Interpellation concernant la mise sur pied du projet Mediapark

Interpellation de Monsieur Gaëtan VAN GOIDSENHOVEN, Député, adressée à M. Rudi VERVOORT, Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des Pouvoirs locaux, du Développement territorial, de la Politique de la Ville, des Monuments et Sites, des Affaires étudiantes, du Tourisme, de la Recherche scientifique et de la Propreté publique

concernant la mise sur pied du projet Mediapark

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Vous avez récemment présenté, lors du salon de l’immobilier Realty à Bruxelles, le projet mediapark.brussels, que l’on nomme aussi souvent la Cité des médias. Ce projet situé sur un parc urbain de huit hectares, regroupera entre autres les sièges des deux télévisions publiques nationales, la RTBF et la VRT. On parle également de lieux culturels, de cinémas, de hautes écoles – l’Institut des hautes études des communications sociales (IHECS) ayant manifesté son intérêt – mais aussi de de 2 à 3.000 logements et de commerces.

Les médias seront le cœur de mediapark.brussels, la construction des bâtiments de la VRT et de la RTBF constituant le lancement du projet. À terme, mediapark.brussels devrait attirer 5.000 travailleurs.

Tout cela est bien beau, en tout cas sur papier, et l’année 2030 est déjà annoncée pour la réalisation globale de cet ambitieux projet. Néanmoins, la gestion, le calendrier et la faisabilité de ce projet qui s’étale sur 14 ans suscitent de nombreuses questions.

En effet, la première échéance faisait état de 2024. Nous nous retrouvons face à une prolongation de près de six ans, ce qui est significatif. D’ici là, les besoins des habitants et des entreprises peuvent radicalement évoluer. Aussi, Monsieur le ministre-président, je souhaiterais obtenir des précisions sur la gestion, le calendrier et la faisabilité de ce projet. Comment expliquez-vous ce retard de six ans ?

En termes de budget, avez-vous procédé à une estimation des coûts liés à ce projet ? A-t-on une idée du montant global que pourrait représenter ce dossier ? A-t-on d’ores et déjà des pistes concrètes en matière d’investisseurs désireux de s’engager dans ce projet ? Quelles sont les études qui ont été effectuées pour la concrétisation de mediapark.brussels ? Pouvez-vous nous en communiquer les résultats ?

En matière de mobilité, l’installation de cette cité dans le quartier aura un impact non négligeable, d’autant que nous sommes à proximité de lieux sensibles : je pense ici à la place Meiser ou encore à la fin de l’autoroute E40 située tout près. Quelle est l’approche que vous privilégiez en la matière, afin d’assurer, dans ce quartier, une harmonie entre résidents, employés fréquentant les lieux, mais également les étudiants, puisque la présence d’une haute école, l’IHECS, est évoquée ? Comment toutes ces personnes, aux heures de pointe, côtoieront-elles les nombreux automobilistes ?

Un renforcement des transports en commun est-il prévu dans ce quartier ? Il y a actuellement la station de prémétro Diamant, mais elle ne semble pas suffisante pour répondre de manière optimale à l’émergence d’un futur nouveau quartier d’ampleur, qui aura des besoins très spécifiques.

[Intervention de M. Emin Ozkara]

[Intervention de M. Arnaud Verstraete]

[Intervention de Mme Julie de Groote]

[Intervention de Mme Cieltje Van Achter]

[Intervention de M. Bernard Clerfayt]

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Effectivement, lors de la présentation au salon Realty, nous avons eu l’occasion de visualiser les projets architecturaux portés par les deux opérateurs audiovisuels publics, la VRT et la RTBF. L’enjeu de base de la faisabilité du projet était d’ailleurs leur maintien sur le site, puisque c’est ce qui donne son sens au concept de cité des médias. Le président de l’IHECS a également confirmé la candidature de l’établissement à une implantation sur le site. De notre côté, nous avons envoyé un courrier à l’ensemble des écoles supérieures audiovisuelles. S’il n’y a pas encore d’engagement ferme d’autres instituts, les choses sont en bonne voie et je ne doute pas qu’elles se feront, car avec le maintien des deux opérateurs sur le site et les bâtiments de RTL à 200m, avec toutes les sociétés de production, ce pôle audiovisuel historique sera encore plus incontournable au niveau régional. S’y ajoutera une dimension de nouveau quartier avec des habitants, des espaces verts, etc.

