sélection, validée par l’administration, a été soumise au CIJF pour approbation. Elle avait été volontairement orientée vers les jeunes afin de leur offrir une première expérience de compétition internationale.
Comme dans les autres manifestations sportives, il n’est pas de règle d’accorder une quelconque gratification numéraire. Nous examinerons toutefois les modalités d’une mise à l’honneur symbolique. Plus généralement, notre priorité est de soutenir une stratégie de développement du sport de haut niveau incluant la détection des jeunes talents à travers les plans-programmes octroyés aux fédérations sportives et le projet «Be Gold» mené en partenariat avec le Comité olympique et interfédéral belge (COIB). Je vous renvoie à ce sujet aux exposés du ministre des Sports, M. Madrane.
L’AGC se charge quant à elle de la présélection des artistes. L’appel à candidatures pour les jeux d’Abidjan a été lancé en avril 2016 et largement relayé sur Internet. L’appel à candidatures pour le concours de chanson a été géré par Wallonie-Bruxelles Musique, en coordination avec l’administration. Après vérification de leur recevabilité, les candidatures ont été transmises au CIJF. Elles ont ensuite été examinées lors d’une mission d’un jury international constitué par le Comité, en présence d’un représentant de l’administration générale de la Culture, d’un représentant du service relatif à la discipline concernée et d’un représentant de WBI. La sélection définitive a dès lors été assurée par un jury d’experts culturels réunis par la direction du CIJF.
Comme pour le sport, aucune rémunération n’est octroyée aux participants. En revanche, la valorisation de nos jeunes talents n’est pas négligée. Plusieurs participants aux Jeux de Nice en 2013 ont été programmés dans le cadre d’activités culturelles soutenues par WBI. Par ailleurs, en 2014, la Fédération Wallonie-Bruxelles a soutenu via sa contribution à la coopération multilatérale francophone le programme d’accompagnement des lauréats des Jeux de Nice géré par l’OIF. Nous entendons agir dans le même esprit avec les artistes présents aux jeux d’Abidjan.
Concernant l’accueil des Jeux dans notre pays, nous avions effectivement été approchés durant notre présidence du Comité d’orientation. En vertu du principe d’alternance, une candidature de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’est pas envisageable avant l’édition de 2029. Le dépôt d’une telle candidature implique une réflexion approfondie avec tous partenaires potentiellement impliqués. Dans l’hypothèse où nous serions candidats pour accueillir des Jeux en 2029, le processus devrait être lancé en 2023. Plusieurs étapes doivent alors être franchies. Il faut tout d’abord transmettre aux États et gouvernements, par le biais du CIJF, la documentation nécessaire pour la préparation d’un dossier de candidature au moins un an avant la date de la réunion qui désignera le pays hôte. Le dossier de candidature doit être dé- posé auprès du CIJF au moins huit mois avant cette réunion. Ensuite, une commission d’experts doit être constituée par le CIJF afin de produire et de transmettre à chaque membre du Conseil d’orientation un rapport d’évaluation technique du dossier de candidature au moins trois mois avant la date de la réunion. Enfin, des propositions de candidatures doivent être déposées par le CIJF pour l’approbation du Sommet ou, à défaut, de la Conférence interministérielle de la Francophonie, lors d’une réunion qui doit se tenir au moins cinq ans avant l’année de l’édition concernée. Le dossier de candidature doit quant à lui répondre à différents critères: recevabilité, orientation thématique, motivation et expérience, mobilisation publique et privée, dimensions sportives, culturelles et jeunesse, contexte juridique, formalités douanières, sécurité, choix d’une discipline sportive, culturelle et de développement, organisation d’activités périphériques, infrastructures de sites d’hébergement et de restauration, couverture sanitaire et infrastructures médicales, transport, télé- communications, médias, et j’en passe.
Le budget conventionnel des Jeux est estimé à 10 millions d’euros, hors coûts de rénovation ou de construction d’infrastructures. La répartition est estimée comme suit: 45 % sont payés par l’État hôte, 25 % par des contributeurs volontaires, 10 % grâce aux frais d’inscription et 20 % sont issus des partenariats. En 2015, le budget pour l’accueil d’une édition des Jeux avait été estimé entre 15 et 25 millions d’euros, à répartir le cas échéant sur cinq exercices budgétaires, à partager entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Wallonie, mais aussi la ou les villes ou provinces hôtes.
Il convient également de souligner les exigences des organisateurs pour l’hébergement ainsi que pour les infrastructures sportives et culturelles: mise à disposition d’un site pour l’hébergement d’environ 4 000 personnes, capacité hôtelière pour quelque 1 350 personnes, stades d’athlétisme aux dimensions olympiques, etc. Comme le ministre des Sports l’a déjà indiqué, les exigences du mouvement sportif international pour ces grandes compétitions sont telles qu’il devient très difficile de se lancer dans ce type d’organisation, qui implique des budgets aussi importants.
Actuellement, aucune démarche n’a été effectuée par le CIJF ni par la Fédération Wallonie-Bruxelles dans la perspective de l’accueil d’une édition des Jeux. La question et le débat n’en restent pas moins ouverts.
M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). – Je prends acte du fait qu’il n’y a pas de gratification numéraire, ni pour les sportifs ni pour les personnes nous représentant dans les disciplines culturelles, mais bien une mise à l’honneur des talents.
Monsieur le Ministre-Président, vous nous dites qu’il ne sera pas possible d’accueillir les Jeux de la Francophonie avant 2029 et que le processus ne pourrait être lancé qu’en 2023. Même si nous sommes encore loin de cette date, vous indiquez qu’une éventuelle candidature de notre part est peu probable compte tenu des coûts et des exigences nécessaires pour organiser un tel événement. Je peux évidemment le comprendre. Toutefois, si nous ne présentons pas de candidature pour accueillir un sommet de la Francophonie ou des Jeux de la Francophonie, nous risquons de devenir le parent pauvre de l’OIF pour l’organisation des grands événements. Il faudra que nous fassions un effort, d’une manière ou d’une autre. C’est en tout cas mon souhait.
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CRIc n°1-RI1 (2017-2018), Juillet 2017, pp. 6-8