Lorsqu’on évoque l’horizon 2030, il peut effectivement nous sembler fort lointain mais, comme ceux qui le vivent quotidiennement dans leur commune le savent bien, pour finaliser des projets urbanistiques d’une telle ampleur, dix ans, ce n’est rien. Ils ne sortent pas de terre comme des champignons après la pluie. La nécessité d’une stabilisation financière et toute une série d’autres considérations font que, dans le type de pays où nous vivons, cela prend du temps, à la différence d’autres pays où les processus peuvent être différents.

Les études financières sont menées parallèlement à l’élaboration du projet urbain et à l’étude de ses incidences sur l’environnement, dans une logique d’allers-retours permanents entre la conception et la faisabilité du projet. L’économie générale du projet constitue évidemment l’un des enjeux majeurs. Les opérateurs audiovisuels – RTBF et VRT – se financent grâce à la mobilisation du foncier. C’était l’une des contraintes portées par les deux Communautés : il s’agit d’assurer un impact neutre sur la dette des deux niveaux de pouvoir.

Les deux opérateurs ont finalisé la discussion générale sur le prix du foncier.

La maîtrise d’ouvrage partenariale composée de la Région, de la commune de Schaerbeek et des deux télévisions a lancé deux missions d’études en parallèle :

– une mission de conception pour le masterplan du projet urbain, confiée à une équipe pluridisciplinaire menée par l’agence François Leclercq ;

– une mission d’assistance en matière de conduite de projet et de montage juridique et financier, confiée à une équipe pluridisciplinaire, dite « expert team », menée par la société Egis conseil.

La mission de l’expert team recouvre bien évidemment la mise au point des bilans financiers de l’opération et des solutions de montage opérationnel pour mener à bien ce projet. Ce sera un des éléments clefs de l’économie générale du projet.

Néanmoins, à ce stade des études, il est prématuré de s’avancer sur ces budgets. Beaucoup d’éléments doivent encore être précisés concernant notamment la programmation, les infrastructures publiques, et le montage opérationnel pour pouvoir avancer des chiffres exacts.

Plusieurs acteurs médias s’intéressent d’ores et déjà au projet. Il est trop tôt pour avoir des accords ou des signatures, mais en ce qui concerne l’IHECS, je n’ai aucun doute sur l’attractivité de ce nouveau quartier.

Dans le cadre des études financières qui ont été menées jusqu’à présent, il a été demandé à l’expert team de consulter les opérateurs immobiliers afin de recueillir un premier avis sur la faisabilité commerciale du projet. Les avis ainsi recueillis ont donné un signal plutôt positif quant à l’intérêt des opérateurs immobiliers pour le projet.

Il faut examiner la situation de manière plus large, sur l’ensemble du site. Les opérateurs immobiliers manifestent un grand intérêt pour mobiliser des terrains au quartier Colonel Bourg. Je pense qu’il faudra surtout canaliser les demandes qui seront introduites.

La rue Colonel Bourg, qui était un peu en déclin ces dernières années, connaît maintenant un frémissement certain. Les bureaux qui se trouvaient le long de l’autoroute étaient dépassés et leur coup de grâce a été la desserte en transports en commun insuffisante pour pouvoir maintenir ce type d’activités dans ce quartier.

Ce quartier sera porteur d’autres projets. Le projet Parkway-E40, par exemple, permettra de donner un aspect plus urbain à cette entrée de ville. La phase test se fera en situation réelle, cela n’aurait pas de sens de la mettre en place en été. Et elle sera évidemment soumise à la Région flamande.

Nous constatons que les problèmes de circulation ne se posent pas spécialement à cet endroit-là. Cela roule toujours correctement le matin. Les engorgements se situent soit en amont, soit en aval.

Les problèmes se posent soit du côté de Louvain, avec toujours les mêmes embouteillages, ou plus loin, dans les tunnels, du côté de Schuman ou dans la rue de la Loi. Il y a une sur-dimension et on pense que le fait de diminuer le nombre de bandes ne changera rien à la situation actuelle. La phase test a donc pour but de valider cela dans le réel. 

[Discussions]

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Oui, bien sûr. Vous parliez des travaux, je parle de la situation générale.

Pour le boulevard urbain Reyers, nous avions initialement prévu une intervention en deux phases. Ce choix a été bousculé par le renoncement au tunnel Meiser. L’option privilégiée par Bruxelles Mobilité consiste à passer directement à la phase définitive, plutôt qu’intervenir en deux temps.

Nous mettons tout en œuvre pour soumettre à enquête publique une première version du plan directeur en 2017. Il comprendra également un volet réglementaire et un rapport d’incidences sur l’environnement (RIE). Pour le Plan particulier d’affectation du sol (PPAS), la nouvelle mouture du schéma directeur permettra de régler la question. Dans le cadre de la modification du Code bruxellois d’aménagement du territoire (Cobat), en effet, un volet réglementaire sera intégré au schéma directeur, ce qui évitera de recourir au PPAS.

La mobilité constituera un défi majeur sur ce site, mais tel sera le cas pour l’ensemble des nouveaux quartiers.

Cela va de soi que cela nécessitera une nouvelle approche de l’offre, notamment de transports en commun. Nous avons déjà abordé la question du Parkway. Les options à mettre en œuvre font l’objet d’études en cours et sont en voie d’être objectivées. Il est donc un peu prématuré que j’approfondisse ici ces questions.

La philosophie est d’aller vers les modes actifs de mobilité. C’est aussi de cette façon que sera pensée l’architecture globale du projet : l’ouverture du site RTBF-VRT avec la création d’un grand parc public traversant permettra par exemple de désenclaver les quartiers qui l’entourent. Pour le moment, c’est un bloc qui sépare Evere et Schaerbeek. L’objectif est d’ouvrir le passage aux modes actifs.

L’ensemble des mesures d’amélioration de la mobilité dans la zone seront également soumises à études d’incidences puis à enquête publique.

Le parc de 20 hectares a été évoqué. Il s’agit d’une occasion extraordinaire de se réapproprier un espace vert. L’approche de la RTBF et de la VRT comprend pour chaque projet une dimension publique de l’espace environnant, en créant une espèce d’agora où des activités en lien avec les médias pourront être organisées. Ces projets sont extrêmement séduisants et nous souhaitons poursuivre dans le même esprit.

Concernant la concertation, un site internet a été mis en ligne, et des réunions publiques ont été organisées sur le site. Ces opérations vont être poursuivies avec un accompagnement. Mais il ne sert à rien d’organiser une réunion s’il n’y a rien à présenter. Il faut venir avec quelque chose de concret. Pour que ce projet soit réussi, il faut que la population soit invitée à chaque étape importante et qu’en dehors des processus légaux une concertation soit mise en œuvre.

Le programme actuel prévoit 50% de logement, dont 15% de logement public. Mais nous n’avons pas encore déterminé les types précis ni qui fera quoi. Nous réfléchissons plutôt pour l’instant aux masses. 

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- Le ministre-président laisse planer un certain nombre de questions dont il ne peut encore, entre autres, dévoiler les détails budgétaires. Je comprends qu’on ne puisse disposer aujourd’hui de toutes les informations, mais cela nous imposera de revenir sur ces points.

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Même si vous aviez les chiffres…

M. Gaëtan Van Goidsenhoven (MR).- On a parfois l’impression de se répéter, mais il est utile de pouvoir suivre les étapes de ce qu’on peut dire ou non.

Vous disiez que l’étude de faisabilité commerciale dégageait un signal « plutôt positif », mais qu’est-ce à dire ? L’expression suggère un certain nombre de réserves sur lesquelles j’aimerais vous entendre.

En ce qui concerne les transports en commun, vous dites que les options sont en voie de finalisation. Pouvez-vous nous donner une échéance à partir de laquelle elles pourront nous être présentées ? C’est un élément extrêmement important pour une réalisation correcte du projet. À Bruxelles, la tendance est souvent de réfléchir aux besoins de mobilité et de transports en commun une fois que les projets urbains commencent à se concrétiser.

Il est important que, dès l’entame de l’élaboration des projets, la trame des besoins en termes de mobilité et de transports en commun puisse être précisée. À cet égard, pouvez-vous nous annoncer une échéance ?

Par ailleurs, vous nous dites que 2030 est à la fois lointain et proche et qu’il faut du temps pour mener de tels projets urbanistiques. Je puis vous entendre à cet égard. Néanmoins, j’ai une petite inquiétude quant aux besoins des entreprises. L’on sait que le monde des entreprises vit à un rythme évolutif extrêmement élevé. Ne faut-il pas craindre que les besoins identifiés aujourd’hui risquent d’évoluer radicalement d’ici à 2030 et que nous nous trouvions confrontés à un projet présentant quelques obsolescences lors de son achèvement ? 

M. Rudi Vervoort, ministre-président.- Je peux vous dire que le schéma directeur, qui est évidemment une étape importante, sera définitivement clos à la fin décembre de cette année. 

 

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BIQ 124 (2015-2016), Mai 2016, pp. 12-25